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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Je suis la pomme pourrie dans le panier, personne ne veut rester dans mes parages. Je suis l'exemple même du flic raté, qu'on montre du doigt aux nouveaux. Pour recadrer un petit jeune, j'ai entendu un collègue dire : "Si tu continues comme ça, tu vas finir comme Quiñones." Je suis une légende, ils me croient capables de tout, et comme souvent dans les légendes, tout est faux. »
Oui… enfin bon, quand il dit ça, Santiago Quiñones vient tout de même d'euthanasier son beau-père avec un coussin. Et après Les rues de Santiago et Tant de chiens, on commence à connaître l'animal que l'on retrouve, il est vrai, avec un réel plaisir. Après donc avoir occis le mari de sa mère, Santiago retrouve sa routine de flic chilien, ou presque. En effet voilà que, d'un côté une bande de fachos s'est donné pour mission de tuer des immigrés. Et que d'un autre côté, notre héros est tombé par hasard sur une scène de crime où se trouvait, outre un cadavre de chinois, un beau paquet de cocaïne que Quiñones, un peu déprimé par la fin annoncée de son histoire d'amour avec la belle Marina et un petit peu aussi par quelques remords à propos de sa manière d'accompagner les vieillards en fin de vie, semble avoir décidé de sniffer jusqu'au bout.
C'est donc parti pour 250 pages sans temps mort, naviguant entre le vaudeville sous amphétamines, la traque à l'aveugle d'assassins pourtant pas vraiment discrets, grosses montées de paranoïa débouchant sur des explosions de violence et un constant jeu de faux-semblants. Confronté à son collègue García, avec la femme duquel il entretient une relation et qui semble souvent trop sympathique pour être honnête, poursuivi par des Chinois un brin agacés qui le soupçonnent d'avoir tué l'un des leurs, sujet à des malaises vagaux que la cocaïne n'aide pas vraiment à combattre, le coeur brisé et avec sur le dos une mère qui ne se remet pas de la mort de son mari et un demi-frère un peu envahissant, Santiago Quiñones a fort à faire.
Ça pourrait vite devenir pesant, ça pourrait finir par s'essouffler, mais une fois encore Boris Quercia maîtrise parfaitement son intrigue. Sans jamais relâcher la pression, le pied toujours sur l'accélérateur, il trouve tout de même le moyen de casser un peu le rythme avec une petite introspection de son héros bourrée de second degré ou une scène inattendue et réjouissante comme cette superbe poursuite d'un échantillon d'urine. Tout cela donne en fin de compte un roman brutal, émouvant à sa manière, et aussi franchement amusant. Un grand plaisir de lecture, une fois encore.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Service de presse.


Les services de presse sont d'autant plus agréables lorsqu'ils se font rares et qu'ils proviennent de maisons d'édition que vous appréciez et qui semblent avoir une certaine estime pour quelques uns de vos retours de lecture qu'ils ont pris le temps de parcourir. Néanmoins le côté spontané de la démarche peut avoir son revers de médaille avec le risque d'acheter l'ouvrage en librairie avant même de l'avoir réceptionné comme ça a faillit être le cas pour La Légende de Santiago de Boris Quercia, dernier opus des aventures de l'inspecteur Santiago Quiñones, flic chilien borderline, grand amateur de cocaïne qu'il consomme sans modération pour se remonter le moral. On avait rencontré le personnage dans un premier roman intitulé Les Rues de Santiago (Asphalte éditions 2014) pour le retrouver une seconde fois aux prises avec une sombre affaire de pédophilie et de narcotrafiquants dans Tant de Chiens (Asphalte éditions 2015) qui avait obtenu le Grand Prix de la Littérature Policière – Etrangère. Furieusement déjantée, la série Quiñones mérite que l'on s'y attarde ne serait-ce que pour découvrir cette ville de Santiago du Chili que Boris Quercia dépeint avec une affection certaine, mais également pour se laisser entraîner dans une suite d'aventures rocambolesques qui présentent parfois quelques entournures mélancoliques d'autant plus appréciables lorsqu'elles prennent le pas sur le rythme effréné que nous impose l'auteur.A n'en pas douter, les romans de Boris Quercia ont suscité l'adhésion des lecteurs francophones puisque La Légende de Santiago est publié dans sa version française avant même sa parution dans sa langue d'origine, prévue en 2019.

Rien ne va plus pour l'inspecteur Santiago Quiñones qui vient d'euthanasier son beau-père grabataire en l'étoufant avec un oreiller afin de soulager sa mère qui supportait mal la situation. Un geste vain puisque celle-ci ne se remet pas de ce décès. du côté de sa vie sentimentale, la situation n'est guère plus reluisante car sa compagne Marina, ne supportant plus ses frasques et ses infidélités, a décidé de le quitter. Et ce n'est pas au boulot que Santiago trouvera du réconfort avec des collègues qui le craignent ou qui le méprisent en rêvant de le voir chuter. D'ailleurs cela ne saurait tarder, non pas parce qu'on lui a confié une enquête délicate de meurtres racistes, mais parce qu'il a subtilisé une demi-livre de cocaïne en découvrant le cadavre d'un trafiquant dans une gargotte tenue par des chinois qui souhaitent récupérer leur bien. Et ils ne vont pas le demander bien gentiment.

Un long dérapage, une embardée sans fin, c'est sur cette sensation d'absence totale de contrôle que Boris Quercia entraine le lecteur dans le sillage de son inspecteur fétiche, fréquemment dépassé par les événements. du flic maladroit, un brin magouilleur qu'il était autrefois, Santiago Quiñones est devenu un policier borderline, beaucoup plus prompt à utiliser la violence pour régler ses problèmes. Une évolution d'autant plus intéressante qu'avec ce personnage toujours en proie au doute et à la mélancolie, nous allons découvrir les rapports complexes qu'il entretenait avec son père dont il ne semble pas avoir vraiment fait le deuil. Des sentiments exacerbés avec la mort de son beau-père et la rencontre d'un demi-frère qu'il a toujours ignoré, Santiago Quiñones va donc replonger dans ses souvenirs d'enfance. Avec une intrigue échevelée où meutres racistes et réglements de compte entre trafiquants se succèdent à un rythme complètement déjanté, on appréciera ces phases un peu plus introspectives qui nous permettent de souffler un peu tout en discernant les raisons du mal être d'un individu complètement perdu qui n'en demeure pas moins extrêmement attachant. Mais au-delà de ces aspects introspectifs, on se délectera bien évidemment avec ces soudaines explosions de violence, parfois complètement déconcertantes qui prennent certaines fois une dimension complètement burlesque au gré d'une intrigue policière chaotique.

Si l'on prend toujours autant de plaisir à découvrir le quotidien de la ville de Santiago avec ses rues grouillantes de monde, ses cafés bondés et ses marchés bigarrés servant de décor pour ce récit explosif, Boris Quercia nous entraîne également du côté de Valparaiso et de la côte chilienne où l'on décèle la présence de quelques fantômes du passé distillant ainsi une atmosphère plus pesante. Une autre ambiance, une autre tonalité pour mettre en place une scène finale extrêmement poignante qui marquera les lecteurs les plus blasés tout en confirmant le talent d'un auteur qui sait jouer brillamment avec toute la palettes des émotions sans jamais en faire trop.

Récit épique, jouant sur le passif d'un personnage torturé, La Légende de Santiago, possède cette énergie saisissante et entrainante caractérisant l'écriture de Boris Quercia qui nous livre, une fois encore, un roman détonnant et terriblement addictif... pour notre plus grand malheur.

Boris Quercia : La Légende de Santiago (La Sangre No Es Agua). Asphalte éditions 2018. Traduit de l'espagnol (Chili) par Isabel Siklodi.

A lire en écoutant : Malagradecido de Mon Laferte. Album : Mon Laferte, Vol. 1. 2016 Universal Music S.A. de C.V.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Entamée par “ Les rues de Santiago” puis magistralement confirmée par “Tant de chiens”, très justement récompensé par le grand prix de littérature policière 2016, la suite très noire de l'auteur chilien Boris Quercia revient avec ce troisième opus qui ravira tous les aficionados.
La légende de Santiago” met à nouveau en scène Santiago Quiñones, flic borderline, accro à la coke, ayant une grande habileté, un immense talent à se mettre dans des coups foireux. Haï de la plupart de ses collègues, Santiago subit bien souvent ses enquêtes, celles-ci passant bien après les démons intérieurs qui sont les siens: came et sexe. Un peu comme avec Jack Taylor de Ken Bruen, on se demande dans quel état on va retrouver Santiago à l'entame d'une nouvelle aventure.

Les deux premiers romans démarraient pied au plancher, l'un notamment commençait par une ahurissante fusillade dans la rue. Ici, la violence, le drame sont instillés de manière aussi forte et aussi fréquente mais de manière un peu plus insidieuse, avec un ton peut-être différent d'antan. On est toujours dans du très solide hardboiled rythmé par les rails que s'enfile Santiago mais beaucoup plus qu'autrefois, on voit poindre des passages plus personnels où sont évoqués la relation amoureuse, les liens du sang, la famille comme dernier rempart à l'isolement et à l'aliénation, le don de soi à autrui.

Plus que dans les précédentes aventures, on entrevoit certains problèmes sociaux du Chili: la xénophobie née de l'arrivée de migrants, la mondialisation et les nouvelles mafias originaires de Chine et une société à l'arrêt. Néanmoins, c'est l'univers de Santiago, attachant malgré toutes ses tares, qui s'avère être le véritable moteur de l'histoire dont l'intrigue policière n'est quand même pas le premier des atouts. Violent, le roman se permet aussi quelques pointes d'humour auquel le lecteur sera sensible selon son empathie devant le spectacle d'un homme qui n'en finit pas de tomber.

Un vrai petit bonheur de polar, impeccable !
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Plus de deux ans que ce livre était dans ma PAL, acheté lors du festival Toulouse Polars du sud, à l'issue d'une lecture théâtralisée d'extraits… Je viens enfin de me plonger dans La Légende de Santiago de Boris Quercia.

Plus qu'une intrigue policière, ce roman est avant tout une ambiance, une atmosphère, celle, ainsi que l'auteur l'a écrit dans sa dédicace personnalisée, de la chute d'un homme « que no termina de caer », qui n'en finit plus de tomber… C'est mon mari qui avait acquis ce roman ; je l'ai donc lu en français… son titre original, La sangre no es agua, est beaucoup plus parlant, selon moi, toujours intéressée par les enjeux de la traduction.

Pour le côté polar, disons simplement que Santiago Quiñones, flic cabossé à Santiago du Chili, enchaîne les galères…
Sa fiancée, Marina, ne l'aime plus, ses collègues policiers le méprisent, et il est rongé par la culpabilité depuis qu'il a aidé son beau-père, gravement malade, à mourir. Côté famille, son demi-frère se montre envahissant… Côté cul, il baise la copine d'un de ses collègues…
Comme si cela ne suffisait pas, quand il tombe, un peu par hasard, sur le cadavre d'un trafiquant dans un resto chinois, son premier réflexe est d'empocher la demi-livre de cocaïne pure qu'il trouve également sur les lieux. Un coup de pouce bienvenu pour traverser cette mauvaise passe : il va sniffer des rails de coke tout au long du roman… Ce faux pas ne va pas tarder à le rattraper : les narco-trafiquants sont à ses trousses pour récupérer la marchandise et les affaires internes de la police font des contrôles anti-dopage.
Cerise sur le gâteau : il se voit confier une enquête sensible sur des meurtres racistes…

L'écriture est à la première personne. Santiago Quiñones se raconte, chapitre après chapitre, au présent et nous entraine dans sa descente aux enfers.
C'est à la fois très factuel, un enchainement de circonstances et de mauvaises décisions, poétique, dans une immersion dans un univers urbain sordide, et politico-social pour qui préfère privilégier une lecture satirique, dans la lignée du roman noir.
J'ai dévoré ce roman en trois jours à peine, subjuguée par son style désabusé et fataliste, entre la fantaisie des paradis artificiels et la dure réalité du quotidien. le mélange des registres m'a séduite, une alternance de langages tantôt très crus, tantôt soutenus, évocateurs ou d'une précision chirurgicale.
C'est violent, érotique, désespéré… à l'image d'une vague noire, qui fait mine de se retirer pour mieux nous engloutir.

Une superbe découverte !

Lien vers la playlist du roman :
http://asphalte-editions.com/livre/la-legende-de-santiago/




Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Lire ce nouvel opus sur Santiago Quinones, c'est danser un tango endiablé avec Carlos Gardel ou un "Saturday Night fever" avec JohnTravolta.
Pas de temps mort, tant dans l'action, que dans les pensées des protagonistes, les dialogues, les réactions des uns et des autres face à l'imprévu.
Nous ne sommes pas tant dans la résolution de l'assassinat d'un restaurateur chinois vendeur de drogue, et d'empoisonneurs "d'étrangers et d'imigrés', mais plutôt dans la "réflexion" de tous les acteurs de ce polar noir, face à telle ou telle situation.
Boris Quercia livre les pièces de son puzzle par poignées, et elles finissent toutes par s'assembler. Vous pouvez les compter et les recompter, il n'en manque pas une.
C'est enlevé, c'est trépidant, excitant, ça tient en haleine, on pense être arrivé quelque part, mais il reste encore du chemin à parcourir, comme un marathon qu'on serait obligé de courir en un sprint unique.
Chapeau bas pour ce polar pour lequel j'aurais ailé mettre une sixième étoile.
Et je vais chercher les autres.
Cordialement. FB

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Quiñones n'est pas un tendre, la violence c'est son petit lot, normal il est flic à Santiago, il ne reflète que l'image de son pays.
Tout commence par un chapitre "choc" comme dans les deux précédents bouquins, il aide gentillement le monsieur (qui est en réalité son beau-père) à mourrir pour lui éviter trop de souffrance mais sans lui demander son avis ! Quel être généreux ce Santiago ! Mais voilà une première fissure se fait sentir, la culpabilité. Sentiment qui ne le quittera pas, qui s'ajoutera au déchirement de ne plus être aimé par sa fiancée, à l'inconsideration de ses collègues, à la tristesse de sa mère, à l'apparition d'un demi-frère. Tout ceci, lorsqu'il devra résoudre ses enquêtes, ne l'aidera à faire les choix les plus judicieux, sans compter ses excès de cocaïne volée qui accéléreront sa dégringolade.
Boris Quercia ne s'embarrasse pas de futilités, l'écriture est séche, vive, les chapitres sont courts, tout va très vite. de l'action il nous en sert à toutes les pages et ce personnage brutal, excessif enchaînant les faux pas est malgré tout super attachant.
Nous ne retrouvons pas un Santiago au meilleur de sa forme, mais le plaisir de lecture est intact.
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