The Yellow Taxi /
le Taxi Jaune
L'un des meilleurs de Stagge - même si vous le voyez ici apparaître sous le pseudonyme de
Patrick Quentin. Avec toujours le Dr
Westlake et son inénarrable fille, Dawn, que je trouve de plus en plus peste à chaque histoire mais que voulez-vous, même plus jeune, je la jugeais ainsi. Toujours dans leur petit village bien sympa, où tout le monde connaît tout le monde et où Noël se prépare. Dawn veut des skis, des poissons rouges et une frégate dans une bouteille. Pour les deux premiers articles, son père n'a pas beaucoup de difficultés à se les procurer mais pour la frégate, ce sera l'Inspecteur Cobb, le grand manitou de la police et ami de la famille, qui finira par l'offrir, l'aide de Dawn, bien que totalement involontaire, ayant été très efficace pour résoudre la peu sympathique, voire carrément inquiétante énigme qui fait l'intrigue de ce roman.
Nous sommes, je le précise, en 1942 et, dans la campagne américaine, si l'on excepte quelque chauffeur de taxi new-yorkais attiré par le goût du lucre et guidé, vaille que vaille, par un ou plusieurs clients incapables de retrouver le trou de la serrure de leur porte en raison d'une quantité prodigieuse d'alcool absorbée en prévision de Noël (il y en a qui s'y prennent tôt et s'y sont toujours pris tôt pour fêter cela, sans compter ceux qui ne déssoûlent pas, du 1er de l'An à la Saint-Sylvestre Bourré ), jamais, je le répète, jamais on ne voit chez les ruraux errer l'un des célèbres "yellow cabs" de la Grosse Pomme.
Eh ! bien, en ce Noël 1942, tout va changer. Un taxi d'un jaune flamboyant, immatriculé à New-York, piloté par un horrible bonhomme petit, aux cheveux noirs, à l'air hargneux et à la bouche tordue, fait le tour du village et de ses environs avec la régularité d'une aiguille d'horloge. Dans toute cette neige et cette forêt où seuls les arbres style sapins ont conservé leur feuillage, vous imaginez s'il se fait remarquer. Enfin, il devrait mais il ne s'arrange pour l'être que par les personnes qu'il faut. Telle Norma Hale, une jeune New-Yorkaise en "vacances" chez sa mère et son beau-père, une rousse super-belle qui ne peut plus dormir depuis ... des lustres ... et tente de falsifier l'ordonnance de somnifères que lui fait obligeamment
Westlake après qu'elle lui ait raconté son histoire de taxi (jaune) lancé à ses trousses parce que, n'est-ce pas, c'est comme dans la "fameuse histoire du corbillard" ... Et puis, elle lui laisse entendre que, il y quelque temps, elle, sa meilleure amie Libby et un ou une dénommé(e) Toni se sont livrés à "quelque chose de moche" et c'est depuis lors que
le taxi jaune les hante ...
En laissant dans le bureau du médecin son portefeuille contenant la dernière lettre jamais écrite par Libby Brompton, laquelle s'est suicidée (ou qu'on "a suicidée") un ou deux mois plus tôt, Norma donne l'occasion à
Westlake de vérifier sinon l'histoire, au moins le bien-fondé des inquiétudes de la jeune fille. Et puis, le soir, je ne vous dirai ni comment, ni pourquoi, le voilà qui s'en va faire son curieux, en compagnie de Dawn, chez la mère de Norma. Bien lui en prend car il est le témoin privilégié de la chute de cette dernière sur l'allée qu'elle remontait à cheval comme si elle eût eu la Mort à ses trousses. Boum, badaboum, la belle Norma ne se relèvera plus : les cervicales ont été brisées net.
Au moins n'aura-t-elle pas souffert.
Seul problème : il semble bien qu'un fil de fer, invisible à la nuit, ait été tendu entre deux arbres de l'allée et que c'est bien cela et non le cheval Monarque, renâclant sans motif, qui est responsable de la chute mortelle de la jeune fille ...
Et comme de bien entendu, peu après,
le taxi jaune passe dans le coin ...
Bon, là, je vous en ai assez dit. Je le répète, c'est l'un des meilleurs de la série
Westlake et vous pouvez le lire de confiance, sur le sable de la plage et surtout à l'ombre. C'est musclé, ce n'est pas gore - vous vous imaginez, en 1942 ? - c'est très bien monté et la fin est assez surprenante - trop peut-être parce que, tous comptes faits, peut-être les auteurs ont-ils laissé jusque là un peu trop dans l'ombre le véritable assassin. Mais n'est-ce pas le propre du deus ex machina ?
Bonne lecture ! ;o)