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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est avec plaisir que j'ai retrouvé le jeune homme pâle et maladif, mais si fin et délicat, qu'est le héros de "A la recherche du temps perdu".

Ce qui m'a le plus surpris dans ce nouveau volume, c'est le changement de ton, frôlant même parfois le comique. Ah, ces délicieuses réparties tout au long de sa première sortie mondaine chez madame de Villeparisis ! Bien sur, on retrouve toujours cette délicatesse, cette profondeur et même souvent la poésie dans ses descriptions. Mais leur coté rébarbatif a partiellement disparu, pour laisser place à la rêverie.

Bref, le plus important, c'est qu'on ne s'ennuie pas, il y a de l'action, et l'on est plongé dans la haute aristocratie du faubourg Saint-Germain du début du XXème siècle.
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Habitant à Paris dans la même maison que la duchesse de Guermantes, Marcel va, dans cette première partie du roman, tenter de se rapprocher de cette femme qui le fascine, en l'épiant d'abord sur ses allées et venues, en entretenant les meilleurs rapports avec son neveu, Robert de Saint-Loup mais aussi dans le salon de Mme de Villeparisis.
Marcel rencontre donc toutes sortes d'aristocrates plus ou moins hypocrites, notamment autour de l'affaire Dreyfus dans laquelle son ami, Bloch, qui représente le juif cherche à deviner qui est dreyfusard ou antidreyfusard. Considéré par certains comme un étranger (le baron de Charlus) et préservé par d'autres qui n'osent prendre parti (le diplomate, M. de Norpois), le narrateur se détache de lui qu'il considère comme un égoïste manquant de tact. le propos est d'autant plus ambigu que l'auteur dédie cette oeuvre à son ami Léon Daudet dont on connaît les convictions.

C'est aussi le roman des désillusions sur l'amitié donc, mais aussi sur les rapports qu'ont les gens entre eux, cette politesse où craque parfois le vernis où les saillies de Mme de Guermantes contrastent avec la balourdise de son mari qui se croit supérieur. Ce sont conspirations de salon, sur la naïveté de Robert de Saint-Loup qui continue à entretenir une maîtresse qui le trompe et qui, d'après sa famille, l'amène à ses idées dreyfusardes. Pour le narrateur, il est clair que tous ces aristocrates ou ces parvenus sont tous antidreyfusards. On ne supporte pas plus le juif que les cocottes ou les anciennes cocottes: Mme de Guermantes s'éclipse de chez Mme de Villeparisis apprenant la venue de Mme Swann.

Restent cette sensibilité aiguë de Marcel, teintée d'animisme et de rêves éveillés son amitié plus qu'ambiguë avec Saint-Loup qu'il va rejoindre dans sa chambre de soldat, de même cette requête étrange que lui fait Charlus –personnage ô combien complexe dont l'antisémitisme paradoxal (il ne pense pas Dreyfus coupable envers la France vu qu'il le considère comme un étranger) ne l'empêche pas de dresser un portrait sans concession de l'aristocratie de son temps:
Ces sont les gens de mon monde qui ne lisent rien et ont une ignorance de laquais. Jadis les valets de chambre du roi étaient recrutés parmi les grands seigneurs, maintenant les grands seigneurs ne sont plus guère que des valets de chambre.

Est-ce un des traits de Léon Daudet ou figure-t-il plutôt dans cette amitié avec Saint-Loup?
Je me pose juste cette question en passant, n'étant en aucun cas un spécialiste.
Il veut donc «s'occuper» de lui, un peu comme un Pygmalion, il cherche à modeler sa statue. Mais on s'aperçoit bien vite que le personnage a quelque arrière-pensée lorsque tous deux croisent le baron D'Argencourt, autre jeune «mignon» du salon Villeparisis, visiblement jaloux de voir Charlus avec un autre.

Et puis il y a ces phrases incomparables, un vocabulaire qui explose, un vrai feu d'artifice verbal qui compense ces moments où justement le temps semble arrêté à la porte des salons, dans le quotidien des grands bourgeois désoeuvrés qui se piquent d'art et de politique.

Cette première partie s'achève avec la maladie de la grand-mère. Chacun essaie de se rassurer, les médecins – ici du Boulbon, ami de Bergotte donc admiré du jeune narrateur – explique les symptômes générés par l'imagination et les nerfs (tout comme l'auteur et son asthme?):

« Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux. Ce sont eux et non pas d'autres qui ont fondé les religions et composé les chefs d'oeuvre. Jamais le monde ne saura ce qu'il leur doit et surtout ce qu'eux ont souffert pour le lui donner.»

C'est sur cette réflexion qu'il faut peut-être voir aussi une des clés –si tant est qu'il y en eût –de la Recherche. Souffrance et création chez les uns, plaisir et lecture addictive chez les autres.


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