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Critique de Woland


Death's Old Sweet Song / Chansonnette Funèbre

Auteur aux multiples pseudonymes, les plus connus étant Patrick Quentin et Q. Patrick, Jonathan Stagge était en fait un "auteur à quatre mains", deux cousins, Hugh Wheeler et Richard Webb. Ils sont, en outre, les père d'Iris et Peter Duluth, les héros de la série Puzzle dont nous vous avons déjà parlé avec "Puzzle Pour Fous."

Sous le pseudonyme de Jonathan Stagge, ils prennent pour héros systématique un paisible médecin de campagne, le Dr Westlake, qui est veuf et père d'une fille à la fois adorable et exaspérante, la petite Dawn. Si les Duluth sont plutôt des héros citadins, les Westlake, eux, vivent dans le rural jusqu'au cou, avec toutes les opportunités machiavéliques que peut offrir à des auteurs policiers la concentration d'un certain nombre d'individus au sein d'un village pas si grand que ça. Si vous préférez, c'est un schéma un peu similaire à certaines intrigues d' Agatha Christie (pensez à "La Plume Empoisonnée" ou à "Un Meurtre Sera Commis le ... ") ou encore à Patricia Wentworth dans "La Plume du Corbeau." Avec cette différence que, chez Stagge, c'est en général un tantinet plus violent.

Ainsi, cette "Chansonnette Funèbre" ne voit pas moins de six meurtres accomplis, semble-t-il, par un fou, un dangereux maniaque, qui suit les couplets d'une chanson fredonnée par la petite troupe de héros-victimes (dont le Dr Westlake et sa fille) tout au début du livre, qui commence joyeusement par un pique-nique en pleine campagne. Une campagne rieuse où l'orage finit cependant par tonner. du coup, dans la débandade, voilà qu'on perd les deux affreux petits jumeaux, Billy et Bobby White, ce jour-là habillés tous deux de vert et plus criards et plus faiseurs de bêtises que jamais. Il n'y a guère que lorsqu'ils ont disparu dans la scierie, dans l'après-midi, où ils affirment s'être livrée à une passionnante partie de billes - des billes rouges trouvées sur place et dont l'un des jumeaux, "amoureux" de la petite, fait cadeau d'un exemplaire à Dawn - que les participants au pique-nique ont eu un peu de paix.

... Mais il était écrit dans le Grand Livre des Enfants Pas Sages que jamais Bobby et Billy ne grandiraient pour atteindre l'âge de raison : leurs deux petits cadavres sont retrouvés dans la rivière, noyés.

Or, le second couplet de la fameuse chanson fredonnée, tout à fait par hasard, dès le début du pique-nique, parlait justement de "Deux Garçons Blancs Comme Neige / Vêtus de Vert Eclatant" ... Couplet qu'une Dawn exaspérée avait transformé, en un certain moment, en quelque chose comme : "Deux, c'est les deux garçons White / Vêtus de Vert Eclatant / Tapez-leur donc sur la tête / Et Jetez-les Dans l'étang ..."

La chanson égrenant ses couplets jusqu'au nombre douze, on ne s'étonnera pas d'apprendre qu'il y aura au moins six assassinats - mais on sera nettement soulagé de constater que le ou les meurtriers s'arrêteront à mi-course. Il faut bien dire que, vu l'astuce de la fin, il y avait de fortes chances pour qu'il ou ils n'eussent pas dépassé cette moitié fatidique.

Les romans de Jonatan Stagge sont toujours prenants. Les deux cousins savaient créer une atmosphère, différente selon leurs héros, mais celle forgée autour du Dr Westlake et de sa fille, dans leur charmant petit village où il se passe toujours des choses si horribles, demeure sans doute, je le constate au fil des ans, ma préférée. Nature épanouie et pourtant inquiétante, personnages excentriques (en ce sens, comment ne pas oublier l'extraordinaire "Pas de Pitié pour la Divine Daphné", dont nous reparlerons ? ), humour souvent féroce, finesse extrême dans la peinture de certains caractères, et bien entendu des intrigues qui, à de très rares exceptions près, tiennent la route jusqu'au bout tout ("Chansonnette Funèbre" date de 1946) sans oublier une tendance très nette à égratigner volontiers les "clichés" de l'intrigue policière de l'époque, tout cela, c'est Jonathan Stagge. Croyez-moi, dans l'absence de gore, cet auteur bicéphale vaut le détour. ;o)
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