Dark Room c'est une merveilleuse BD sur les années 60 et 70 dans le Sud des États -Unis .
C'est plus un roman graphique qu'une BD classique , d'ailleurs le format est plus celui d'un gros bouquin , 254 pages tout de même , en noir et blanc , symbolique particulière car le titre Dark Room est une référence aux nombreuses photos que le père de l'auteur faisait ' la chambre noire où il développait les photos ' et bien sûr le sujet du livre , la ségrégation raciale aux États- Unis et les premières protestations des noirs Américains qui se battaient pour leurs droits constitutionnels .
L'auteur qui est Argentine raconte l'arrivée de son père aux États - Unis , sa méconnaissance bien sûr de la situation raciale , il propose à une chorale ' noire ' de venir chanter chez ' les blancs.' et provoque un beau tollé dans les deux communautés .
L'auteur dépeint ses souvenirs d'enfance , elle perçoit d'abord que la situation n'est pas normale , plus elle grandit plus elle va s'en rendre compte , notamment lorsqu'elle apprend à lire , elle va voir les affiches sur les restaurants ' réserve aux blancs ' , lira un livre dans la bibliothèque de sa grande soeur ' Dans la peau d'un noir ' , l'auteur avait noirci sa peau et a parcouru le Sud des États- Unis .
Lila Quintero épingle avec brio les paradoxes de l'Amérique des années 60 ' tant d'abondances , tant de contradictions note - t - elle .
L'enfant qu'elle est à l'époque comprend que même l'histoire de l'Alabama pendant la guerre de Sécession est édulcorée .
Elle même n'a pas vraiment sa place dans la société américaine de l'époque , elle est différente , de peau brune , alors que le modèle américain idéal est d'être blonde aux yeux bleus , heureusement ses parents sont intelligents , créatifs , ont une grande ouverture d'esprit , leur statut d'immigrés leur fait voir les événements de façon différente des gens du coin pour qui la ségrégation est normale et naturelle .
Pour la petite fille ses parents ont un travers qui la mets mal à l'aise , ils parlent espagnol à la maison mais également en public car ils espèrent retourner rapidement en Argentine , ils resteront pourtant 10 ans en Alabama , pour sa part Lila oubliera très vite sa langue maternelle pour s'intégrer dans sa nouvelle vie , pour elle c'est presque une question de survie .
C'est un livre passionnant , que je conseille vivement , l'auteur nuance toujours son propos .
L'auteur choisit de rester vivre aux États - Unis et de ne pas retourner en Argentine avec ses parents , à 18 ans elle devient citoyenne américaine , pourtant il a quelques années à peine , elle entreprend enfin le voyage en sens inverse avec son fils adolescent , là et celle va la bouleverser , elle va voir par elle - même que le racisme est non seulement universel mais toujours bien présent , même en Argentine ' les plus basanés ' sont en bas de l'échelle .
En résumé une très belle lecture .
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Lila se remémore son enfance dans les années 60 à Marion en Alabama. Elle observe, avec ses yeux d'enfant, la ségrégation dans le Sud des États Unis. Argentine, elle est considérée par les autres comme ni blanche ni noire.
C'est un récit intéressant sur cette période, qui est un point de vue sur le racisme des années 60. Elle montre également les évolutions après la fin de la ségrégation. Si elle n'existe plus, les mentalités n'ont pour autant pas changé. Cette BD nous donne envie de nous renseigner davantage sur cette période et sur le mouvement des droits civiques.
Néanmoins, cette BD est toujours d'actualité. Elle nous fait réfléchir sur ce qui a changé aujourd'hui ou non. Elle fait à la fois écho à la situation aux États Unis avec le mouvement Black Lives Matter ou à la situation en France avec les violences policières.
Le dessin est assez réaliste, tout en noir et blanc. le livre est divisé en chapitres et la mise en page est assez déroutant. Néanmoins, on s'y habitue assez rapidement. Une BD qui mérite d'avoir plus de lecteurs/lectrices.
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Magnifique roman graphique traitant des droits civiques aux États-Unis à travers le regard d'une petite fille métis qui arrive d'Argentine. Le trait au crayon est sublime. Beaucoup de transpositions donnent une valeur historique incontestable à cette autobiographie intimiste.
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