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Critique de ODP31


ODP31
28 décembre 2020
Insomnie au pays du soleil levant.
Je viens de finir un redoutable recueil de nouvelles nippones où il n'est pas une seule fois question de geishas friponnes ou de Yakuzas taciturnes en kimono. Il faut que je me méfie, je vais finir par être victime du syndrome de la maturité. Je sais, c'est jeune pour un homme de 47 ans. J'ai toujours été précoce.
Bon, pour ne pas heurter trop vite ma profonde maîtrise de la culture nipponne, acquise, c'est pour dire grâce à l'intégrale des « Chevaliers du zodiaque » et le visionnage en cachette de « l'Empire des sens », j'aborde humblement le registre policier et fantastique.
Je n'en suis pas encore à me laisser hypnotiser pendant deux cents pages par la description experte de la taille d'un bonsaï et je pourrai toujours me faire hara-kiri à la lecture de ces interminables cérémonies du thé que je ne peux pas saké !
Edogawa Ranpo (1894-1965), pseudonyme phonétique en hommage à Edgar Allan Poe, n'est pas comme tout un chacun, et moi en particulier, n'importe qui. C'est le Sensei de la littérature policière dans son archipel.
Le maître a toujours assumé certaines influences occidentales comme Conan Doyle, H.G Wells ou Gaston Leroux. Merci la préface. Cette affinité relève de l'évidence dans ses nouvelles qui se nourrissent de mystères, de crimes et d'un certain goût pour le macabre. Ranpo y ajoute des intrigues amoureuses, des désirs obsessionnels et certaines perversions du corps et de l'âme plus adultes. C'est cette touche plus marquée de libido qui démarque l'auteur de ses références.
Il n'hésite pas également à parler à son lecteur, à le prendre à témoin, à en faire son Watson à l'occasion, son complice à d'autres moments.
Au menu, pas de sushi mais des soucis pour des époux adultères, des maris qui aiment jouer à la poupée, des suicides en série et des auteurs en quête du meurtre parfait.
La nouvelle « Les crimes étranges du docteur Mera » qui traite du voyeurisme est aussi fascinante que le Fenêtre sur cour d'Hitchcock. Copie parfaite.
« La Grenade » mérite aussi d'éclater à vos yeux, tant la mécanique de cette histoire autour de l'identité d'une victime débarbouillée à l'acide sulfurique sait prendre le lecteur et l'enquêteur à revers. L'art de maquiller son crime.
On glisse dans « L'abri antiaérien » en 1945 pendant les attaques aux bombes incendiaires sur Tokyo en 1945 où un jeune homme fait une rencontre d'un soir pour le souvenir d'une vie. Mirage sous l'orage.
La première nouvelle donne son titre au recueil et suit les interrogations d'une jeune épouse face à la manie de son mari de s'enfermer chaque nuit dans son grenier. La curiosité est un vilain défaut, les héroïnes de ce genre d'histoire ne l'ont jamais compris, par la sainte Barbe… bleue.
Toutes ces histoires voisinent donc avec l'étrange et se dégustent sans baguette mais avec des doigts… frissonnants.
Sayonara.
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