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Citations sur Les Mémoires d'un fasciste (tome 2) (6)

Le Duce avait toujours professé des idées saines, réalistes. Par sa bouche, le fascisme s’opposait à la lutte des classes, fondait les classes sociales en une seule réalité économique et morale. Il optait pour la qualité contre la quantité, il refoulait le dogme démocratique qui assimilait le peuple au plus grand nombre d’individus et le rabaissait à ce niveau. Au lieu de berner l’électeur par l’octroi de droits illusoires, il l’aidait à accomplir un devoir. Il disait que la liberté abstraite n’existait pas, mais qu’il fallait conserver des libertés précieuses. Il affirmait l’inégalité irrémédiable, mais bienfaisante et féconde, des hommes qui ne peuvent devenir égaux par un fait mécanique et extrinsèque tel que le suffrage universel. Le fascisme surtout restaurait, exaltait le civisme en persuadant le plus simple travailleur qu’il œuvrait à la prospérité et à la grandeur de la nation indivisible.

Le Duce, formé par Renan, Georges Sorel, Maurras, le socialiste Lagardelle, avait ardemment désiré l’accord latin avec la France. Elle lui avait répondu par le canal de Paul-Boncour – lui-même personnage de guignol – le traitant en pleine Chambre de « César de carnaval », par le député socialiste Renaudel, jetant à la figure d’un député fasciste, au cours d’assises internationales à Genève : « Dans un pays où il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de justice. » Les F… du Grand Orient et de la Grande Loge ne pardonnaient pas à Mussolini d’avoir évincé les maçons des fascios, et toléré l’assassinat du député maçon Matteoti, au cours d’une tornade parlementaire qui avait failli le renverser. Ce sectarisme de la IIIe République contenait les germes de la guerre idéologique.
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Il paraît que vous représentez le cinéma français. Je ne vous félicite
pas. Votre cinéma est une ordure, et vous en êtes tous responsables. Nous pouvons très bien le considérer comme une arme de guerre et le supprimer, l'anéantir.Vous êtes des vaincus, qui n'ont pas volé leur défaite. Vous ne méritez aucune confiance de notre part. Cependant puisque votre gouvernement de Vichy prétend avoir des intentions pacifiques, nous allons vous laisser une chance. Vous aurez six mois pour montrer si vous êtes capables de sortir de votre ordure, de fabriquer des films à peu près propres. Passé ce délai, si nous estimons que vous n'avez pas abouti, vous pourrez aller chercher un autre travail. Votre public verra des films
allemands, pour se régénérer, s'il le peut. Le cinéma français sera interdit
définitivement. Nous aurons écrasé cette cochonnerie.
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J'avais eu besoin d'un papier que je respecterais un peu, où ma littérature prendrait un aspect moins provisoire. Je n'avais jamais fait de brouillon jusque-là que pour me mettre en train. Les dimensions prévues de mon roman me commandaient d'établir dès le premier jet un texte qui fût à peu près définitif. Toutes les conditions étaient maintenant réunies pour que je me misse sérieusement à la grande entreprise.
Un beau papier vierge m'a toujours un peu intimidé. J'hésitai quarante-huit heures devant le mien. La sagesse aurait été de retranscrire d'abord au moins les deux chapitres qui étaient presque dans leur forme, et la perfection de cette sagesse de tout reprendre au premier chapitre. Mais j'étais de plus en plus impatient d'aller de l'avant, de m'enfoncer dans mon vrai sujet après les quelques pas que je venais d'y faire.
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Si la « bouffe » restait une préoccupation un peu écœurante, ce n'était plus par nécessité, mais en manière d'exploit, pour composer des menus dont le pantagruélisme aurait paru indécent sur une table bourgeoise avant 1940, pour exhiber quelque denrée réputée introuvable.
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Les barbares hitlériens avaient épargné la mobilisation aux musiciens d'orchestre et aux chanteurs. Nous entendions les cinq grands opéras avec Clemens Krauss au pupitre, des distributions idéales — Don Juan dans un décor noir et blanc à la Manet, Les Noces de Figaro à la Hofburg,aux chandelles, avec la divine Maria Cebotari — le Directeur de théâtre dans une charmante bonbonnière de Schoenbrunn, les symphonies dirigées par furtwängler, les sonates jouées par Elly Ney.
Nous conservons au cours de notre existence une centaine d'images fortuites,qui restent gravées après de longues années avec la même vivacité, alors que nous ne gardons rien de tant d'événements historiques.
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Ces Russes mourant pour la faucille et le marteau étaient bien des barbares dignes du seul knout. Nous avions adopté sans examen la thèse hitlérienne d'une ruée imminente, en juin, des hordes rouges sur l'Occident, heureusement déjouée par l'attaque de la Wehrmacht. Nous ne songions même pas à nous étonner qu'une vaste armée, même soviétique, prête pour l'invasion, eût subi dès les premiers jours, sous un choc en somme préventif,de si cuisants revers.
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