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Citations sur Malédiction du sang (10)

Le titre JOURNAL INTIME était imprimé en lettres dorées sur la couverture et les pages étaient bordées de minces frises ondulées aux couleurs de l'arc-en-ciel. Ellen, qui n'avait jamais tenu de journal intime plus de quelques jours, sentit soudain l'attraction qu'exerçait ce livre sur elle, le désir de le posséder pour couvrir ses pages de mots n'appartenant qu'à elle-même.
Elle l'ouvrit avec précaution de crainte de l'abîmer, consciente de son ancienneté, de la fragilité de sa tranche qui craquait, et lut sur la page de garde :

Ce livre appartient à
Ellen Laidlaw
1878
Pour le protéger des regards trop curieux
Malheur à celui qui y jettera les yeux
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C'était une journée glaciale, et le manteau d'Andy gardait le froid pénétrant de la rue. Il était tout différent du garçon qu'elle avait vu pour la dernière fois il y avait des années. Pour commencer, il avait grandi d'au moins soixante centimètres et, quand il la salua, sa voix était beaucoup plus grave qu'autrefois. Son visage avait également changé, perdu sa rondeur et sa fraîcheur de teint. Ses traits étaient marqués et le resteraient pendant toute sa vie d'adulte. Il avait un nez plutôt large, des pommettes hautes et une mâchoire forte. Les coins de sa bouche se relevaient comme autrefois, mais à présent l'effet était plus séduisant qu'impertinent. Ses cheveux était coiffés dans un style identifiable, au lieu de donner l'impression que sa mère les avait taillés à la diable avec des ciseaux de cuisine. Ils étaient toujours du même châtain foncé, mais lustrés, probablement tout propres, et retombaient sur des yeux bleu aussi nonchalants et malicieux qu'à leur première rencontre.

- Tu as changé, lui dit-elle sur un ton presque accusateur.

- Toi aussi, répliqua-t-il. C'est ce qu'on appelle la puberté.

Il conserva son sourire en s'efforçant de dissimuler sa stupeur. La grand-mère d'Ellen l'avait pourtant prévenu, mais il était effaré de sa maigreur. Ses yeux gris cernés de noir paraissaient immenses dans un visage tout en plans et en angles. Sa chevelure autrefois soyeuse était plus longue, terne et peu fournie, tombant sur ses épaules. Sa main était frêle et froide ; lorsqu'il la prit doucement, il eut l'impression d'en sentir chaque os.
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Il se pencha vers elle pour l'embrasser sur la joue, mais au même moment, Ellen tourna la tête et sa bouche rencontra la sienne. Les lèvres d'Andy étaient chaudes contre les siennes, sa peau froide. Il la serra dans ses bras. Elle étais si mince, perdu dans son épais manteau, comme s'il ne restait presque plus rien d'elle. Il resserra son étreinte, tout au désir de la protéger, de la sauver, d'être toujours là pour elle.
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10 mars 1878. J'écris mon journal pour m'occuper l'esprit, pour détourner mes pensées de ce que je vais dire à mon père. Papa voudrait, ou plutôt a décidé que je repartirais avec le comte et la comtesse sur le continent. [...] Je vais vivre avec eux, voyager avec eux, découvrir le monde. Il estime que c'est pour moi une chance inespérée. [...] Pendant un instant, j'ai été incapable de saisir le sens de ses paroles. Quel monde ? De quoi parlait-il ? De bals et de débutantes ? Il sait pourtant que ce n'est pas ce que je veux. Je me moque du 'monde'. Je veux devenir médecin. Rien d'autre ne m'intéresse, ni maintenant, ni jamais. C'est ce que je désire depuis toujours.
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Ellen aurait voulu poursuivre la lecture du journal de son arrière-arrière-grand-mère dès qu'elle aurait regagné sa chambre, mais le lait l'avait assoupie et elle avait du mal à se concentrer sur sa petite écriture bien nette. Abandonnant le passé, ses pensées dérivèrent vers l'avenir immédiat : quel temps ferait-il demain ? Que pourrait-elle bien raconter à Andy ? Et surtout, serait-elle en forme ? Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'était pas sortie. Pourrait-elle tenir le coup sans s'évanouir, ou sans qu'il lui arrive rien d'aussi gênant ?
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La pluie frappait le pare-brise tandis que la voiture glissait dans un bruissement à travers les rues détrempées de ce mois de novembre. Les piétons étaient peu nombreux sur les trottoirs habituellement populeux de Londres. Les rares à s'être risqués au-dehors titubaient, renfrognés, voûtés, emmitouflés dans leurs manteaux. Ellen frissonna et se réjouit d'être en voilure.

- Ça va, ma chérie ? demanda sa mère, qui était au volant, sans se retourner, mais d'une voix empreinte d'inquiétude. Tu es sûre d'avoir assez chaud ? (Son regard anxieux chercha le sien dans le rétroviseur.) Il doit y avoir une écharpe sur le siège arrière : tu devrais peut-être la prendre...

- Mais je vais très bien, maman, vraiment. Ce n'est pas la peine d'en faire une montagne.

- Bien dit ! approuva sa grand-mère, et les rides de son visage se creusèrent tandis qu'elle lui souriait du fauteuil avant du passager. Ses yeux bleus agrandis par d'épais verres de lunettes étincelèrent, lui exprimant un soutien sans réserve.

- Laisse-la un peu tranquille, Stella. Elle n'a plus trois ans, mais seize, et elle est assez emmaillotée comme ça, ajouta-t-elle.

- Mais le spécialiste a dit...
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Pour le protéger des regards trop curieux, malheur à celui qui y jettera les yeux.
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Ellen Forest n'était pas malade, pas vraiment. Du moins n'en avait-elle pas l'impression la plupart du temps - fatiguée, oui, mais ça pouvait arriver à n'importe qui. N'importe qui pouvait se réveiller en sueur au milieu de la nuit, puis frissonner aussitôt après. C'était banal, ça arrivait à tout le monde à un moment ou un autre.
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La comtesse leva le bras gauche, découvrant le dessous gras et blanc, nu jusqu'au coude. Du long ongle de son pouce droit, elle pressa un bouton invisible sur la grosse bague qu'elle portait au majeur. La pierre bascula, en révélant une autre, noire, en forme de pyramide, aux arêtes aussi affûtées que des lames de rasoir. Elle en planta la pointe dans la peau de son poignet, à l'emplacement d'un croisement de veines bleues.

Un sang rouge sombre commença à en soudre. Tendant le bras avec précaution afin de ne rien répandre, elle le présenta à Ellen :

- Allons, buvez, dit-elle d'une voix douce et enjôleuse. Dès que vous en aurez pris une goutte, vous ne désirerez plus rien d'autre.
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- Caspar m'a demandé de te remettre ceci et de m'assurer que tu le porterais.
J'ai regardé l'objet en question. C'était un crucifix.
- Pourquoi, Dieu du ciel ?
- C'est à cause du comte. Caspar vous a vus ensemble l'autre soir et il l'a reconnu. Quand je lui ai parlé de la famille du comte, il a paru très inquiet. Il l'a désigné par un mot de sa langue, "vampyr" qui signifie mort vivant, une sorte de fantôme ou de créature qui attaque d'autres êtres humains pour boire leur sang...
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