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3,05

sur 173 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rosalinde est cueilleuse saisonnière. Elle n'est pas belle et pourtant elle attire tous les regards des hommes. Des hommes, elle n'en veut pas ou alors juste un soir. Elle tient à sa liberté.
Ses refus, sa fierté, son arrogance dans le rejet des convoitises qu'elle suscite éveille des rancoeurs.
Mounia, cueilleuse elle aussi est attirée par Rosa. Aussi brune et solaire que Rosa est rousse et sombre, elle ne voit pas le drame se profiler.
Catherine Poulain fait donc le récit de ces laissés pour compte, de ces marginaux qui cueillent pour quelque argent, sous un soleil de plomb ou dans un froid glacial, les fruits de nos étals, avec pour réconfort l'alcool, beaucoup d'alcool, la drogue, le sexe… la violence, celle des villageois mais aussi et surtout celle de leur communauté.
De communauté d'ailleurs il n'y en a pas. Ces gens vont, viennent, disparaissent au gré des saisons, des cueillettes, de leurs galères.
Une nature sublime, celle de la Provence parfaitement décrite, une nature humaine entre ordure et perdition, une fois encore Catherine Poulain m'a convaincue.
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Un récit dérangeant dont la teneur et la forme m'ont fait passer par divers sentiments : longueur, confusion, intérêt, agacement, compassion…….
Catherine Poulain fut une de ces saisonniers dont elle nous relate l'histoire avec passion.
« C'est la fête des saisonniers, les purs, les durs, les crados et les rebelles, français espagnols portugais, hollandais anglais ou belges…. Fils de paysans, d'ouvriers, fils de bourgeois ou fils de rien, enfants de la route ou de l'errance. »
Histoire romancée, bien certainement, mais écrite avec son expérience et ses souvenirs.
Il ya les saisonniers d'un été et puis les saisonniers professionnels qui reviennent d'année en année au même endroit et forment une communauté plus ou moins bien intégrée à la population.
Il ya toutes sortes d'individus.
Des pessimistes, des optimistes, des paumés, des étrangers……..
Tous plus ou moins shootés ou alcooliques, se retrouvant chaque soir dans les bars pour éponger leur chaude journée de labeur.
« Tout ça m'a traversé comme une vérité alors que je lançais un fruit difforme dans la caisse à mes pieds ? C'était moi que je jetais. C'était nous. Nous qui finirions dans des cabanons pourris, qui mourrions dans le feu de l'été ou la solitude de l'hiver, dans le travail et dans l'alcool. Ceux dont on ne veut pas dans les douches du camping, des fois qu'on contaminerait le site ou que ça fasse trop mauvais effet pour les touristes, que l'on renvoie au lavoir, crade, avec des boites de Née-Codion défoncées, les canettes vides et les bouteilles de margnat-village éclatées, c'est vrai qu'ils peuvent nous traiter de drogués et d'alcoolos les gens du village quand on voit comment y en a qui laissent le lavoir, oh je sais plus tiens, qui a tort qui a raison, et est-ce que ce n'est pas juste un malentendu - en attendant on est le rebut. »
Il y a amitiés, des tensions, de la violence…..
Le récit est mené par deux personnages principaux.
Rosalinde, jeune femme allemande dont on parle à la troisième personne.
Mouna, jeune algérienne qui parle à la première personne
C'est un roman violent où la poésie côtoie le désespoir, d'une plume précise se incisive comme l'est la nature, comme le sont les hommes.
L'écriture en elle-même retranscrit l'ambiance.
La longueur, la lenteur, la confusion, la douceur, la répétition, la violence…… sont représentés dans un style compact, cadencé, qui tourne en rond comme l'espoir et le désespoir de tous ces saisonniers.
Même si la lecture peut parfois sembler longue, difficile, embrouillée, interminable…. je suis impressionnée par la majesté de l'écriture.
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Ils débarquent au village comme un peuple de l'ombre qui cherche de la lumière. Toute une horde de pue-des-pieds, de boit-sans-soif, de crève-la-faim, les saisonniers c'est sale, ça pue, ça se drogue, ça picole sans arrêt, ils vivent dans des cabanons pourris sans eau ni électricité, dans le feu de l'été ou la solitude de l'hiver, dans le travail et dans l'alcool.
Ils s'appellent Acacio, Thomas, Césario, le Parisien, Delaroche, le Gitan, Paupières de plomb, Yolande, Abdelman et Mounia l'impatiente, la fille de harki, qui cherche sa terre, elle court sous le soleil et rêve de l'amour de Rosalinde.
Rosalinde la femme aux cheveux de feu, elle a le coeur blanc, le coeur pur, elle est allemande. Elle est maigre parce qu'elle travaille trop dur, la terre grasse et collante, le front baissé sur la butte pour extirper les asperges de l'argile trop compacte. « Le poids dans son ventre est parti, ses seins sont tout petits à nouveau, reste comme un grand vide. Un petit têtard qui a préféré mourir avant même de naître. » Les hommes la suivent des yeux quand elle passe, elle a peur de son propre corps, du feu qui est en elle, du désir des hommes. Les hommes c'est comme une meute de loups, ne jamais tomber sinon ils vous sautent à la gorge.
Les saisons se suivent les récoltes aussi, les asperges, puis le tilleul, les olives, les fruits et les vendanges, planter les lavandes, le travail, et encore le travail et encore les bars et encore les hommes.
Après « le grand marin » un roman d'apprentissage et d'aventures qui m'avait envoûte, j'attendais avec impatience le nouveau roman de Catherine Poulain. Quel plaisir de retrouver sa plume précise qui sait si bien évoquer les émotions. Cette fois-ci, l'auteur nous embarque dans l'univers précaire des ouvriers agricoles saisonniers qui suivent le cycle naturel des fruits et des légumes. Ils sont portugais, marocains, algériens. Ces solitaires errent au rythme des saisons et des récoltes, de travail en travail, de bar en bar, de bière en bière. Les mots sont d'une rare beauté dans ce roman charnel, où la terre est aussi dure que le coeur des hommes. Des hommes et des femmes dont l'âme et le corps sont épuisés, par la solitude, l'alcool et la dureté du travail quotidien.
Catherine Poulain met en lumière ces moins que rien qui essayent de survivre dans un roman puissant où la poésie côtoie la sauvagerie des hommes.

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J'avais déjà beaucoup aimé le premier livre de Catherine Poulain, "Le grand marin".
Avec ce deuxième ouvrage que je découvre avec retard par rapport à sa sortie, c'est encore plus fort et bien différent de son premier livre. On y suit des travailleurs saisonniers déracinés, au fil des saisons entre éphémère et réalité. L'auteure nous parle de la terre, des hommes et des femmes, de leurs souffrances, de leurs espoirs et désillusions.
Il faut réellement aimé la terre pour la décrire et en parler ainsi. J'ai trouvé aussi que l'écriture est magnifique ce qui ne m'avait pas interpellé à ce point dans le premier livre.
Aurons-nous le plaisir de découvrir un autre roman tout aussi foisonnant prochainement ? Lors d'une interview, il me semble qu'elle était bergère dans les Pyrénées mais depuis le silence semble régner !
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Comme dans son précédent roman, le « grand marin », C. POULAIN raconte avec sensibilité et justesse des existences marginales, qui décrivent des trajectoires brèves et tangentes. Telles des étoiles filantes anonymes au ciel d'une société opaque qu'elles ne peuvent pénétrer. Cette fois-ci l'auteur dépeint les vies solitaires de saisonniers agricoles, autant d'antihéros dont les destins contraints se confondent dans un même exil. Une errance inexorable car aucuns liens -du sang ou de la terre- ne les a jamais enracinés, ou alors rattachés à un idéal de vie. Ils sont libres, délestés de toutes attentes ou perspectives, entièrement présents à l'instant. Seule compte la saison qu'ils vivent, le souffle chaud de l'été qui les enveloppe ou le froid hivernal qui mord leurs mains rêches. Seule cette saison puisque celle d'après est nébuleuse, confinée dans un lointain qui ne leur appartient pas encore. Pour eux le temps ne représente qu'une autre dimension à l'espace, et la durée qu'une vague distance entre deux points fixes. Élastique, le temps se modèle sous leurs mains calleuses : mince quand ils ramassent sans relâche les fruits charnus et infini lorsqu'ils étreignent leurs verres pleins les soirs de beuverie.
Le personnage de Rosa est l'expression absolue de ces existences de travailleurs saisonniers. Elle est insaisissable et solitaire, dotée d'une force de vivre en même temps rageuse et désespérée. Rosa est à la fois le feu, chevelure incandescente abandonnée au vent, et le frisson propre à ces beautés impassibles venues du Nord. L'un ou l'autre, jamais les deux, comme si l'alternance était la seule condition existentielle possible. le moindre geste vibrant sur cette cadence binaire : la passion ou la haine, l'espoir ou l'abandon, le rire ou la peine. Une oscillation perpétuelle finalement à l'image des saisons qui se succèdent, toutes provisoires et distinctes.
Mais au-delà, ce roman nous porte une réflexion plus universelle. Sur l'essence de la solitude qui abîme une jeune génération, par avance condamnée à errer. de ces êtres invisibles dont on discerne parfois les silhouettes dans le halo du soleil sans réellement les voir.
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Le coeur blanc, de Catherine Poulain

Rosalinde est saisonnière. Cueillir les asperges, les fraises, les melons, puis le tilleul, le raisin. Et les pommes de terre, les olives et les oranges.
Brûler au soleil du midi ou geler dans les hauteurs à l'entrée de l'hiver.
N'avoir ni maison, ni repère. Faire confiance à un inconnu pour nous emmener d'un point à un autre, nous héberger, nous donner du travail, une protection.
Certains visages sont familiers, croisés d'une année sur l'autre au fil des saisons.
Il y a l'isolement, l'épuisement, la violence, les abus et boire et boire encore pour se réchauffer, supporter ou oublier.

Ce livre est glaçant. L'espoir est une illusion.
Les saisonniers sont exploités, maltraités.
Et maintenant, je sais.
Mes salades de saison n'auront plus jamais le même goût.

J'ai lu ce livre dans le cadre du festival du 2 ème roman de Grignan.

Cet avis fait tristement écho à la dernière publication de @rakidd

#editionsdelolivier
#catherinepoulain
#lecoeurblanc
#saisonnier #maltraitance
#honte #grignan

#CaVaMieuxEnLeLisant
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Oh Ginger
La montagne vacille
Oh Ginger
Allons-nous-en d'ici
Cours enfin
Cours, allez, vas-y […]
Ginger – Feu ! Chatterton



Rosalinde, Mounia, le Parisien, Thomas, Paupières de Plomb, le Gitan, Acacio, Césario… Des noms frappés comme des coups sur la peau tannée des ouvriers agricoles dans les champs de Provence.

Rosalinde, Rosa, le coeur blanc qu'aucune tâche ne souille.
Rosalinde, brebis égarée dans la troupe transhumante et compacte des saisonniers, Rosalinde aux cheveux roux et à la peau si pâle, libre de ses désirs, libre de dire non, parfois. Libre de ne pas voir ce que son sillage allume dans les yeux des mâles de la meute regroupés le soir dans les cafés comme des estives saoules, libre de s'esquiver quand son corps pourtant si menu enflamme les coeurs usés et ivres, libre de céder aux caresses de l'eau, aux assauts des orages d'été, aux frémissements des feuilles.
Cette liberté, si chère, tous ce peuple nomade, la revendique. Et en paye le prix.
Celui, de l'alcool ou de la drogue, que leurs maigres salaires engloutit.
Celui de la dignité, qui les parque à la lisière des villages qui les emploient, marginaux sur les terres fertiles dont ils ne goûtent que les fruits déclassés.
Tous rêvent d'évasion, de cet « ailleurs » qui les affranchira, ils en sont persuadés, de cet esclavagisme nomade.
Mounia, comme Rosalinde et comme tous les autres, poursuit sa quête, dans le troupeau désassorti des déracinés.
Mounia la brune, rebaptisée Moon, Mounia gorgée de soleil, lumineuse, flamboyante, croit encore en une possible émancipation de l'autre côté de la mer - transhumance : de trans (de l'autre côté) et humus (la terre, le pays) -, au-delà des montagnes aux parois rugueuses, par-dessus les ravins et les stigmates qui saignent la nature aride autant que généreuse.
« le coeur blanc » raconte les histoires de Rosalinde, de Mounia, de tout ceux que la société mal-nourrit et enivre, de cette fuite sur les drailles trop balisées qui font prendre la précarité pour la liberté, et la fin de la cueillette pour un eldorado.
« le coeur blanc » c'est celui qui bat dans chaque pierre des chemins foulés par cette troupe hétéroclite, sous le joug de nouveaux Panurge, de champs de lavandes en cueillettes d'abricots, promis à un destin beaucoup moins lumineux que celui auquel ils aspirent.
« le coeur blanc » c'est l'omniprésence des éléments, l'équilibre inébranlable de la nature, toujours victorieuse des limites qu'on lui impose.
La nature en majesté : minérale, brûlante, animale.
« le coeur blanc » c'est un récit compact, où les dialogues et les réflexions s'invitent sans crier gare dans le corps du texte, bruts, naturellement.
« le coeur blanc » c'est la « ghostnote », dans le rythme effréné des saisons qui se suivent et se ressemblent, des coeurs qui s'affolent et des corps qui s'épuisent à la tâche, des gestes répétés et des erreurs réitérées. C'est la note transparente et éthérée, indispensable, qui vient souligner sans l'alourdir la cadence et donne un écho presque inaudible aux pulsations métronomiques de la course contre l'inéluctable.


Ginger (phonét. : jinjƏr) : adjectif = roux


Lien : http://chroniques-et-caetera..
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Après le beau succès de son premier roman, le grand marin, Catherine POULAIN, livre ici un roman tout aussi réussi, sensuel mais pas consensuel, brut, sauvage qui se déroule dans l'univers des saisonniers en Provence, travail que l'auteur connaît bien pour l'avoir elle-même exercé pendant des années.

L'auteure relate les difficiles conditions de travail des saisonniers agricoles avec une plume juste et réaliste, au travers de deux personnages majeures, Rosalinde à la chevelure de feu et Mouna la brune. Elles se déplacent de région en région, à la recherche de travail. de la cueillette des asperges à celle des abricots ou des melons, elles affrontent autant les rudesses du climat que celles des hommes. le principal de l'action est concentré dans les 30 dernières pages mais aucune n'est à négliger tant l'écriture est puissante, riche, sans concession, âpre, sombre voire noire mais d'une telle élégance qu'elle mérite d'être découverte.

J'ai été happée par cette écriture dont je disais encore hier, qu'elle avait quelque chose de puissant, de peu commun et qui vous laisse un peu secouée. Tout est travaillé avec talent : les descriptions des paysages, celles décrivant le travail des récoltes sous un soleil, le récit les conditions d'exploitation de ces hommes et ces femmes qui boivent et se droguent pour résister, qui se battent, qui s'abiment dans des étreintes furtives...

On pourrait croire qu'il y a des longueurs mais le récit se déroule au rythme de la chaleur étouffante jusqu'aux pages finales ... terribles.

Des romans comme ça, ça.vous file des claques et ça fait du bien. A lire absolument si on aime les belles écritures.
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C'est l'histoire de Rosalinde et Mounia. Deux femmes, deux personnalités, deux destins. Elles sont solitaires, hors du commun, libres. Dans le sud de la France, en plein coeur des villages agricoles, chaque année des saisonniers débarquent pour ramasser les récoltes et venir en aide aux propriétaires. Vendange, olives, abricots, pommes… Ces deux femmes font toutes les deux parties de cette main d'oeuvre bon marché, marchant en pleine campagne à la recherche d'une mission pour quelques jours.

A leurs côtés, on rencontre une dizaine d'autres personnages, tous venus chercher la même chose. Des vignes aux champs, ils vont et viennent à la recherche d'un travail. Mais dans cet univers précaire, milieu que connaît bien l'auteure pour l'avoir été elle-même, ouvriers, immigrés, agricoles se lancent dans une lutte sauvage. Après le Grand Marin, Catherine Poulain nous dévoile avec brio la face cachée d'un autre monde. Elle décrit à la fois la beauté de la nature, des récoltes mais aussi le travail rude et précaire de celui des champs pouvant aller jusqu'à l'épuisement.
Lien : http://untitledmag.fr/la-poc..
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Catherine Poulain,après quelques pages tu ne lâches plus le bouquin.Houa! C'est fort.
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