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Citations sur Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin (12)

On leur reproche [aux femmes] tout particulièrement leur contrôle du pouvoir de procréation et la manière dont elles soulagent les misères physiques féminines : maîtriser la fécondité, que cela soit pour l'entraver ou mettre fin à une gestation malheureuse, c'est renier le《croissez et multipliez》divin. Empêcher la femme de souffrir dans sa chair, c'est lutter contre la punition donnée à Ève et à ses descendantes (《tu accoucheras dans la douleur》). Aider la femme, c'est lui permettre d'éviter de se soumettre à l'Église. Le Malleus Maleficarum (Marteau des Sorcières) est formel :《personne ne fait plus de tort à l'Église que les sages-femmes.》
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Quand elle n'est pas une vilaine belle-mère, la sorcière est une marginale : repoussée au fond des bois, elle vit en autonomie, sans mari et sans enfants, ce qui la voue nécessairement au malheur dans un monde où fin heureuse rime avec《ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.》(...) Les contes véhiculent donc l'idée que les jeunes filles doivent se marier sous peine de finir aigries et de réveiller les obscurs pouvoirs qui sommeillent en elles.
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Tour à tour guérisseuses et tentatrices, envoûteuses et femmes fatales, porteuses d'horreur ou de grâce, les sorcières déclinent donc au fil des siècles le mythe de la femme puissante. Les étudier, c'est découvrir la façon dont l'imaginaire modèle l'image de la féminité au fil des siècles et apercevoir, sous les verrues et les échos du sabbat, la naissance d'une chimère féminine aussi fascinante que dérangeante.
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Le dernier des Templiers confirme ainsi que, malgré son côté éminemment sympathique, Nicolas Cage fait des choix de tournages pour le moins curieux [...] On lui préfèrera de loin Black Death qui, sur un thème similaire [...] présente une exploration plus intéressante des dérives du fanatisme religieux (et une énième mort dramatique de Sean Bean)
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[…] le Moyen Âge engendre des sorcières car le sommeil de la raison et l'ennui engendrent des monstres.
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Celle-ci [la sorcière] condensera peu à peu tous ces mythes sous sa face détestée : sensuelle ou libre dans sa sexualité, elle provoquera la perte des hommes. Laide, elle les repoussera et dévorera les fruits précieux de sa descendance. Vengeresse, elle les privera de leur puissance et menacera de la renverser. Maîtresse d'une culture transmise oralement, elle ne saurait être supérieure à la sagesse écrite des hommes. Transgressive, elle refusera de plier à la société patriarcale.
Pointée du doigt comme le germe de tous les chaos à venir, elle sera alors déclarée ennemi politique, religieux et littéraire, et persécutée pour ses crimes.
C'est à se demander, avec Esope, alors que se dessinent des siècles de bûchers et de misogynie : "Femme, toi qui te faisais fort de détourner la colère des Dieux, comment n'as-tu même pas pu persuader des hommes ?"

[Première partie - L'Antiquité : une image ambiguë]
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Le balai est lui aussi intéressant : plus qu'un godemiché du pauvre, il est aussi le symbole de l'inversion des valeurs qui caractérise la sorcellerie. Il déforme, aux yeux de la chrétienté, l'image noble du bâton pastoral guidant les âmes égarées dans les bras de la mère l'Eglise. Il est également, de manière évidente, le reflet du quotidien de la femme et de sa condition matérielle de bonne ménagère : c'est une parodie de pouvoir. Il lui permet de se libérer des lois de l'espace du temps pour rejoindre rapidement son maître : là encore, cette ascension rapide contredit une certaine symbolique chrétienne. Cette montée brusque et hâtée est le double obscur de la lente élévation des âmes des Saints qui gagnent, étape par étape, leur place du Paradis. Là où Dieu réclame un effort, le Diable fournit la facilité à ses fidèles. Leur promotion est inadmissible selon le canon chrétien : on a cantonné la femme "à la sphère de l'intime et du tellurique" et voilà que "la femme sorcière veut s'émanciper pour s'approprier le champ aérien"! Perversion infâme qu'il faudra punir en la transformant en cette poussière et cette cendre que son balai aurait dû continuer à évacuer…
[rappelons, selon le Formicarius de Jean Nider (1435), que le manche du balai que la sorcière enfourche pour aller au sabbat est préalablement enduit d'un baume préparé à partir d'os d'enfants, de crapauds ayant mangé des hosties consacrées, ou de plantes réputées à offrir, à celle qui le fait glisser entre ses jambes, orgasmes et illusions]

[Deuxième partie - Moyen-Âge : l'ombre du bûcher]
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La sorcière est l'héritière d'une misogynie au long cours qui, si elle trouve ses marques dans l'Antiquité, s'épanouit à travers les récits des Pères de l'Eglise et une représentation impossible d'une féminité idéalisée par la littérature.


[Deuxième partie - Moyen-Âge : l'ombre du bûcher]
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La sorcière tente de repousser les limites de ce qui lui a été donné à la naissance : elle veut sauvegarder sa beauté froide, obtenir plus de pouvoir ou se venger d'avoir été exclue (pour cause de mauvais caractère ou d'ambition trop avouée). S'il faut pour cela jouer de sa sensualité, ce n'est pas un problème. Mais cette attitude active la vouera à la mort (Blanche-Neige, La belle au bois dormant) ou à la souffrance (la varicelle de Mim, dans Merlin l'enchanteur), puisque, dans l'univers de Disney, le bonheur réel est lié à la passivité. Elle sera condamnée : la femme qui cherche a agir est qualifiée d'obsessionnelle ou de folle. On lui reproche son ego démesuré, sa paranoïa, et ses crises de rage incontrôlée qui la rapprochent d'une sauvagerie animale.
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On lui en veut de vouloir améliorer un monde dont on s'acharne à décrire la beauté ordonnée et l'équilibre divin : "le sorcier est d'abord celui qui parle et qui dit qu'il reste un espoir de changer les choses. La solution qu'il propose est imaginaire" et s'oppose à une science qui se développe et dont l'imaginaire est peu à peu exclu.
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