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Jacques Ancet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070435968
304 pages
Gallimard (05/01/2011)
4.12/5   8 notes
Résumé :
Le monde est toujours « la branloire pérenne » dont parlait Montaigne. Peindre le passage ; tout ce qui vacille ; tout ce qui tourne et retourne ; tout ce qui plie, se déplie, se replie et échappe n’offrant que peu ou pas de prise relève de cet esprit baroque contemporain d’un monde en voie de dislocation. Aujourd’hui comme hier. Ici ou là-bas quand il s’agit de résister à la langue imposée toujours plus affadie, abâtardie en quelques représentations visant à toujou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
«Borges, dans l'un des textes qu'il consacre à Quevedo, s'étonne de ne pas le voir figurer au Panthéon de la littérature universelle, alors qu'il le tient pour «le plus grand artiste des lettres hispaniques». Sans doute, avance-t-il, parce qu'à son nom n'est associé aucun de ces grands symboles qui marquent l'imaginaire collectif. [...] En effet, la grandeur De Quevedo est avant tout verbale. Son oeuvre n'est celle ni d'un philosophe ni d'un théologien, ni d'un penseur politique. Elle est d'abord celle d'un poète au sens le plus large et en même temps le plus précis du terme. Ses idées sont communes et empruntées et il n'invente aucune des formes littéraires qu'il manie avec une virtuosité sans égale. Autrement dit, ce qu'il nous laisse, c'est un passage de vie qui ne s'incarne dans aucune figure universelle, aucun symbole, aucun événement pathétique mais dans le flux ininterrompue d'une incomparable force de langage où le laconisme le dispute à l'hyperbole, la fulgurance à la surcharge, la simplicité à la complexité. Cette force, on la retrouve concentrée dans ses poèmes et, en particulier, dans un certain nombre de sonnets parmi les plus mémorables de la poésie espagnole. Car Quevedo, avec quelques-uns de ses grands contemporains – Malherbe, son rival Gongora, Shakespeare et John Donne – est sans conteste l'un des maîtres du sonnet européen. C'est donc comme tel qu'on le présente ici, en privilégiant dans son oeuvre foisonnante un genre qui, par son universalité, traverse les frontières et nous parle encore directement.»
Jacques Ancet.
Lien : http://www.gallimard.fr/Cata..
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102 sonnets, choisis, présentés et traduits par Jacques Ancet, du grand poète espagnol Francisco de Quevedo (1580-1645).
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
À Aminta, qui s’est couvert les yeux de la main



M’ôte le feu, neige me fait faveur

la main sous qui tes yeux ont disparu ;

n’est pas moins dure avec qui elle tue,

ni moins de flammes anime sa blancheur.



Le regard boit d’incendies la fraicheur,

et volcan aux veines les distribue ;

le cœur amant d’une peur prévenue,

craint tout ce blanc, car il le sent trompeur.



Si de tes yeux le brasier souverain,

tu le passes en ta main pour l’apaiser,

c’est là grande pitié du cœur humain ;



mais pas de toi, car il peut, éclipsé,

puisqu’elle est neige, liquéfier ta main,

si cette main ne veut pas le glacer.
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À LISI COUPANT DES FLEURS
ET ENTOURÉE D'ABEILLES


Les roses non coupées sont indignées,
Lisi, du choix que tu fais des meilleures ;
celles que tu foules restent inférieures,
de conserver la trace de ton pied.

Toi si beau leurre aux abeilles abusées
qui courtisent tout empressées tes fleurs ;
leur appétit leur vient de tes couleurs :
leur goût tu nargues et ris de les tromper.

Puisque sur moi ton état n'est point tel
qu'il s'apitoie, de l'essaim merveilleux
prenne pitié ton printemps éternel.

Il sera fortuné, et moi heureux,
s'il tirait cire de ton buste, et miel
de ton doux visage miraculeux.

p171
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Avec traduction de Jacques Ancet.

¡Fue sueño ayer; mañana será tierra!
¡Poco antes, nada; y poco después, humo!
¡Y destino ambiciones, y presumo
apenas punto al cerco que me cierra!

Breve combate de importuna guerra,
en mi defensa soy peligro sumo;
y mientras con mis armas me consumo
menos me hospeda el cuerpo, que me entierra.

Ya no es ayer; mañana no ha llegado;
hoy pasa, y es, y fue, con movimiento
que a la muerte me lleva despeñado.

Azadas son la hora y el momento,
que, a jornal de mi pena y mi cuidado,
cavan en mi vivir mi monumento.


Hier fut songe, et demain sera terre:
rien peu avant, et peu après fumée.
Et moi plein d’ambitions, de vanité,
à peine un point du cercle qui m’enserre!

Brève mêlée d’une importune guerre,
je suis pour moi le suprême danger.
Et tandis que je sombre tout armé,
moins m’abrite mon corps qu’il ne m’enterre.

Hier n’est plus; demain s’annonce à peine;
Le jour passe, il est, il fut, mouvement
qui vers la mort précipité m’entraîne.

Chaque heure est la pelle, chaque moment
Qui pour un prix de tourments et de peines,
Creuse au cœur de ma vie mon monument.
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SOUFFRIR OBSTINÉ
SANS RÉPIT NI SOULAGEMENT


Avril colore les champs que captivent
gel effilé et neige déchaînée
d'un très sombre nuage obscur et, bien parées,
déjà brillent à l'entour les feuilles vives.

Il découvre les termes de la rive
le courant vif au soleil apaisé ;
et la voix du ruisseau, articulée
sur les pierres, défie l'air qu'il la suive.

Les ultimes absences de l'hiver
des montagnes sont les lointains échos,
signe de déroute, l'amandier vert.

Au fond de moi, pas de printemps nouveau,
l'amour y vit et y brûle l'enfer,
et c'est un bois de flèches et de faux.

p.207
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Tu montres, de prodiges couronné,
sépulcre foudroyant, mont insidieux,
les prouesses de la neige et du feu
et l'incendie dans les glaces logé
L'hiver s'embrase en flamme hérissé,
de pluies de grêle il abreuve le feu;
tu gémis: il tonne; tu souffles, il pleut
en cendres sur ton corps éparpillé.
Si je n'étais pas né pour si grand mal
tu n'aurais, oh! Etna! aucun émule
tu serais un beau monstre et sans égal.
Mais comme dans la neige en feu, je brûle
Etna d'amour, Encélade vivant,
En ce monde je suis ton double ardent.
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Videos de Francisco de Quevedo (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francisco de Quevedo
Un extrait de l’émission « Poésie sur parole », par André Velter, diffusée le 5 juillet 2003 sur France Culture. Invité : Bernard Pons, traducteur des sonnets chez José Corti.
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