-- Tu n'es pas meilleure au lit qu'une secrétaire et c'est pourtant le seul moment où tu es un peu authentique. Le reste du temps, tu vis dans l'artificiel,
le vain et l'ennui, comme moi d'ailleurs.
-- Tu fais de ta médiocre réussite un cinéma ou le clinquant le dispute à la gloire facile. Quant à moi, qui suis tout aussi médiocre, je me contente de vivre bien, c'est tout.
-- Tu veux savoir quoi, Rogelio? Je ne sais pas comment la concierge ou l'épicier font l'amour, mais je ne pense pas que ta façon de le faire soit la meilleure.
-- Les gens écrivent comme ils vivent, alors évidemment qu'est-ce que ça peut donner? Ils mènent des existences anodines, au bureau... sans secret, sans abîme, sans...
-- Sans intérêt, comme leurs livres.
Un nouveau silence. Juste le temps nécessaire pour renouer avec la réalité, ce qu'on éprouve en refermant un livre qu'on a déjà lu.
Je me suis rapidement rendu compte que je ne deviendrai jamais une actrice, ni bonne ni mauvaise. J'ai étudié l'histoire. Je suis bibliothécaire maintenant.
Il finit ensuite de boutonner sa chemise, tout en essayant de se souvenir du millésime du vin qu'ils ont bu, un vin assez fruité.
-- Aujourd'hui je me fiche de la couleur des sous-vêtements des femmes.
J'ai seulement envie de leur compagnie fugitive et que leur départ ne me laisse aucun souvenir.
-- La seule réalité qui compte, c'est que j'ai un livre à écrire et que je ne peux pas perdre mon temps derrière le comptoir d'une épicerie.
-- Tu as l'air triste...
-- Tu n'as pas l'air très heureux non plus!
-- Tu sais bien qu'octobre me rend un peu dépressif.