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Citations sur Opus 77 (145)

Je me souviens de cet instant où nous nous retrouvons, le frère et la soeur. Les touches roulent sous mes doigts. Tout près de moi, j'entends sa respiration à lui qui s'accélère. Ensemble nous montons vers les hauteurs, sous mes yeux les notes s'affranchissent de la portée. Le violon de David geint et soupire, assume ses dissonances avant de revenir à moi au piano. Comme nous nous amusons de tout cela. Rires, pizzicatti, imprudents et impudiques. Enlacés, nous tournons et tournons au vu et su de tous. Pause, silence. Ricanements étouffés du clavier. Enfin le tempo s'accélère vers l'emballement final. Mes bras, mes épaules, ma nuque me font mal, nous jouons vite et fort. Nous atteignons la note finale.
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La main est un drôle d'animal. Elle prend, touche, pince, caresse ou frappe. Elle appuie sur la partie qui fait mal - ventre, poitrine, tête. Elle ausculté, elle apaise. C'est elle aussi qui serre la main de l'autre, perçoit sa chaleur ou sa nervosité. Une porte vers le monde extérieur, voilà ce qu'est la main. C'est elle encore qui vient se poser sur l'être aimé, l'homme, la femme, l'enfant. La solitude absolue est celle du toucher. vous aurez beau jouir d'une vie sociale et professionnelle frénétique, si vous ne touchez jamais personne alors vous serez plus seul qu'une pierre. Et les pianistes alors ? Pour eux c'est encore pire. C'est une question de vie ou de mort. La main est leur unique moyen d'expression. La courroie de transmission qui permet d'exprimer sa sensibilité, son trop-plein ou si vide abyssal. Quand la main du pianiste est en souffrance, alors c'est le monde entier qu'il faut repeindre en noir.
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Question mémoire, je tiens plutôt de mon père. Il me suffit de lire le morceau puis de le déchiffrer une fois au clavier pour le connaître par coeur. Ensuite, plus besoin d’y revenir, il s’agit plutôt de se forcer à tout oublier pour tout réinventer à sa manière. L’interprète doit jouer l’histoire d’un autre comme s’il racontait sa propre vie, pour la toute première fois, ou pour la toute dernière avant de mourir, alors qu’en réalité, tout est déjà consigné, tout s’est déjà passé. Un autre, le grand, l’immense compositeur, a tracé le destin de la pièce, nuances comprises, de fortissimo à pianissimo, du hurlement total au silence absolu. Que voulez-vous y faire sinon tout ressasser ?
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Vous êtes priés de vous tenir avec un minimum de dignité devant la dépouille de mon père. Votre patience, croyez-le bien, sera récompensée. Ecoutez bien, maintenant, écoutez notre histoire ; celle de ma mère, celle de mon frère et celle d’Ariane Claessens, qui joue pour vous de mémoire ; cette fois, je vous le garantis, vous m’aurez nue comme au premier jour.
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Ils sont parfois venus de loin, de l’autre bout du monde, de Russie, d’Argentine ou de Chine, pour étudier l’art du clavier entourés des meilleurs professeurs. La concurrence est féroce. La somme de travail phénoménale, le don de soi total, obligatoire, sine qua non.
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Le piano, c'est ma vie. Si je ne joue pas, je me désaccorde, je deviens cacophonie. [...]
Presser ces fichues touches blanches et noires, c'est le meilleur moyen que j'aie trouvé pour ne pas m'effondrer. Il n'y a que la musique pour faire face à la mort.
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C'est un gouffre, cette vie de pianiste, un gouffre noir. Il faut l'aimer ; il faut l'aimer pour continuer à avancer, sinon le gouffre vous dévore.
Notre instrument se suffit à lui-même, c'est là notre malédiction tout autant qu'une chance insensée. Le répertoire pour piano seul est un gigantesque continent. [...]
Aucun autre instrument ne vous condamne à une telle solitude.
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La solitude absolue est celle du toucher. Vous aurez beau jouir d'une vie sociale et professionnelle frénétique, si vous ne touchez jamais personne alors vous serez plus seul qu'une pierre.
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Et puis les violonistes voyagent avec leur instrument; il fait office de doudou dans les moments difficiles, les plages de dépression : le violon est le meilleur ami du violoniste, sa boussole, sa part d'enfance aussi, il ne s'en sépare pour ainsi dire jamais;
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La pire des punitions n'est pas la critique, même acerbe, mais l'oubli.
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