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Citations sur La vie du truand Don Pablos de Ségovie, vagabond exempl.. (16)

Pablo fait le portrait de sa mère
Elle était de si belle tournure et elle fut si célébrée de son vivant que tous les rimailleurs d'Espagne faisaient des choses sur elle.
Jeune mariée -et même plus tard- elle fut à rude épreuve. En effet, les mauvaises langues se plaisaient à dire que mon père jouait la dame pour lever l'as. [...] Un jour, pour m'en faire l'éloge, une vieille qui m'avait élevé disait qu'elle était d'un commerce si agréable qu'elle ensorcelait tous ceux qui la fréquentaient. On racontait -me dit-elle- je ne sais quelle histoire où il était question d'un bouc et de voler et il s'en fallut de peu qu'on l'emplumât et qu' elle put ainsi prendre son vol devant tout le monde. Le bruit courut qu'elle restaurait des virginités et ressuscitait des chevelures, faisant disparaître les cheveux blancs. Certains l'appelaient ravaudeuse d'amours brisées, d'autres rebouteuse d'affections mal en point, et maquerelle par sobriquet. Pour les uns elle était la dame de cœur, pour d'autres le valet de pique et la quinte flush pour vider toutes les bourses. A voir sa mine réjouie quand elle racontait tout cela, il y avait de quoi rendre grâces à Dieu.
(Traduction effectuée à partir du texte publié par Los Clásicos castellanos (ed; La lectura Madrid 1927) et qui reprend le texte le plus complet de Quevedo (X).
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Je suis de Ségovie ; et mon père, appelé Clément-Pablo, en était aussi. Dieu veuille avoir son âme ! Quoique, par sa profession, il fût ce qu’on nomme communément barbier, il avait tant de grandeur d’âme qu’il ne pouvait souffrir qu’on l’appelât ainsi, disant qu’il était tondeur de joues et tailleur de barbes. On assure qu’il était de bonne souche, et la chose est croyable, à en juger par sa passion pour le vin.

Il avait épousé Aldonza Saturno de Rebollo, fille d’Octavio de Rebollo Codillo, et petite fille de Lepido Ziuraconte. On la soupçonnait dans la ville de n’être pas de race d’anciens chrétiens, quoique, en conséquence des noms de ses ancêtres, elle soutînt qu’elle descendait des triumvirs romains. Elle était jolie, et elle fut si célèbre que, pendant qu’elle vécut, tous les chansonniers d’Espagne firent sur elle quelques couplets. Au commencement de son mariage, et dans la suite, elle eut beaucoup à souffrir, parce que de mauvaises langues publiaient que son mari consentait volontiers à porter des cornes d’or.

On convainquit mon père que, dans le temps qu’il lavait le visage de ceux à qui il allait faire la barbe, et qu’il leur faisait lever la tête pour cette opération préparatoire, un petit frère que j’avais, âgé de sept ans, leur enlevait adroitement ce qu’ils avaient dans le fond de leurs poches. Aussi ce petit saint est-il mort martyr sous les coups de fouet qu’on lui donna dans la prison. Mon père le regretta fort, parce qu’il savait se faire aimer et s’approprier tout.

Il fut lui-même arrêté pour de pareils enfantillages et d’autres bagatelles, quoique, suivant ce que l’on m’a raconté depuis, il soit sorti de prison avec tant d’honneur, qu’il était accompagné de deux cents cardinaux, que l’on ne traitait cependant pas d’Éminences. Les femmes, dit-on, se mirent aux fenêtres pour le voir, parce qu’il eut toujours très bonne mine à pied et à cheval. Je ne dis pas cela par vaine gloire, on sait que je n’en ai jamais eu.

Ma mère cependant n’essuya pour lors aucun désagrément personnel. Une vieille, qui m’a élevé, me disait un jour, en faisant son éloge, qu’elle était si obligeante, que tous ceux qui la fréquentaient en étaient enchantés. Elle me raconta pourtant qu’elle avait dit au sujet d’un cocu volontaire certaine chose qui, rendue publique, l’aurait fait emplumer. Elle eut le renom de rendre aux filles, quand elles l’avaient perdu, ce qu’elles ont de plus précieux, et de rajeunir, en faisant disparaître les cheveux blancs. Les uns l’appelaient appareilleuse de goûts, bailleuse de mésintelligences, et par sobriquet, entremetteuse et flux de bourse. L’air riant avec lequel elle entendait tout cela la faisait aimer encore davantage.
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Considérant que cette secte infernale de rimeurs, dépeceurs de mots et destructeurs de raison, condamnés à rêver continuellement, à communiquer aux femmes la maladie de poésie : nous déclarons qu’au moyen de ce mal dont nous les avons infestées, nous nous tenons quittes envers elles, pour celui qu’elles nous ont fait au commencement du monde.
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Personne n’ignore que deux amis dévorés d’une égale cupidité ne manquent pas, s’ils demeurent ensemble, de chercher à se tromper l’un l’autre.
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Mon premier soin fut de regarder si je ne voyais point de chats, et comme je n’en aperçus aucun, j’en demandai la raison à un ancien domestique qui, par sa maigreur, annonçait ce qu’était la pension. Celui-ci me répondit d’un ton lamentable : « Des chats ! Eh ! qui vous a dit qu’ils soient amis des jeûnes ? À votre embonpoint on reconnaît facilement que vous êtes ici tout nouveau. »
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Nous nous coulions d’un côté de la rue à l’autre, comme des couleuvres, pour éviter les maisons des créanciers. L’un lui demandait le loyer de la maison, un autre celui de l’épée qu’il portait, un autre celui des draps et des chemises ; de sorte que je compris qu’il était un chevalier de louage, comme une mule.
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Oh ! la misérable vie ! car il n’en est pas qui le soit plus que celle des fous, qui gagnent de quoi vivre avec d’autres fous comme eux.
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Dans le commandement de Dieu : Tu ne tueras pas, il comprenait les perdrix, les chapons et les autres choses qu’il était décidé à ne pas nous donner, et jusqu’à la faim même, car il semblait tenir pour péché, non seulement de la tuer, mais de la nourrir, tant il était avare du manger !
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On servit dans des écuelles de bois un bouillon si clair, qu’en voulant le boire, Narcisse aurait couru plus de dangers qu’à la fontaine.
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J’écrivis chez moi qu’il n’était plus nécessaire que j’allasse à l’école, quoique je ne susse pas bien écrire, parce qu’écrire mal était tout ce qu’exigeait le rôle de gentilhomme que je voulais jouer.
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