Chacun est un étranger pour les autres. La couleur de la peau ne fait que rendre cela plus visible.
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Le temps demeure immuable ; c'est nous qui passons.
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Si le passé est plus vieux que le présent, alors le futur doit être plus jeune. Et nous allons tous à reculons avec chaque année qui passe.
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Je regarde les touches du piano, Jonah me regarde fixement. Nous restons assis un long moment, donnant une version assez honorable du 4’33” de John Cage. Je regrette seulement que nous n’ayons pas de magnétophone ; notre première prise aurait été la bonne.
La musique, ainsi que le dit son héros Leibniz, est un exercice de mathématiques occultes, exécuté par une âme qui ignore qu’elle est en train de compter.
L’air progresse de la manière la plus simple : un do stable entre sur le temps faible, tandis que le temps fort se rétablit sur le ré instable de la gamme. À partir de cette impulsion légère, le morceau se met en mouvement, jusqu’à se chevaucher lui-même, se livrant à une sorte de catch à quatre avec son propre double alto. Puis, en une improvisation commandée par la partition, les deux lignes de chant se replient sur le même inévitable sentier de surprise, moucheté de taches mineures et d’une lumière soudain vive. Les lignes imbriquées l’une dans l’autre débordent de leur lit pour donner naissance aux suivantes, la joie l’emporte, l’ingénuité se répand partout.
Et chaque soir les Strom mettaient le silence en échec à leur manière, ensemble, à grandes bouffées d’accords improvisés.
Le continent regorge d’espions, de beatniks et de gros appareils électroménagers.
Nous ne craignons pas la différence. Ce que nous craignons le plus, c'est de nous perdre dans la ressemblance. Voilà ce qu'aucune race ne peut supporter.
Elle fronce les sourcils : Evidemment que le temps n'existe pas. Evidemment que le changement est permanent. La musique sait cela, chaque fois. Chaque fois qu'on se met à chanter.