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Citations sur Pas de pitié pour la divine Daphné (2)

[...] ... - "Daphne, ma chérie, prenez encore une tranche de gâteau."

Daphne la regarda un moment sans la voir. Puis sa voix tout aussi célèbre vibra ainsi qu'une musique céleste à travers le plateau.

- "Quel gâteau ?

- Mais celui-ci, ma chérie.

- Oh ! alors non, merci !" déclara Daphne avec dégoût. "Je sais que vous avez une excellente cuisinière mais je ne mange jamais de pâtisserie, surtout lorsqu'elle est faite avec du lait en boîte."

Abasourdie, Lucy Milliken balança sur son couteau la tranche du fameux gâteau qui, d'après Papounet, avait déjà été "pioché" avec gloutonnerie par la Divine Daphne et faillit l'offrir à Gretchen mais la jeune fille ne leva pas les yeux. Dans son désarroi, Lucy laissa tomber le gâteau sur la nappe fleurie. Malgré son incroyable audace, elle devait se rendre compte qu'elle avait attrapé une tigresse par la queue.

Après quelques secondes d'un silence glacial que durent percevoir tous les amis connus et inconnus peuplant ces chers bons Etats-Unis d'Amérique, elle réussit à enchaîner d'un ton enjoué :

- "Eh bien, Daphne, que pensez-vous de mon idée de jouer "La Dame de la Mer" ?

La voix de la Divine, modulée à la perfection, s'enquit, par l'intermédiaire du micro :

- "Quel rôle avez-vous l'impression d'interpréter ?

- Mais ... mais ... le rôle principal. Celui d'Ellida Wangel.

- Oh !" fit Daphne Winters.

Ce "oh !" exprimait un monde.

- "C'est la première fois que je songe à interpréter Ibsen," reprit Lucy avec moins d'assurance.

- Oui," dit Daphne Winters, "je sais.

- Et je suis certaine que vous allez me faire profiter de votre merveilleuse expérience en me donnant quelques conseils."

Après un long silence méditatif, Daphne s'anima :

- "Par une étrange coïncidence, j'ai fait répéter aujourd'hui-même une scène de cette oeuvre à ma chère petite Sybil, ici présente. Sybil Wentworth, une jeune comédienne qui a tellement de talent ! Vous rappelez-vous la scène, Sybil ?

- Oui, miss Winters, je crois," haleta Sybil qui parlait pour la première fois au micro.

- Dans ce cas, voulez-vous rendre un grand service à Lucy ? Donnez-lui une idée de ce qu'est le personnage. Jouez-lui la scène."

En moins de cinq minutes, la belle voix calme avait réussi à accomplir une oeuvre de destruction plus importante qu'une tornade s'abattant sur la terrasse de "l'adorable résidence d'été" de Lucy Milliken. Daphne s'était dédaigneusement déclarée au Bon Lait Crémeux de la Vache Double-Crème et avait traité Lucy comme une petite comédienne débutante. Et maintenant, elle allait faire résonner triomphalement - chez tous les amis connus et inconnus peuplant ces chers bons Etats-Unis d'Amérique - une interprétation concurrente d'Ellida Wangel ! ... [...]
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[...] ... - "Il est exact qu'une dispute a éclaté hier soir entre Miss Evans et moi. En fait, elle durait depuis quelques jours. Et Sybil n'en a pas entendu l'essentiel. Elle paraît aussi avoir confondu nos voix. Sybil chérie," ajouta-t-elle en lançant à la jeune fille un regard réprobateur, "une comédienne devrait avoir l'oreille fine et être extrêmement sensible aux divers registres de la voix humaine ..."

L'Harmonie N° 1 manifestant la plus totale contrition, Daphne se tourna vers Reed.

- "Je ne parviens pas à comprendre pourquoi vous désirez être renseigné sur des faits de ma vie privée n'ayant aucun rapport avec l'affaire qui nous occupe. Mais puisque cela semble la procédure normale ..."

Les belles épaules se haussèrent.

- "Sybil a affirmé que je pleurais. C'est vrai. Elle a ajouté que Miss Evans me menaçait. Ceci est inexact. C'est moi au contraire qui menaçait Miss Evans. Voyez-vous, je suis très, très égoïste, j'en conviens. Et miss Evans m'avait fait part d'un projet qui, tout en blessant mon amour-propre, allait nuire à mon confort personnel. Miss Evans m'avait annoncé qu'elle désirait se marier."

Nous nous attendions à voir éclater une bombe et Daphne ne nous avait pas déçus. La surprise fut générale. Evelyn était rouge jusqu'aux oreilles. Lucy laissa échapper un petit "non !" d'incrédulité. Quant à moi, mes suggestions les plus hasardeuses ne m'avaient jamais conduit jusqu'à considérer Evelyn comme une personne capable d'avoir une vie sentimentale !" ... [...]

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