Disparu le village
sur la carte
Hier encore
paisible
bien à sa place
niché dans ce pli
Une route y conduisait
du moins l’a-t-on cru
elle divague à présent
s’efface lentement
A force de le chercher
ce lieu délivré
de l’ombre et du gris
on a oublié son nom
Peut-être a-t-il essaimé
sur une autre carte
par métastases
éparpillées
On n’ose aller regarder
tant soi-même
on se sent proche
de la dispersion
Le chat derrière la vitre
écarte le rideau
pour regarder la nuit
qui habite ses yeux
L'ombre
l'éclaire
Retombée des paupières
Du rideau
Nuit dérobée
Cet autre
qui est moi
s’est détaché
légèrement
Il marche
à quelques pas
là-devant
Si loin déjà
je ne saurai
le rattraper
Il lui arrive
aimablement
de se retourner
Je ne nous reconnais pas
Élire demeure …
Élire demeure
au cœur d’un nuage
se blottir là
s’endormir
Plus tard
en pluie fine
se disperser
disparaître
Juste devant moi…
Juste devant moi
impérieux
l'oiseau strie l'espace
Capte mon regard
l'emporte au loin
vers l'autre rive
Ne me le rend pas
Midi cisaillé de cigales…
Midi cisaillé de cigales
et la lumière en embuscade
ciel bleu de mort
ce bleu qui s’assombrit
à l’alambic du corps
vire au noir rauque
là où crépite l’angoisse
au rythme haché menu
d’insectes ivres fous
Expulsé…
Expulsé
d’un rêve
d’un ventre
C’était pourtant
densité tendre
moiteur de membranes
lianes et spasmes
ensommeillés
C’était flotter
entre limbes
indécises
et lueurs grises
à ras de n’être pas
Impulsions de passage
et lent voyage
à travers marécages
où s’enliser
en confiance
C’était mouvement
en tous sens
et non sens
C’était
Je prends congé
quelques instants
juste le temps
de me rejoindre
dans un rêve
Je dois me hâter
si j’échouais
je serais menacée
de dissolution
Qui voudra bien tirer
les rideaux du sommeil
sur l’alcôve du songe ?
Ciel
de sel
gemme
Pré
crissant
sous le gel
Un cheval roux
réchauffe le regard
L’enfant d’autrefois…
L’enfant d’autrefois
face offerte
accueille la pluie
cinglante
et pourtant douce
menus oiseaux
picorant la peau
L’eau s’amuse
à devenir métallique
fines aiguilles
qui piquent
sans blesser
ni transpercer
Étincelles ludiques
sur le front
le pavé
Visage au vent
l’enfant rit
ruisselante