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Citations sur Le Grand Marin (211)

A bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a sa place. Elle part. C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage au milieu du monde d’hommes. Elle partage leur vie. Elle devient leur camarade. Traîne dans les bars. En attendant de rembarquer. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin…
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Il y a une cadence et un rythme intangibles dans le ballet obscur et silencieux, presque fluide.
Car les hommes dansent sur ce pont battu par les vagues. Chacun connait sa place et son rôle.
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Je pensais aux hommes qui travaillaient à cette heure, à Jude, Jesus, Dave et Luis, Simon, le grand gars maigre... Et aux autres, qui travaillaient encore et toujours. Ils étaient vivants, eux, et le sentaient à chaque instant. Ils étaient dans la vie magnifique, luttant au corps à corps avec l'épuisement, avec leur propre fatigue et la violence de l'au dehors. Et ils résistaient, ils dépassaient leur peine jusqu'à ce que vienne l'heure très lente où l'on avance dans le ciel obscur vers le repos peut-être enfin pour certains - mais qui était peine encore, pour celui qui avait pris son quart, lutte encore, contre le sommeil, les yeux qui se ferment, les demi-rêves qui emplissent l'espace étroit de la timonerie, celui qui était seul, à porter la vie de tous les corps abandonnés à bord, seul à seul avec l'océan et ses humeurs, face au ciel et aux oiseaux fous tournant dans le halo blanc de la proue, porté par le rugissement des moteurs, le roulement incessant de la vague et le conscience de tous ceux qui dorment dans le monde à cette heure. Comme s'il était l'unique éveillé de l'univers entier, vigile qui ne doit pas faiblir, ses amours terriennes devenues des galets brûlants qu'il caresse en lui et qui brillent dans la nuit.

Ils étaient dans la vraie vie. Et moi, au port, en rade, dans ce rien quotidien ponctué de règles, le jour, la nuit, divisés. Le temps captif, les heures morcelées en un ordre fixe. Manger, dormir, se laver. Travailler. Et comment s'habiller et pour avoir l'air de quoi...
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Nature is the best nurse. Ce qu'ils ont retrouvé ici, en pêchant, le désir de vivre, brutal, le vrai combat avec la nature vraie...rien ni personne n'aurait pu le leur rendre. Nulle part ailleurs sans doute.
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Une fois de plus je plonge mon couteau dans les ventres blancs. La chair lisse et tendue résiste un instant, puis cède. La lame s'enfonce d'un coup - le sang jaillit dans un éclair et inonde la table. Il coule sur le pont en rigoles écarlates. Nous sommes les tueurs des mers, les mercenaires de l'océan et nous en portons la couleur. Visage et cheveux poisseux de sang, je tranche la chair pâle.
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« Je voudrais qu’un bateau m’adopte. » (p. 11)
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[...] Mais je serai debout ? Je serai vivante ?
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- Qu'est-ce qui t'a fait venir ici?
- Je sais pas, je suis partie. Je me disais que ce serait propre sur l'océan... Peut-être que je voulais aller me battre pour quelque chose de puissant et beau, risquer de perdre la vie mais au moins la trouver avant... Et puis je rêvais d'aller au bout du monde, trouver sa limite, là où ça s'arrête.
- Et après?
- Après, quand je suis au bout, je saute. Et après, je m'envole.
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« Il faudrait toujours être en route pour l’Alaska. Mais y arriver à quoi bon. J’ai fait mon sac. C’est la nuit. Un jour je quitte Manosque-les-plateaux, Manosque-les-couteaux, c’est février, les bars ne désemplissent pas, la fumée et la bière, je pars, le bout du monde, sur la Grande Bleue, vers le cristal et le péril, je pars. Je ne veux plus mourir d’ennui, de bière, d’une balle perdue. De malheur. Je pars. Tu es folle. Ils se moquent. Ils se moquent toujours - toute seule sur des bateaux avec des hordes d’hommes, tu es folle… Ils rient.

Riez. Riez. Buvez. Défoncez-vous. Mourez si vous voulez. Pas moi. Je pars pêcher en Alaska. Salut.

Je suis partie.

Je vais traverser le grand pays. À New York, j’ai envie de pleurer. Je pleure dans mon café au lait, puis je sors. Il est très tôt encore. Je marche le long de grandes avenues, désertes. Le ciel est très beau, très clair entre les tours qui s’élèvent comme des folles, l’air est cru. Des petits stands-caravane vendent du café et des gâteaux. Assis sur un banc, en face d’un building qui miroite enflammé par le soleil levant, je bois le grand café insipide avec un muffin énorme, petite éponge douceâtre. Et doucement la joie revient, une légèreté diffuse dans les jambes, le désir de se relever, la curiosité d’aller voir, au coin de la rue, et puis derrière jusqu’au suivant… Et je me lève et je marche, la ville s’éveille, les gens paraissent, le vertige commence. Je m’enfonce dans le vertige jusqu’à l’épuisement ».
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Nous travaillerons ensemble dans le froid, le vent et le souffre éperdue des vagues, moi entre ces deux hommes, le grand gars maigre - et Jude, l'homme-lion, le grand marin que je regarderai exister et pêcher sans jamais me mettre sur son chemin surtout, sans jamais désirer plus que ces silences ensemble, quelquefois, face à l'océan qui avance.
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