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Critique de boudicca


Quatre ans après la parution du « Port des marins perdus », splendide roman graphique mêlant aventures maritimes et poésie, Teresa Radice et Stefano Turconi nous replongent dans le même univers avec ces « Histoires de terre, de mer, de marins et de filles de joie ». Inutile d'avoir préalablement lu le premier ouvrage dans la mesure où, en dépit de quelques clins d'oeil qui feront fondre les lecteurs connaisseurs, ces nouvelles aventures se suffisent parfaitement à elles-mêmes. L'action se déroule dans l'Angleterre du début du XIXe siècle, et plus spécifiquement dans la ville de Plymouth, point de départ de plusieurs intrigues. On y fait la rencontre de personnages déjà aperçus dans « Le port des marins perdus » mais qui avait été cantonnés jusqu'ici au simple rôle de figurants, à savoir les prostituées du Pillar to Post. L'ouvrage est divisé en deux parties qui se focalisent sur deux de ces femmes en particulier : la première, June, va se prendre d'affection pour l'imposant guerrier maori qui vient d'être embauché pour assurer la sécurité du bordel ; la seconde, Lizzie, tombe sous le charme d'un noble désargenté féru de sciences naturelles. Parallèlement à ces deux récits, on suit également le parcours d'un capitaine, Allali, qui se voit confier une mystérieuse mission à Alger, ville dont il est originaire, ainsi que celui de sa soeur, fraîchement débarquée à Plymouth afin de le retrouver. le récit se déroule dans une ambiance « bon enfant » qui ne tarde pas à susciter l'attendrissement du lecteur.

Une grande partie de l'ouvrage est consacrée au quotidien du bordel et de ses occupantes qui suscitent majoritairement la sympathie, ou du moins la curiosité. Les auteurs abordent différents aspects de la vie de ces « filles de joie » (les passes, les clients violents…) mais le ton résolument optimiste et humaniste empêche toute impression de sordidité. Une vision édulcorée qui pourra déplaire à certains mais qui donne surtout l'impression de se trouver dans un agréable cocon, entouré de personnages pleins de bonté et d'humour. L'ouvrage se penche également sur la colonisation de la Nouvelle-Zélande et prend le temps d'aborder les croyances et les spécificités de cette culture jugée fort exotique par les Anglais mais souvent mal comprise. Les références littéraires sont pour leur part moins marquées que dans « Le Port des marins perdus », qui piochait allègrement dans William Wordsworth, Lord Byron, et surtout Robert Louis Stevenson. Ici, on pense davantage à Jane Austen (notamment dans la deuxième partie), avec ces jeunes filles désargentées mais sincèrement éprises, ces ambitieux désireux de nuire et ces vieilles tantes riches et (à première vue) très à cheval sur les convenances. Ces deux histoires d'amour et d'amitié sont néanmoins abordées sans la moindre mièvrerie, mais avec une tendresse contagieuse qui rend la lecture particulièrement plaisante. Un plaisir qui n'est, évidemment, pas sans lien avec les illustrations qui, contrairement à l'ouvrage précédent, a été imprimé en couleur, ce qui ne nuit en rien à leur charme (même si j'avoue garder un faible pour le crayonné du « Port des marins perdus »).

Teresa Radice et Stefano Turconi signent avec ce nouvel ouvrage un premier retour réussi à l'univers du « Port des marins perdus » dont on retrouve la sensibilité et la profonde tendresse portée aux personnages. Les dessins sont quant à eux toujours aussi beaux, et le scénario plein de rebondissements qui devraient, espérons-le, se poursuivre dans un autre volume puisque plusieurs des intrigues abordées ici n'ont pas encore trouvé leur résolution. Une lecture qui fait du bien en ces temps moroses !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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