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Critique de AMR_La_Pirate


Encore une fois, c'est grâce à un podcast France Culture que je redécouvre cette tragédie de Racine dont, malheureusement, je ne possède plus le livret. Merci à ma liseuse qui contient l'intégrale du théâtre racinien !
Avec Bérénice, en 1670, Racine entre en lutte ouverte avec Corneille et sa pièce Tite et Bérénice. le sujet leur aurait été proposé à tous les deux par Henriette d'Angleterre…

Cette pièce est une histoire d'amour et de devoir… Racine en parle ainsi : « Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu'on croyait, lui avait promis de l'épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire. Cette action est très fameuse dans l'histoire, et je l'ai trouvée très propre pour le théâtre, par la violence des passions qu'elle y pouvait exciter ».
Dix ans auparavant, Louis XIV avait renoncé à sa passion pour Marie Mancini et peut-être tenait-on à l'en louer. Dans le système dramatique de Racine, il s'agit bien ici à la fois de plaire et d'émouvoir tout en privilégiant la vraisemblance, la bienséance et le respect des sources historiques.

L'intrigue de Bérénice est d'une grande simplicité, concentré sur une seule question et sur une résolution sans effet spectaculaire : Titus épousera-t-il Bérénice ? La réponse est non car il la renvoie, malgré leurs sentiments respectifs l'un pour l'autre. Racine a voulu ici « faire quelque chose de rien ».
Titus, empereur de Rome, et, Bérénice, reine de Palestine, s'aiment. Antiochus, le meilleur ami et confident de Titus aime aussi Bérénice en secret depuis des années. Apprenant que leur mariage doit se faire le soir même, il décide d'avouer son amour à Bérénice, qui ne voit en lui qu'un ami. Titus, parce qu'il est empereur romain, ne peut épouser une reine ; les lois de Rome l'interdisent. Déchirés, les trois personnages décident de se séparer. Bérénice rentre donc chez elle et Antiochus rejoint ses terres.
Cette pièce très dépouillée illustre une crise passionnelle, déjà inscrite dans le temps, contenue depuis longtemps et donc prête à éclater.
Dans Bérénice, personne ne meurt, ne se suicide ou ne tue ou fait assassiner : « ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie ».

J'ai toujours considéré cette pièce comme une tragédie belle et reposante. L'absence de dénouement sanglant peut en effet surprendre : Certes, Bérénice menace de se suicider mais, finalement, elle accepte la séparation imposée… D'une certaine manière, elle n'est pas vaincue ; en effet, elle n'a pas de rivale, est convaincue, devant les larmes de Titus, qu'il l'aimera toujours ; elle échappe aux tortures de la jalousie et s'élève moralement en renonçant à lui.
L'ambiance générale de la pièce est dominée par la tristesse et la désespérance et non par la fatalité ou la cruauté du destin. Les personnages sont malheureux, blessés, hésitants mais profondément sincères et honnêtes.
Depuis sa découverte au collège ou au lycée, le personnage de Bérénice m'a toujours touchée ; c'est une femme digne dans le malheur, tendre et sublime à la fois, exemplaire, qui suit son amant sur la voie de l'honneur et du devoir. Si elle renonce à se suicider, c'est pour sauver la vie de Titus qui a juré de la suivre dans la mort.
Seul dommage collatéral : Antiochus, amoureux secret, ami et confident des amants. Ce personnage possède une beauté intérieure qui m'émeut encore aujourd'hui.

Un régal à écouter, à relire.

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