Le fait qu’il soit légal ne forcera pas à consommer du cannabis, surtout si la politique de prévention est à la hauteur. Mais « le fait que l’État assure sa diffusion ne le rend pas moins dangereux. L’État est garant de la santé publique », observe Éric de Montgolfier. L’usage doit donc relever de la santé et non pas du droit. Ainsi, on se souvient de l’échec d’une initiative locale à Marseille avec le refus des salles de shoot de la ministre de la Santé d’alors, au nom de la morale.
Dans un milieu où la loi est rédigée à coups de calibre, le choix de l’arme est une signature. La kalach, celle de l’invincibilité.
On tue pour cinq mobiles donc. Ils se mélangent parfois. Les prosaïques, il y en a trois : pour garder ou conquérir un marché, pour sanctionner un endetté jamais payeur, pour punir un agresseur trop insistant. Puis les ombrageux, il y en a deux : pour réparer un outrage, pour venger un proche.
Les rois changeaient avec le siècle, les armes aussi, mais pas les statistiques. Quoi de neuf donc ? Le jeune âge et l’envergure modeste des victimes comme des tireurs. Une illusion de toute-puissance en bandoulière.
Pour s’offrir un morceau d’immortalité, ces voyous acceptent de mourir à la fin. Jeune. Et à chaque nouveau mec au tapis, les médias résonnent d’un prudent « vraisemblablement sur fond de stups.
Prendre de l’ampleur, c’est accepter les risques, la prison ou une balle dans la tête, mais aussi accepter de faire du mal aux autres, à des types qui ont grandi avec toi, ça, je ne peux pas.
Le business de la drogue compte quatre classes, les petits, les cramés, les grands et les vieux. Les petits sont les ouvriers des grands, les cramés sont des petits qui veulent jouer aux grands et les vieux sont des grands bien en place ou légèrement sur le déclin. Les cramés sont de la génération kalachnikov, ils l’utilisent ou la subissent. Le code de l’honneur suit les besoins du business.
Il est important aussi d'appuyer la responsabilité des consommateurs. Un marché s'alimente à deux : fournisseurs et consommateurs. Comment en tant qu'adultes, avec quelle éthique, peut-on aller acheter de la drogue à un mineur ? Voilà un élément que l'on ne relève pas toujours.
On dit qu'on ne peut pas entrer dans nos quartiers, moi je dis qu'on ne peut pas en sortir.