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EAN : 9782702417027
219 pages
Le Masque (28/05/1986)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Quatrième de couverture :
C'est fait ! Depuis le temps qu'on attendait l'événement à Bittern's Bay... Le duel à mort aura lieu cet après-midi même, à l'heure du thé et en présence de témoins, comme il se doit. Belle empoignade en perspective ! Pensez donc, la Divine Daphné affrontant sa rivale exécrée, Lucy Milliken ! Il n'y aura pas de quartier. Et qui donne-t-on, pour favorite ? Difficile à dire. Comment départager la Plus Grande Dame du Théâtre Américain e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Traduction : Michel Averlant

ISBN : 97822702417027

Face à la gravité indéniable mais toujours digne de "La Mort & Les Chères Petites", "Pas de Pitié Pour la Divine Daphné" pourrait se comparer à une sorte de "Ca" complètement loufoque, revu à la sauce policière la plus pimentée. La boufonnerie, mais une boufonnerie macabre, y est présente du début jusqu'à la fin, les deux compères se dissimulant sous le pseudonyme de Jonathan Stagge ayant eu l'idée de faire monter sur le ring, à ma droite, Daphne Winters , "la plus grande interprète d'Ibsen à laquelle notre pays eût donné le jour, et peut-être le talent créateur le plus pur que le monde eût connu depuis la Duse. (Sydney Cobblestone - La Revue Théâtrale - Juin 1931)", et, à ma gauche, "Lucy Milliken , "la Comédienne Préférée du Public Américain, la Personnalité la plus tendre, la plus rayonnante et probablement la plus attachante que le Théâtre de langue anglaise eût produite depuis Maud Addams. (Sydney Cobblestone - La Revue Théâtrale - Septembre 1933.)"

En d'autres termes, d'un côté, une diva mais une grande, une actrice authentique, longue, mince et fluide, toute en gestes élégants et posés, qu'on ne verra jamais que dans des rôles à la Greta Garbo (si l'on excepte "Ninotchka") et, de l'autre, son ancienne doublure, oh ! grande actrice elle aussi et tout aussi narcissique, mais plus ronde, qui ne craint pas de se rapprocher "du peuple" et même d'y patauger jusqu'à l'écoeurement, et qui, lasse de jouer des rôles de petites ménagères bien tranquilles ou de mères parfaites au foyer a signé un contrat mirifique avec le "Bon Lait Crémeux de la Vache Double Crème" pour une émission hebdomadaire radiophonique sur la Famille la "Plus Heureuse d'Amérique."

Si Daphne a pour habitude de tenir seule la scène, annihilant par son talent presque tous ceux qui lui donnent la réplique, Lucy, elle, pour son émission, s'est fait entourer de toute sa famille ou presque : son père, mieux connu sous le nom de "Papounet" (sic) - et je vous laisse le plaisir de découvrir la "Mamounette" qu'il va se trouver - , son adolescente de fille Spray (dont le prénom signifie "embruns" en gros ), son second mari (Morgan, qui a bien vingt ans de moins qu'elle et qui est terriblement beau gosse) et, régulièrement, deux ou trois amis du monde spectacle comme "Oona et Charlie (Chaplin)" par exemple. En bref, dès les années cinquante, l'une de ces émissions radiophoniques sirupeuses et gnangnan auxquelles la télévision et ses images implacables a achevé de donner vie, souvent pour le pire . Bien sûr, de temps à autre, Papounet ou Lucy lance un meuglement publicitaire qui vante les mérite du "Bon Lait Crémeux de La Vache Double Crème" et les producteurs sont contents, contents ...

Comment le Dr Westlake, cette fois-ci sans sa fille, partie en colonie de vacances, se retrouve au milieu de tout ce beau monde, est hasard pur. Il a retrouvé un vieil ami de Fac, Don Lockwood, médecin "mondain" d'excellent renom, lequel l'a tout simplement invité à prendre quelques vacances chez lui. Les Lockwood étant conviés de leur côté par la Divine, Westlake ne tarde pas à tomber sous le charme de celle-ci tout en sympathisant avec Evelyn Evans, la "secrétaire-garde-du-corps" de Daphne. Et c'est lors de l'une de ces réunions "toute simples" - comme Lucy Milliken, Daphne est pour la simplicité absolue, surtout chez les autres - que grésille le téléphone avec Lucy Milliken soi-même à l'appareil, une Lucy double-crémeuse qui, en bonne voisine, tient absolument à inviter la Divine pour son goûter de l'après-midi. Si Evelyn manque défaillir à l'idée de partager ne serait-ce qu'un crouton de pain avec l'ancienne doublure de Miss Winters, celle-ci, toujours grande dame, se veut au-dessus de pareilles contingences et accepte ...

... sans se douter que Lucy a concocté tout un plan pour la faire ainsi participer à l'une de ses fameuses "causeries de la Famille la plus Unie d'Amérique". D'abord estomaquée à la vue des câbles radio qui traînent partout, la Divine s'en sort avec une adresse de fauve en mettant en avant l'une des élèves qu'elle a prises pour l'été - les élèves de Daphne sont surnommées "les Harmonies" - et en l'incitant à parler à sa place devant le sacro-saint micro du Bon Lait Crémeux de la Bonne Vache Double Crème. Hélas ! C'est là que se place l'incident tout à fait inattendu : Gretchen, une autre Harmonie, d'origine autrichienne, s'effondre net, empoisonnée au ... cyanure. Or le cachet provenait d'un flacon que, parmi tant d'autres, Daphne, hypocondre notoire, transporte partout avec elle, notamment contre ses migraines "atroces", migraine dont affirmait souffrir ce jour-là aussi la jeune Gretchen ...

Tandis que le corps de la pauvre Harmonie est abandonné aux Institutions légales, et passé la première émotion, tout le monde finit par aboutir au raisonnement suivant : Gretchen a pris ce cachet par hasard, la victime désignée n'était autre que ... Daphne.

Or, qui avait intérêt à tuer Daphne Winters ? ...

Et qui va recommencer ? ... (Parce que ce n'est pas fini ... )

Dans un tourbillon de haines aussi mesquines que libératrices, tout le monde s'accuse mutuellement : Spray s'acharne sur sa mère, bien sûr ; Sybil, une autre Harmonie, en tient pour la pauvre Miss Evans ; et si, en définitive, c'était Morgan ? Ou encore ...

A moins que ...

Oui mais a-t-on pensé que ... ?

Un roman tout simplement époustouflant, dont la première lecture surtout est saisissante. La seconde le sera moins si vous avez gardé en tête le nom de l'assassin de Gretchen. Mais quoi qu'il en soit, cela reste aigu, incisif, jouissif et jubilatoire du début jusqu'à la fin. Rondement mené, portant haut la griffe "Stagge", bourré de personnages théoriquement "impossibles" mais dont on sait bien que, quelque part, en un un monde plus clinquant, ils existent bel et bien, avec l'habileté suprême d'utiliser jusqu'au bout le thème de l'arbre qui cache la forêt, y compris aux plus malins d'entre nous.

Si je ne devais vous conseiller qu'un seul Jonathan Stagge, c'est celui-là que je vous désignerais sans hésitation. Suivez mon conseil : lisez-le et, si vous êtes amateur de "wodunit", vous ne serez vraiment pas déçu. :o)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... - "Daphne, ma chérie, prenez encore une tranche de gâteau."

Daphne la regarda un moment sans la voir. Puis sa voix tout aussi célèbre vibra ainsi qu'une musique céleste à travers le plateau.

- "Quel gâteau ?

- Mais celui-ci, ma chérie.

- Oh ! alors non, merci !" déclara Daphne avec dégoût. "Je sais que vous avez une excellente cuisinière mais je ne mange jamais de pâtisserie, surtout lorsqu'elle est faite avec du lait en boîte."

Abasourdie, Lucy Milliken balança sur son couteau la tranche du fameux gâteau qui, d'après Papounet, avait déjà été "pioché" avec gloutonnerie par la Divine Daphne et faillit l'offrir à Gretchen mais la jeune fille ne leva pas les yeux. Dans son désarroi, Lucy laissa tomber le gâteau sur la nappe fleurie. Malgré son incroyable audace, elle devait se rendre compte qu'elle avait attrapé une tigresse par la queue.

Après quelques secondes d'un silence glacial que durent percevoir tous les amis connus et inconnus peuplant ces chers bons Etats-Unis d'Amérique, elle réussit à enchaîner d'un ton enjoué :

- "Eh bien, Daphne, que pensez-vous de mon idée de jouer "La Dame de la Mer" ?

La voix de la Divine, modulée à la perfection, s'enquit, par l'intermédiaire du micro :

- "Quel rôle avez-vous l'impression d'interpréter ?

- Mais ... mais ... le rôle principal. Celui d'Ellida Wangel.

- Oh !" fit Daphne Winters.

Ce "oh !" exprimait un monde.

- "C'est la première fois que je songe à interpréter Ibsen," reprit Lucy avec moins d'assurance.

- Oui," dit Daphne Winters, "je sais.

- Et je suis certaine que vous allez me faire profiter de votre merveilleuse expérience en me donnant quelques conseils."

Après un long silence méditatif, Daphne s'anima :

- "Par une étrange coïncidence, j'ai fait répéter aujourd'hui-même une scène de cette oeuvre à ma chère petite Sybil, ici présente. Sybil Wentworth, une jeune comédienne qui a tellement de talent ! Vous rappelez-vous la scène, Sybil ?

- Oui, miss Winters, je crois," haleta Sybil qui parlait pour la première fois au micro.

- Dans ce cas, voulez-vous rendre un grand service à Lucy ? Donnez-lui une idée de ce qu'est le personnage. Jouez-lui la scène."

En moins de cinq minutes, la belle voix calme avait réussi à accomplir une oeuvre de destruction plus importante qu'une tornade s'abattant sur la terrasse de "l'adorable résidence d'été" de Lucy Milliken. Daphne s'était dédaigneusement déclarée au Bon Lait Crémeux de la Vache Double-Crème et avait traité Lucy comme une petite comédienne débutante. Et maintenant, elle allait faire résonner triomphalement - chez tous les amis connus et inconnus peuplant ces chers bons Etats-Unis d'Amérique - une interprétation concurrente d'Ellida Wangel ! ... [...]
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[...] ... - "Il est exact qu'une dispute a éclaté hier soir entre Miss Evans et moi. En fait, elle durait depuis quelques jours. Et Sybil n'en a pas entendu l'essentiel. Elle paraît aussi avoir confondu nos voix. Sybil chérie," ajouta-t-elle en lançant à la jeune fille un regard réprobateur, "une comédienne devrait avoir l'oreille fine et être extrêmement sensible aux divers registres de la voix humaine ..."

L'Harmonie N° 1 manifestant la plus totale contrition, Daphne se tourna vers Reed.

- "Je ne parviens pas à comprendre pourquoi vous désirez être renseigné sur des faits de ma vie privée n'ayant aucun rapport avec l'affaire qui nous occupe. Mais puisque cela semble la procédure normale ..."

Les belles épaules se haussèrent.

- "Sybil a affirmé que je pleurais. C'est vrai. Elle a ajouté que Miss Evans me menaçait. Ceci est inexact. C'est moi au contraire qui menaçait Miss Evans. Voyez-vous, je suis très, très égoïste, j'en conviens. Et miss Evans m'avait fait part d'un projet qui, tout en blessant mon amour-propre, allait nuire à mon confort personnel. Miss Evans m'avait annoncé qu'elle désirait se marier."

Nous nous attendions à voir éclater une bombe et Daphne ne nous avait pas déçus. La surprise fut générale. Evelyn était rouge jusqu'aux oreilles. Lucy laissa échapper un petit "non !" d'incrédulité. Quant à moi, mes suggestions les plus hasardeuses ne m'avaient jamais conduit jusqu'à considérer Evelyn comme une personne capable d'avoir une vie sentimentale !" ... [...]

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