Dans les sables du temps

Être roi représente la plus grande des responsabilités et l’honneur le plus prestigieux qu’on puisse m’avoir accordé. Je suis né entouré de certains privilèges, comme beaucoup d’entre vous tous, mais j’ai aussi dû payer un prix très lourd pour les mériter. Je sais qu’un roi doit à chaque minute veiller sur son peuple, mais je dois dire que ces derniers jours je me suis mis à m’interroger: quel roi serais-je si j’étais vide à l’intérieur de moi-même ? Quelles émotions pourrais-je transmettre, en dehors du jeu diplomatique et du sentiment du devoir avant tout, afin d’obtenir votre compréhension dans un domaine sans rapport avec mon rang dans la hiérarchie d’Azhat ? Et quel roi serais-je si je n’étais pas capable de défier les conventions vides au profit de quelque chose qui me tient vraiment à cœur ?

Je suis un homme d’honneur. Je ne sauve pas les femmes pour ensuite abuser d’elles. Mon métier, c’est de veiller sur la sécurité des autres, pas de profiter de leurs faiblesses pour satisfaire mes désirs, tous les désirs qui pourraient me passer par la tête.

Pénétrer le corps humide et offert d’Adara était comme entrer au paradis. Elle était réceptive, voluptueuse et les sons qui sortaient de sa bouche tandis qu’il l’embrassait, qu’il suçait ses tétons délicieux et léchait ses seins généreux le rendaient fou. Elle avait des fesses galbées et des jambes fines. Une peau soyeuse sur laquelle il avait plaisir à se laisser glisser, une vraie tentation.

Un prince ne devrait jamais perdre patience ni manquer au décorum, et il n’avait pas la possibilité de poursuivre la seule femme pour laquelle il ressentait, en dépit du passage su temps, une poussée de désir qui menaçait de provoquer une crise internationale, quelle que soit son envie de lui emboîter le pas et de faire disparaître sa haine sous d’ardents baisers.

L’un des avantages d’être entourée de femmes d’où émanait la sensualité, de femmes si ouvertes dans bien de nombreux domaines, c’était de pouvoir se sentir en accord avec elle-même… Malheureusement les concubines ne pensaient pas à l’amour, ni à abandonner le harem. Elles vivaient dans un confort mental total, et ça, c’était ce que détestait Adara. Comment pouvait-on se contenter de si peu,quand tout un monde vous attendait là, dehors?

Les femmes du harem livraient leurs corps dont elles faisaient un instrument d’apprentissage, un mode de divertissement et d’exploration. Alors qu’elles devaient se consacrer à donner du plaisir aux membres de la famille royale, Adara les surprit souvent la nuit à laisser entrer les soldats du palais dans leurs chambres. Elles mettaient à profit avec les hommes ce qu’elles avaient appris les unes des autres.

Tout le monde savait que les femmes du harem se caressaient mutuellement, touchaient et exploraient leurs corps. Aucune n’avait jamais permis à Adara de prendre une part active dans ces moments avant ses quatorze ans, et même après, on ne l’avait autorisée qu’à assister aux ébats.

Cette initiation a pour but d’enseigner au prince comment se satisfaire mais aussi comment satisfaire une femme, de sorte qu’il se montre capable d’engendrer la génération royale suivante. Elle est considérée comme indispensable pour assurer la fertilité sans faille du successeur du roi actuel et donc la permanence de la lignée.  
Au cours de la seconde initiation sexuelle, les rôles sont inversés, et c’est le prince héritier qui doit choisir une concubine vierge, déjà éduquée à se plier à tous les plaisirs que le jeune homme sera disposé à lui enseigner.

“Les mots sont impuissants quand ce qu’il faudrait dire jaillit de l’âme.”
Julio Cortázar.