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3,34

sur 115 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un texte envoûtant, oui, c'est ça, envoûtant… Déjà la couverture n'est pas spécialement rassurante. Ou alors, j'y projette ma lecture, oui, c'est fort possible…
Un frère et une soeur vivent coupés du monde, depuis vingt ans, dans une ancienne demeure dont ils ont hérité à la mort de leurs parents et qu'ils ont baptisée « Notre château ». Ils y ont toujours vécu, en sortent très rarement et n'ont jamais de visites : seul Octave, tous les jeudis, se rend en ville pour acheter des livres. Véra lui prépare la veille une liste d'oeuvres qu'elle désire « ardemment lire ». Véra ne peut pas ou ne sait pas attendre. Octave les trouve toujours et les lui rapporte sans faute. Il faut dire qu'ils ont l'un et l'autre un goût prononcé pour la lecture : « Ma soeur et moi sommes hantés par les livres. Si nous avons décidé de nous retirer du monde, c'est pour lire, uniquement lire. Nous passons nos journées à cela, à lire et encore lire. » Cela explique peut-être pourquoi Véra ne sort pas…
Or, ce jeudi 31 mars à 14h32, Octave voit sa soeur dans le bus n°39. Or, il le sait, c'est impossible : Véra ne sort jamais et même si elle sortait, elle ne prendrait jamais le bus. Absolument impossible. Il lui en parle le soir et cela la fâche. Evidemment que ce n'était pas elle, comment a-t-il pu imaginer cela ? Et pourtant, il n'a pas pu se tromper. Aurait-elle menti ? Quelque chose est-il en train de se fissurer entre eux ? Pour Octave, c'est inconcevable. Alors ? Devient-il fou ? A-t-il rêvé ?
Je n'en dirai pas plus… mais vous allez être plongé dans une atmosphère pesante, angoissante, vous ne pourrez quitter la maison à votre tour, prisonnier de cette écriture répétitive et obsédante, attendant, dans le silence de chacune des pièces de cette vaste demeure, que quelque chose survienne, parce que l'on sent que c'est imminent… Et l'on n'est pas déçu !
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman d'Emmanuel Régnier qui a pu me faire penser à l'atmosphère étouffante de certains textes de Henry James. Les superbes photos du peintre anglais Thomas Eakins que l'on découvre à la fin du roman finissent de nous plonger dans l'ambiance étrange du roman. Vous ne serez pas près de l'oublier…

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« Je m'appelle Octave. Ma soeur s'appelle Véra. Nous vivons ensemble, dans la même maison, que nous appelons : Notre château. Nous ne fréquentons personne, ne parlons à personne et vivons tous les deux, rien que tous les deux, dans Notre château. » le quotidien de la soeur et du frère tourne autour de la lecture et la seule sortie de la semaine est dédiée à l'achat de livres. C'est lors d'une de ses sorties qu'Octave aperçoit sa soeur à bord d'un bus de la ligne 39. Véra ne prend jamais le bus, elle déteste le bus. Cette vision inexplicable va faire basculer la vie au château.

« Notre château » est le premier roman d'Emmanuel Régniez et le moins que l'on puisse dire est qu'il est singulier. L'auteur nous plonge dans une atmosphère étrange, gothique qui frôle la folie. le texte m'a évoqué « le Horla », Edgar A. Poe mais également « Les autres » le film d'Alejandro Amenabar. L'écriture contribue à créer cette étrangeté, Octave répète les faits comme pour s'assurer de leur véracité, comme pour se rattacher à la réalité. Mais peu à peu, celle-ci semble lui échapper. La frontière entre réalité et rêve (ou folie) semble s'estomper dans son esprit.

Emmanuel Régniez joue avec les codes du roman gothique. Il compare, par exemple, le château à un cercueil où Octave et Véra vont mourir. A un autre moment, les rideaux sont poisseux de sang. le fantastique, l'irréel sont ainsi distillés tout au long du roman. La figure du fantôme est également très présente et c'est ce qui m'a fait penser au film d'Amenabar. Les livres favoris des parents disparus sont « Hamlet » et « Wuthering Heigts », deux oeuvres où le lecteur croise des fantômes. L'auteur nous parle aussi des fantômes laissés par les bibliothécaires lorsqu'un un livre est emprunté. Un fantôme du passé va également refaire surface à la fin de l'histoire mais là je ne peux vous en dire plus et vous laisse la surprise !

« Notre château » d'Emmanuel Régniez est un premier roman surprenant, obsédant qui vous plonge dans les méandres d'un esprit au bord de la folie.
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C'est un livre bien étrange et beau que Notre château. Aussi étrange qu'une maison vide devienne lieu de vie là où tout appelle à la mort, là où l'on ne peut se défaire du souvenir des aïeuls qui l'avaient autrefois habitée. Dans cette étrange maison vivent deux adolescents : un frère et une soeur. Seuls. Sans parents. Depuis la mort de ces derniers dans un accident de voiture, ils ne sortent plus. Jamais. A l'exception du frère qui se rend chaque semaine à la librairie du centre-ville. Un jour, contre toutes attentes, il a l‘impression d'apercevoir Véra, sa soeur. Dans le bus 39 un 31 mars. Comment est-ce possible? L'histoire est simple. Etonnante autant qu'intrigante. On voudrait savoir, comme lui, ce qu'il en sera de cette sortie... Réelle ou fantasmée ? Ponctuelle ou régulière ? Quel secret cache-t-elle ?
Pour comprendre comment vivent en ce lieu des enfants abandonnés à leurs peurs, il nous faut tendre l'oreille, réussir à saisir les bribes prononcés par ces êtres en transfert qui se parlent peu mais ne peuvent se quitter, vivant là à la marge du monde, dans une bulle qui ne contient rien d'autres que de grandes pièces immaculées et des livres en souvenirs. Là, une impressionnante bibliothèque trône, seule véritable âme qui vive…
Et il nous faudra entendre véritablement les mots inlassablement répétés par les protagonistes, jusqu'à comprendre qu'ils rassurent ceux qui s'en saisissent comme d'un bouclier, jusqu'à ce que le lecteur lui aussi s'en imprègne et parvienne à saisir l'effroi dans lequel les personnages se figent. Apparaît ainsi la poésie d'une voix introspective qui tente de reconstruire ce que l'apparition furtive de Véra a déconstruit.
Car ce jour-là, silencieusement, l'équilibre factice longuement acquis entre ces deux êtres interdépendants a été mis à mal. L'espace de la maison est totalement investi et comme avancerait pas à pas une enquête, une muette observation des gestes de chacun y est faite. Chaque détail compte. Il s'agit de continuer à vivre malgré le dernier lien rompu, la confiance ébranlée… Suspendus, dans l'attente du drame qui pourrait être un nouveau commencement, nous les suivons le coeur battant, dans cette étrange demeure, aussi étrange que nos indicibles peurs. Sorte d'incarnation d'un rempart contre l'angoisse, Emmanuel Régniez affirme au seuil de son texte: « Je soigne ma mélancolie en me racontant des histoires qui pourraient me faire peur. »
Voilà pourquoi, bien longtemps après, des questions subsistent à la lecture de ce livre. Et c'est ce qui plaît, ce qui en fait un texte étrangement à part, une bulle fantastiquement close où le lecteur est ailleurs. La maison devient un laboratoire de l'humain. On y observe l'être entre ses quatre murs, à l'âge où il se forme, et on se demande comment ce sera quand sa douleur n'y sera plus contenue.
Quel incroyable pouvoir ont les écrivains de parvenir à mettre à distance leurs peurs et les nôtres conjointement ! Tenir en nos mains ce livre est un premier pas. Dès la première ligne, Régniez nous invite à franchir un seuil, guidés jusqu'à la fin de la visite, comme en un château hanté, par de superbes et perturbantes photographies des habitants en noir et blanc. Dans cette drôle de maison qui nous reste étrangère, qui nous fascine autant qu'elle nous fait frissonner, nous y trouverons peut-être bien davantage que ce à quoi nous pouvions nous attendre. Parce qu'en frôlant les limites du réel, l'auteur nous convie à entendre la petite musique d'un lieu qui est le miroir d'un monde intime que nous ne cessons également d'habiter plus ou moins consciemment, plus ou moins facilement…

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D'une voix qu'on imagine monocorde, avec la précision répétitive et obstinée d'un autiste du type de Rain Man, Octave raconte sa vie. Enfin, si on peut appeler cela une vie : depuis vingt ans, il partage la superbe maison héritée des parents et baptisée « Notre château » avec sa soeur Véra, selon un rythme immuable : tous les jeudis, il se rend à la librairie pour acheter la liste que sa soeur désire « ardemment » lire. Car les livres occupent – au sens physique et intellectuel du terme – une place énorme dans leur vie. « Notre bibliothèque » est le lieu vital de la maison. Train-train, silence, la vie s'écoule comme un fleuve d'ennui.
Et pourtant... Octave est sûr, absolument sûr, qu'il a vu sa soeur dans l'autobus n°39, ce jeudi matin, elle qui ne sort jamais. Elle soutient le contraire. Qui ment ? Qui se trompe ? Et si la réalité pouvait être discutable, discutée ? Si les événements pouvaient se tordre jusqu'à l'absurde, jusqu'au vertige de la raison ? D'autant que des phénomènes étranges commencent à se produire dans la maison trop bien réglée de ce couple frère-soeur.
Le style de l'auteur reproduit le schéma mental des personnages, entre sursauts indignés et litanie murmurée des phrases, à l'infini, en un vertige hypnotique auquel on ne résiste plus malgré l'effort pour s'y soustraire. L'angoisse sourd progressivement des pages (la référence à « Shining » est bien vue) et on s'attend au pire. La «maison est le troisième personnage qui, actif et muet, prend part à la vie du couple pour le protéger. le pire s'est produit, le pire peut encore se produire. Un livre dérangeant, glaçant, dont on se souvient.

Moi, je regarde avec méfiance mes fenêtres à guillotine...en écoutant le trio pour piano et cordes de Schubert, le portrait de la « Jeune fille en buste » d'Hippolyte Flandrin sur mon écran...
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Incroyable édifice néo-gothique, au service de l'obsession délétère comme des inquiétudes et vertiges intimes.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/07/note-de-lecture-bis-notre-chateau-emmanuel-regniez/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Notre Château d'Emmanuel Régniez

édition le Tripode

Premières phrases: » Tout a commencé un jeudi. Je ne peux pas me tromper de jour, puisque c'est le jeudi et uniquement le jeudi que je vais en ville. Il n'y a que ce jour-là que j'ai pu voir ce que j'ai vu. je ne vais jamais en ville les autres jours. »

Ce court roman servi par une écriture étonnante et peu ordinaire, vous déstabilisera, vous surprendra et vous déroutera, j'en fait le pari.
La seule chose que je puisse vous dévoiler, c'est qu'Octave et Véra sont frère et soeur , qu'ils vivent dans « Notre Château » en total isolement, et que seul Octave se rends en ville, le jeudi, uniquement le jeudi, par le bus n° 35.
Jamais Octave et Véra ne s'éloignent de »Notre Château », protecteur et rassurant.

Emma aime:
-être surprise
-cette écriture inclassable
-les éditions « Le Tripode » qui parvient toujours à me surprendre

Lien : https://www.instagram.com/le..
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Octave et Véra vivent dans ce qu'ils appellent « Notre château », une belle maison héritée de leurs parents. Depuis 20 ans, il y vivent seuls ne restant jamais, ne recevant personne. Ils se suffisent et ils sont heureux. La maison ne doit jamais être seule, elle a besoin d'eux, ils ont besoin d'elle. C'est pourquoi, ils sortent séparément. Véra pour aller faire le jardin et Octave, chaque jeudi, pour aller chercher en ville. Un jouer, Octave aperçoit Véra dans le bus, elle qui ne sort jamais, elle qui ne prend jamais le bus. Elle nie pourtant être sortie et avoir pris le bus. Lui ment-elle ? A-t-il rêvé ? Devient-il fou ?

Notre château est un huis clos inquiétant, oppressant. La couverture représente parfaitement l'ambiance du récit. La relation fraternelle de Vera et Octave est inhabituelle, cette interdépendance semble irréelle, malsaine. Les pièces immenses de cette immense maison, ces vieux tableaux et ces milliers de livres classés dans la bibliothèque créent rapidement un sentiment de malaise. « Que se passe-t-il dans cette maison ? » cette question m'a obsédée tout le long de ma lecture. Emmanuel Régniez distille par petites touches quelques indices qui rendent le récit complètement addictif.

Certains pourront sans doute déploraient les répétitions, le refrain envoutant. Bien qu'elles m'aient perturbée dans les premières pages, elles créent rapidement un effet hypnotique et servent efficacement l'ambiance.

Notre château est un premier roman très spécial et très réussi.
Lien : https://mesexperiencesautour..
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Octave et sa soeur Véra vivent dans une grande maison qu'ils appellent « Notre château ». Ils en ont hérité, il y a vingt ans, à la mort de leurs parents et depuis vingt ans y habitent sans jamais en sortir. « Cela fait vingt ans que ma soeur et moi habitons cette grande, si grande, et belle, si belle maison. Si grande et si belle que nous l'appelons Notre Château. » Cette vie de reclus est interrompue par la sortie hebdomadaire du jeudi chez son libraire faire provision de livres. C'est leur seule activité, leur seule passion et la bibliothèque du château, leur maison. Ils vivent une sorte de routine, comme un vieux couple qu'ils sont.
Ce jeudi, Octave aperçoit sa soeur dans un bus à 14h32 exactement, dans le bus n°39. Or, sa soeur ne sort jamais et refuse de prendre le bus. Que se passe t-il, quelle est cette cachotterie ? Cette vision est la première lézarde dans le mur qu'ils se sont construits après la mort de leurs parents dans un accident de voiture.
Ils n'ont pas d'amis, pas de connaissance, personne ne vient sonner à leur porte. Un autre jour, « A 11h03, précisément, on a sonné à la porte de Notre Château. Je suis allé ouvrir. Véra dormait.». Ce coup de sonnette est un pas de plus dans la tragédie.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler ce livre palpitant. Emmanuel Régniez joue avec le paranormal, le gothique. Par le martèlement, l'itération, il scande ses phrases, m'enroule dans son histoire, m'envoûte. Ce livre va crescendo. J'y avance en me posant plusieurs questions (qui auront leurs réponses au fil de ma lecture). Véra et Octave semblent être les prisonniers volontaires de cette maison où je me trouve prisonnière à mon tour. Une écriture maîtrisée, jouissive pour un tourbillon ou une descente vertigineuse. Une superbe lecture, un régal. . Les photos en fin de livre ajoute au mystère N'hésitez pas, entrez dans leur Château.
Un bel objet que ce livre. Une nouvelle belle découverte des Editions du Tripode qui chouchoutent leurs lecteurs


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Quelle histoire !
La lecture vous envoûte,le récit ne laisse aucun répit.
Les personnages troublants à souhait déambulent tels des fantômes.
Le texte est rythmé comme une partition et cette chanson de geste vous entraîne dans ce monde clos.
Je crois que ce livre ne peut être qu'aimé ou rejeté.
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Dérangeant, fort, il ne vous laissera pas de marbre
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