Rosalinde travaille comme saisonnière. Que fait cette femme parmi les rudes ouvriers, tous des hommes ? « Pourquoi tu es là Rosalinde, à bosser avec nous ? (…) Toi tu es française. Tu pourrais trouver bien mieux. » Pourtant, malgré la rudesse des conditions : un labeur harassant, sept jours sur sept, tôt levée, tard couchée dans un précaire abri de fortune, une paie de misère, Rosalinde déterre les asperges, cueille les fraises, les olives, les abricots, récolte les fleurs de tilleul ou de lavande. Tous les mâles la convoitent, elle, elle veut choisir. Elle est libre et sauvage. Un luxe que ce monde viril ne lui pardonne pas.
Ce livre, on m'en a tellement chanté les louanges que je me suis empressée de l'acheter. Mal m'en a pris. Pas d'histoire. Impossible de résumer (peut-être suis-je devenue idiote et n'ai-je rien compris?)
Catherine Poulain se focalise sur deux femmes. Rosalinde, la fille aux cheveux rouges, petite, maigre, l'air fragile, mais indépendante et volontaire. Les hommes lui tournent autour et elle les repousse. Parfois, elle en accepte un, pour quelques nuits seulement. Pas question, pour elle, d'attache . Pas question qu'ils s'imaginent avoir des droits ou du pouvoir sur elle.
L'autre, c'est Mounia, « plus blanche que blanche quand c'était l'hiver » et presque noire en été. Son rêve : pouvoir partir pour Gibraltar.
Toutes deux font partie de ces saisonniers qu'on embauche au jour le jour pour ramasser les fruits ou vendanger. La tâche est dure, ingrate, le salaire maigre. Les patrons rognent la paie : on décompte les trajets, les pauses, la nourriture. Parfois, il faut se battre pour faire sa journée. Dans le camion, trop de monde. Il faut que les surnuméraires en descendent. Personne n'est volontaire, bien sûr. Personne ne se plaint pourtant. Les travailleurs viennent d'un peu partout, sont regardés d'un mauvais oeil par les habitants. La plupart sont sans papiers.
En quatrième de couverture, une courte biographie de l'auteur précise qu'elle « a été ouvrière agricole en France et à l'étranger. » Je suppose donc que son roman se nourrit de son expérience.
L'écriture est belle : « Transparence de l'été... cerises et carambars (…) Au loin un coq ne cesse d'appeler, on entend le premier grillon, le sanglot d'une tourterelle, le son de la source en contrebas... »
Tantôt la vision est extérieure, tantôt, l'auteur cède la parole à Mounia. Toute une atmosphère se crée. La chaleur extrême assomme et cuit les travailleurs, le froid les gèle, la terre grasse leur colle au corps, ils vivent dans des conditions pénibles et n'ont pas toujours un endroit où s'abriter. Parfois le patron leur cède une grange, un cabanon en ruine. « J'ai rejointé quelques pierres de l'âtre qui s'effondrait, récupéré une paillasse qui partait aux poubelles, acheté un camping-gaz. » Il faut se méfier des propriétaires qui se croient autorisés à prélever un droit de cuissage, de ceux qui laissent traîner leurs mains, qui tentent de coincer les filles dans un coin, un escalier. Des intrus s'introduisent dans le vieux camion de Rosalinde et le vandalisent, volent ou brisent ses maigres possessions, mettent le feu au véhicule. le soir, fourbus, ces damnés de la terre tentent d'oublier leurs misères dans l'alcool ou la drogue.
L'auteur dénonce les conditions dans lesquelles vivent ces gens qu'on traite comme des esclaves. Elle met en scène le feu qui dévaste la région, détruit les forêts, menace les plantations et le travail qu'elles procurent.
Elle raconte la manière dont le hommes traitent les femmes, les considèrent comme des choses qui leur appartiennent et doivent se soumettre à leurs désirs. Ils les insultent, les frappent, les font boire pour mieux les plier à leurs volontés.
Une foule de personnages apparaissent et disparaissent, de sorte qu'il est impossible de les retenir. Certains sont nommés : Delaroche, Thomas, Césario, Acacio. D'autres n'ont qu'un surnom : le Parisien, le Gitan, Paupières de plomb.
Je comprends que ce livre plaise, mais pas à moi. J'ai dû m'accrocher pour le terminer. Malgré les couleurs du Midi, les parfums des fruits et des fleurs, l'ambiance est noire et désespérée. Il n'y a pas une seule note d'espoir. J'ai trouvé qu'il y avait des longueurs et, plus d'une fois, j'avais la désagréable impression d'oublier au fur et à mesure ce que je venais de lire. Je me suis ennuyée souvent. Ce n'était vraisemblablement pas une lecture pour moi.
De temps en temps, Catherine Poulain cite les paroles d'une chanson, d'un poème. Aussi, lorsqu'elle écrit : « fils de bourgeois ou fils de rien », j'aurais aimé qu'elle utilise des guillemets et restitue la paternité de cet emprunt à Jacques Brel ! (Je n'aime pas que des auteurs, mine de rien, s'attribuent des phrases qui ne sont pas les leurs!)
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Ecriture trop fouillis, rythme trop lent, narration répétitive . Je suis un peu déçue après le sublime "Grand marin".
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Vraiment difficile d'aller au bout de ce livre racontant la pauvre vie des saisonniers passant des abricots à la lavande, aux raisins, aux vendanges, puis aux olives.
Tout n'est que déchéance sur fond d'ivrognerie.
Le mal être les habitent. La boisson, voire la drogue les poursuit.
Si je ne doutais pas trop de cette pauvre réalité, je m’attendais pourtant à un roman plus positif, avec plus de lueurs.
Bref, je me suis fait abuser par l'hommage rendu au livre dans La Grande Librairie.
Je suis allé au bout en lisant en diagonale les dernières pages pour y repérer un peu d'espoir - que je n'ai pas trouvé.
Pourtant l'auteure en à sûrement, mais elle a sans doute voulu laisser un mémoire réaliste de la situation.
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