L’union de Jean et Marguerite Moulin soufre de l’ombre envahissante de Mme Cerruty. Non contente de répendre des bruits sur la fidélité de sa fille celle-ci conspue son gendre et les Moulin, qu’elle voit comme « des athées, des politicards de gauche » coupables de lui avoir « volé son enfant » et de convoiter sa fortune.
Drôle, rigoureux, artiste, héroïque, passionné, libre, intelligent, fidèle à ses idées, Jean Moulin était tout cela, et bien plus encore.
L’ampleur de la mission « Rex » se précise. L’ex-préfet devient le représentant personnel du général de Gaulle et le délégué du Comité national en zone libre, avec pour objectifs de placer les chefs résistants sous l’autorité du général, et réaliser l’unité d’action de tous les éléments qui résistent à l’ennemi et à ses collaborateurs.
Devant l’impossibilité de fuir et la crainte de céder, Jean Moulin ne voit qu’une issue : La mort. « Elle ne me fait pas peur. Je sais que le premier être humain qui pourrait me demander des comptes, ma mère, me pardonnera lorsqu’elle saura que j’ai fait cela pour que des soldats français ne puissent être traités de criminels et pour qu’elle n’aie pas à rougir de son fils. »
Alors que son compagnon d’infortune s’est assoupi, Moulin s’empare d’un éclat de verre jonchant le sol et se tranche la gorge. Moulin se laisse aller. Il attend la mort.
La ligne éditoriale de Gringoire n’est pas plus compatible avec les idées politiques d’un homme de gauche ; ( …) Cette apparente contradiction révèle, en filigrane, la capacité de « Moulin-Romanin » à comprendre des tendances et des individus si différents de lui, d’une façon finalement très similaire à l’ouverture d’esprit dont il fera par exemple preuve, courant 1941, lors de ses discussions avec Henri Frenay, du mouvement de résistance combat et partisan déclaré de la révolution nationale. Enfin, Romanin n’est pas Moulin. Le premier dispose d’une liberté interdite au second.
Bien que laïc convaincu, il connait par cœur des vers du poète catholique Charles Péguy, témoignant encore ici d’une largeur d’esprit.
Après vingt mois de mariage, Jean Moulin demande le divorce en mai 1928. Ce ne fut qu’à la veille de sa demande qu’il nous informera, précise Laure. Il obtient, par l’intermédiaire de son avocat, que le tribunal civil de Chambery prononce, le 19 juin 1928, un divorce « aux torts et griefs de la femme, défenderesse défaillante faute de comparaître, ni personne, ni pour elle.