La République des pirates

L'homme avait dû être conçu dans un encadrement de porte tant il était carré et trapu.

Je m’accroupis et remarquai au passage que tous à l’intérieur portaient sur l’épaule la marque d’un « P » au fer rouge. Certaines blessures étaient purulentes et infestées de mouches. Toutes étaient fraîches. J’avais lu les papiers de bord. Je savais que nous livrions des esclaves à un certains marquis de Presles. Celui-là avait réussi à marquer ses animaux par-delà les mers, avant même de les avoir reçus.

Il jeta un regard sur mes ouvrages, les siens en réalité, en prit deux qu'il me tendit:
-Le Cid parce qu'un jeune homme doit se croire invincible et Phèdre parce qu'un homme doit se savoir mortel.

Et tu ne dis jamais que tu rentreras au port. Pas de promesses, souviens-toi.

Prends garde à toi, Yann, l'amitié supporte moins bien encore que l'amour les trahisons.

Tout en parlant, il avait chargé et posté mes pistolets sur ma ceinture, ajusté mon baudrier et mon sabre et m'avait versé une lampé de rhum...
— Bois-ça... N'y cherche pas de courage. Il n'y en a point. Trouves-y l'oubli. Tu verras tu auras beaucoup à oublier...