Empathie, tome 1 : Primus

Elle frappa pendant une bonne dizaine de minutes à la porte d’Arch avant qu’il ne daigne ouvrir. Il avait changé son costume noir pour un gris ardoise, s’était rasé de près et sentait bon. Il avait toujours cet air impeccable. Dormait-il seulement ?

— J’ai cru que vous aviez décidé de vous faire la malle.

Il secoua la tête.

— Je vous l’ai dit, trop d’affaires à réunir en un laps de temps trop court. Avez-vous bien dormi ?

— Oui. D’ailleurs je vais récupérer ces médicaments miracle que vous m’avez donnés hier. Ça peut m’aider à l’avenir.

— Prenez ! Essayez de ne pas en abuser, ça peut griller quelques neurones à force, ce serait dommage d’esquinter votre intelligence.

— Merci du conseil. Alors Arch, venons-en au fait. Ce livre des symboles, est-ce qu’il vous mène au supposé journal du comte ?

— Pourquoi est-ce que je perçois une note de scepticisme dans votre ton, Faye ? Ça ne me plaît pas beaucoup.

— Faites comme si j’étais le commun des mortels qui vous entoure, vous devez me prouver que ce que vous recherchez va au-delà de simples suppositions.

— Voilà un excellent défi, s’enthousiasma-t-il. Je l’accepte. Et un jour, vous aussi, vous finirez par prononcer ces quatre mots que j’aime tant. Ma phrase préférée.

— Qui est ?

— « Vous aviez raison, Arch ».

Le subconscient est un sujet vaste et pour le moins complexe. Selon certaines théories, nous recueillons un tas d’informations que souvent nous sommes incapables de traiter sur le moment. Mais notre cerveau les garde, bien enfouies quelque part. Vous savez bien que nous n’utilisons qu’une infime partie de nos capacités cérébrales, mais cela n’empêche que les éléments sont là, dans un coin.

« Je te demande simplement de rentrer dans la salle d’interrogatoire avec moi et de ressentir ses émotions » avait dit Neel. « Je veux savoir à quel moment il devient nerveux, les sujets qui le titillent, les questions qui le mettent mal à l’aise. Je veux que tu me dises sur quoi je dois concentrer mes recherches. Ce gars doit avoir une faiblesse, je veux que tu m’aides à découvrir laquelle. »

Comment je fais, me demanderez-vous ? Je ne fais rien. J’observe, j’écoute. Les gens envoient des signaux, réagissent. Il y a toujours un signe qui trahit vos émotions. Ça n’a rien d’impossible, ça n’a rien de surnaturel.

Je suis sensible à toutes les émotions, tous les états d’âme des personnes qui m’entourent. Je les perçois, je les ressens. Alors, non, monsieur Fields, je ne lis pas dans les pensées. Je ressens vos émotions.