Très bon moment de lecture avec ce petit roman (194 pages) , écrit avec une gouaille pleine d'humoir (humour noir😁) qui m'a fait fait découvrir la vie d'une ZAD, son milieu bigarré, et qui ravira ceux qui aiment les road movies !
Cela commence dans la Zone A Défendre (ZAD) de Zavenghem, pas loin de Valenciennes. Camille Destroit, quadra salarié d'un hyper, et qui y habite, prend sa part du combat pour empêcher l'installation d'une plateforme multimodale qui détruirait le milieu végétal du coin. Un peu aussi pour emmerder les potentats locaux, la préfecture, et la riche famille Valter. Bref, entourés de Black blocks, de militants No Border, d'ecolos vegans et de paysans locaux, il "agit" collectant les palettes pour édifier les défenses des camps retranchés, ça fleure "bon" l'anarchie, et puis... il se fait prendre par les flics lors de l'évacuation de la Zad...
A partir de là, tout part en vrille, il perd son boulot, sa femme, son hangar cramé par des nervis fascistes (qui prendront cher !)... il y a de quoi être pour le moins désabusé, écoeuré par les connivences justice-Etat-patronat. D'une certaine manière "radicalisé", il va prendre les choses en main... Et puis il y la belle Claire...
Alors commence un road movie catastrophe en camionnette Toyota... de Bretagne en Lettonie, de Suisse à Bordeaux, Claire lui expliquant la "source de son malheur", coïncidant d'ailleurs avec l'origine de sa mouise personnelle, Camille se lance dans une croisade vengeresse. Aidé par Bixente, un ami basque, ça va péter... Et puis, son poing rageur va tâter du col blanc, pour le plus grand malheur de la famille Valter. Mais où cela mène-t-il ?
Dans ce roman plein d'humour, de répliques dignes d'Audiard, J.B Pouy nous montre la dérive d'un gars révolté, bafoué, un peu anar... Il pose aussi la question : quels intérêts sert ce milieu de zadistes combatifs, d'honnête volonté, mais Infiltrés, manipulés ? la surprise est au bout de la lutte et du chemin cabossé !
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Se retrouver brusquement riverain d'un grand projet agricole, industriel, immobilier ou "de loisirs" conduit la plupart du temps à prendre parti, contre en général, et impacte de toute façon la vie personnelle. Et qui dit grand projet dit, la plupart du temps également, constitution par les opposants les plus radicaux d'une ZAD destinée à faire capoter l'opération. Camille est l'un de ces riverains, plutôt acquis à la cause des zadistes, à qui il rend de menus services, leur fournissant des palettes ou des fruits et légumes invendus récupérés dans les rebuts de l'hypermarché où il travaille, puis en hébergeant quelques-uns de ceux qui vont rester sur place après la destruction de la ZAD. Son existence somme toute tranquille commence à dérailler après une agression dont il est l'objet, à laquelle il entend bien riposter, et surtout après sa rencontre avec Claire, une jeune zadiste qui pourrait être sa fille. Les sentiments ambigus qu'elle lui inspire, sans avoir l'air d'y toucher, vont entraîner le brave Camille dans une spirale infernale.
Pouy est l'un de ces auteurs de polars engagés qui, se plaçant délibérément du côté des sans-grade, des "invisibles", et tout en racontant une histoire ressortissant du fait divers, soulèvent des questions de société. Pour autant, son propos se garde de tout manichéisme et ne se résume pas à un programme électoral. On est plutôt dans le gris que dans le noir et blanc : Camille éprouve de l'affection pour Claire, et bien qu'elle ne lui demande rien il est prêt à l'aider à solutionner ses problèmes familiaux, faisant d'ailleurs d'une pierre deux coups, mais il se place lui-même dans une situation hautement périlleuse.
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Licencié pour cause d'accointance trop visible avec les zadistes locaux qui luttent contre l'implantation d'une plateforme multimodale, Camille Destroit subit derechef tracasseries administratives, tabassage en règle et incendie du hangar de sa fermette près de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Il n'en faut pas plus pour réveiller le vieil anar et les bétonneurs ont vraiment du souci à se faire. Pas étonnant que le mouvement zadiste ait inspiré J-B Pouy, l'éternel rebelle du roman noir français qui s'en donne à coeur joie, multipliant digressions amusantes, références artistiques et considérations spirituelles.
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Pas déçu par la verve coutumière de l'auteur, c'est du pur Pouy. Déçu par le zorro, trop naïf, trop prévisible, trop ado, en fait trop humain. Mûr pour l'Ankou.
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Quelques bons jeux de mots, mais dans l'ensemble c'est bavard, presque saoulant. On sourit parfois, on s'ennuie beaucoup. le dernier chapitre fait 8 pages, en une seule phrase, un extrait qui résume tout... "...comme un mauvais rêve où tout fait sens mais où rien ne concorde, une putain de schizophrénie en noir et blanc, je me parle, je me conseille, je me regarde,je me juge, je ne peux pas m'en empêcher, et ça m'avance à quoi, je me saoule de paroles..." voilà.
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Du Pouy comme je l'aime : vif, drôle, avec une intrigue bien fichue. Dommage que ce soit déjà fini ! Je ne parle même pas du thème de l'histoire : les ZAD dont l'acronyme se prête à des déclinaisons toutes plus fantaisistes les unes que les autres !
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