Dans ce premier tome d'une série policière, l'enquêteur, Vico Stega, est le sujet du récit, plus que l'intrigue finalement, qui se résout grâce à lui, bien sûr, mais surtout quelque peu par hasard … C'est sûrement logique que le personnage récurrent soit fortement caractérisé, ainsi que les autres personnages qui gravitent autour de lui, et auxquels, il va, certainement, arriver bien des malheurs par la suite, parce que le Vico, il porte la poisse, à lui même pour commencer.
Diplômé en philosophie et en droit, auteur d'un ouvrage qui fait référence en matière de criminologie, ex-psy, ex-soldat engagé dans la guerre en ex-Yougoslavie, il est suspendu de son poste d'enquêteur de la police italienne et soumis à un suivi à la suite de la mort, suspecte, de son binôme. Séparé de sa femme depuis quatre mois, il peine à la laisser avec son nouvel amoureux, l'espionne et lui crie son besoin d'elle. La psy chargée de son suivi a fort à faire pour lui arracher trois mots, par contre. Il est par ailleurs convoité par un certain nombre de figures féminines dont deux en ferait bien leur goûter, du beau ténébreux tourmenté. La première est son amie, Teresa Brusca, qui mène l'enquête criminelle, et la seconde, une mystérieuse Marina, ange gardien plutôt démoniaque .. La chatte noire qui squatte chez lui, plante ses griffes quand une prétendantes approche trop près du grand Vico … D'autres attendent leur heure, planquées en arrière plan pour les tomes futurs, je suppose.
Alors les meurtres, maintenant, parce que quand même, le roman commence sur les chapeaux de roues : une jeune fille de quinze ans a lardé sa rivale de coups de couteaux, tout de suite après, un ado s'acharne sur son père à coups de marteau, une collégienne déverse des jets d'acide sur son prof, un autre supprime un de ceux qui se moquait de son surpoids à coup de battes … Une ultra violence qui n'a aucun sens, ni les meurtriers, ni les victimes n'ont de liens entre elles, si ce n'est qu'ils sont annoncés aux lecteurs dans de courts monologues rageurs et vengeurs, qui ne disent cependant rien de leur motivation. Si ce n'est aussi, que tous les meurtriers affichent la même indifférence, qu'ils ne cherchent ni à fuir, ni à nier, ni à s'expliquer. Seuls des sourires glaçants affichent leur satisfaction d'avoir accompli une vengeance légitime, une sorte de mission. Vico est tout de suite persuadé qu'ils ont été programmés, qu'ils sont sous l'influence d'un marionnettiste et font parti d'un plan et que d'autres pions explosifs sont encore dans la nature.
Il faut donc faire vite, et c'est Térésa qui s'y colle, plutôt en aveugle et guidée par les intuitions fulgurantes du Vico, qui est sur la touche officiellement. Intuitions parfois quand même longuettes à jaillir, le déroulé de l'enquête cède trop souvent la place aux états d'âme du personnage, se révélant de plus en plus obscur, hanté par des démons qu'il noie régulièrement dans l'absinthe et la lecture d'
A. E.Poe, ce qui ne l'aide pas vraiment à remonter vers la lumière….
Il reste que, le roman se lit à toute vitesse, se consomme sans grand lendemain, que les pistes posées pour la suite sont très intrigantes et bien vénéneuses, que les coups tordus ne vont sûrement pas manquer et que le personnage de Vico, dans sa recherche effrénée de justice n'en a pas finit avec le côté obscur de sa force. Il est cependant dommage que la problématique de la manipulation ne soit qu'un ressort, peu exploité, comme un pétard mouillé en guise de final.
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