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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le mois de février risque bien d'être marqué par des lectures coup de poing. Jamais 2 sans 3, voici le 3ème uppercut de la série.

Ce roman fait partie de la toute nouvelle sélection des 68 première fois, et oui, l'édition 2017 est bien là avec son lot de très belles surprises ! Voici un 1er roman qui laisse augurer un très bel avenir à son auteure.

Nous sommes à la fin de l'année scolaire, Camille décroche son bac avec mention. La voilà libérée de la pression de l'examen, mais ce n'est pas la même chose pour son amie, Eva, d'origine polonaise. Avec cette jeune fille, la relation entretenue est amoureuse. Depuis cette soirée de résultats où la musique a résonné, l'alcool a coulé, les esprits se sont libérés, le sexe s'est invité, Camille n'a plus revu Eva. D'ailleurs, les volets de sa maison sont clos. Où est-elle ? Que fait-elle ? Pourquoi ne répond-elle plus aux sms ? aux appels téléphoniques ? Pourquoi ne montre-t-elle plus signe de vie ? Et sa famille, où est-elle ? Les effets de la soirée bien arrosée effacés, la pillule du lendemain avalée, Camille essaie de se raisonner, Eva sera là pour le rattrapage du bac programmé dans une dizaine de jours. Elle essaie ne pas céder à la pression des parents qui parlent de repos pour mieux affronter le job d'été, de cet enfermement qu'ils lui préconisent depuis son plus jeune âge. Elle a été élevée avec cette phrase mille fois répétée : "Ne parle pas aux inconnus". Mais voilà, le jour du rattrapage arrive, Eva n'est toujours pas de retour, Camille n'en peut plus, elle décide de tout quitter, ses parents, sa soeur, ce pays. Elle part à la recherche d'Eva qui représente toute sa vie, une nouvelle histoire commence alors...

Ce roman, quand on est mère, que l'on a une fille en plus, c'est une claque magistrale. Je me souviens très bien de celle reçue de Delphine BERTHOLON avec "Les corps inutiles". D'ailleurs, c'est très drôle, je viens de relire ma chronique d'avril 2016 et j'emploie rigoureusement les mêmes termes pour qualifier ce coup de poing dont j'ai encore du mal à me relever, comme quoi, la sensibilité doit être dans la même veine !

A la lecture de ce roman, je sors profondément marquée par la prise de conscience des effets induits par une éducation qui laisserait à penser que derrière chaque être humain un mal sommeille. L'instinct de protection porté assez naturellement à notre progéniture ne reviendrait-il pas à lui faire craindre l'Autre ? Camille illustre parfaitement cette jeunesse qui a grandi avec le syndrome d'enfants disparus, enlevés, violés... A trop vouloir protéger nos chères têtes blondes, ne risquerions-nous pas de leur en faire perdre le sens de l'altérité ? L'écrivaine prend le parti opposé avec des rencontres masculines qu'elle veut attentionnées tout au long de l'itinéraire de Camille de Thionville en Lorraine à Melike en Pologne.

Ce qui m'a beaucoup touchée une nouvelle fois, ce sont les émotions exacerbées de l'adolescence. Les doutes, l'inquiétude, l'angoisse... prennent une dimension décuplée. Alors, quand il s'agit de relations amoureuses, il est assez facile d'imaginer à quel point la découverte du corps et de son intimité peuvent déstabiliser. Là aussi, Sandra REINFLET décide d'emprunter des sentiers non balisés. Elle prend le chemin de l'homosexualité, celui sur lequel encore peu d'écrivain.e.s se sont engagé.e.s. le propos donne à réfléchir. Cette citation montre bien la confusion des genres (et je pèse mes mots) et à quel point il peut être parfois difficile de mettre des mots :

"Ma mère veut mon bien. En sanglotant sur mon lit, elle se demande ce qu'elle a foiré. Ce qui m'a manqué pour que je sois déséquilibrée. Dé-sé-qui-li-brée. C'est le mot qu'elle utilise." P. 107

Quand, à 18 ans, on ne parle pas du bac ni d'amour, de quoi parle-t-on ? Et bien d'orientation professionnelle bien sûr. Là encore, l'auteure se plaît à explorer une voie qui, auprès des parents comme des institutions, n'a pas bonne presse, celle de l'art. Camille, elle, se plaît à dessiner. Pourra-t-elle en faire son métier ? C'est bien mal connaître ses parents encore que... les choses pourraient bien évoluer ! J'ai adoré cette parenthèse offerte avec le festival d'Angoulême.

Sandra REINFLET nous brosse le portrait d'une certaine jeunesse qui compose aujourd'hui notre société, elle en décrit son mal-être mais n'en fait pas quelque chose de rédhibitoire. Ce roman est profondément porteur d'espoir. Il suffit d'explorer la relation mère-fille pour s'en convaincre. Engagée douloureusement, elle va s'apaiser avec le temps. Je crois que c'est ce qui m'a finalement le plus plu dans ce roman initiatique, c'est le fait de pouvoir partir en se disant que plus rien ne pas et revenir en appréciant la valeur de chaque instant comme s'il était le dernier. Sandra REINFLET puise dans l'acte de résister de Camille une capacité à rebondir :

"Non, je veux le voir, pour me rappeler qu'il faut désobéïr. Pour me souvenir qu'on est tous des boutures et que nos racines peuvent repousser n'importe où." P. 295

Un mot enfin sur la plume de l'écrivaine et la forme narrative. Sandra REINFLET utilise la 2ème personne du singulier. Camille s'adresse effectivement à Eva qu'elle interroge sur les motifs de son absence. Mais, au fur et à mesure que l'on tourne les pages, ce recours au "tu" interpelle aussi le lecteur, la lectrice. Procédé très ingénieux ! Antigone, j'ai bien pensé à toi en lisant ce roman, je pensais qu'il s'agissait de l'un de tes billets ! Cette forme pourrait bien être suffisamment rare pour être remarquée !

C'est un magnifique roman dont la lecture m'a mise chaos. Pour certain.e.s, le sujet est assez banal, une jeunesse qui étouffe et qui aspire à une plus grande liberté, n'est-ce-pas l'essence même de la jeunesse, mais c'est ce qu'en a fait Sandra REINFLET qui est tout à fait exceptionnel.
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"Se construire seule, ni contre, ni comme"

Camille est une jeune fille mal dans sa peau, elle n'a aucun ami. Elle vit à Thionville dans un quartier populaire triste, ses parents mènent une vie qu'elle juge étriquée et minable, ils rêvent d'ascenseur social pour leurs deux filles et ne comprennent pas le désir de Camille d'écrire et de dessiner des BD, ce n'est qu'un faux métier pour eux. Camille vit sa vie de famille comme un enfermement, une vie d'ennui, d'interdits et de peurs, ses parents lui ressassent la peur des inconnus, les préjugés contre les étrangers. Sa vie est rythmée par les "ne pas" de ses parents.

Lors de son entrée au lycée, Camille remarque d'emblée Eva car elle est différente des autres alors que la norme qui prévaut parmi ces adolescents c'est d'être "pareils". Eva est complètement son opposé, elle adopte un look de punk et brille par son assurance. Eva se fait expulser du lycée car son mini-short, son crâne à moitié rasé et ses provocations ne sont pas du goût du directeur...C'est une fille libre élevée par des parents ouverts et cultivés, imprégnée des idées féministes de sa mère, elle est "insaisissable, impertinente, insoumise."

Camille et Eva vont continuer à se voir quotidiennement après les cours et une histoire d'amour va naître. Malheureusement la soirée de fin d'année après les résultats du bac tourne mal entre les deux jeunes filles. Dans les jours qui suivent Eva ne répond plus aux appels de Camille et ne donne plus aucun signe de vie.

Désespérée, Camille va larguer les amarres et partir à la recherche d'Eva jusque dans sa Pologne natale où elle imagine qu'elle a pu partir avec ses parents. Commence alors une sorte de voyage initiatique où elle va multiplier les rencontres qui vont l'enrichir à plus d'un titre. Des rencontres peut-être un peu trop idylliques, un monde des bisounours ... mon seul bémol par rapport à ce roman.

Mais un jour il lui faut rentrer en France en urgence... Elle va se retrouver confrontée à la question de savoir qui est vraiment sa mère, découvrir des pans du passé de sa mère qu'elle ignorait et peut-être enfin mieux comprendre cette femme contre laquelle elle a toujours cherché à se construire, cette femme à qui surtout elle ne voulait jamais ressembler...

Ce roman est constitué de trois parties qui sont toutes les trois émouvantes à différents titres. D'abord une Camille très émouvante coincée dans un monde d'interdits et de préjugés, ensuite des rencontres émouvantes lors de son périple et enfin un voyage à la rencontre de sa mère complètement bouleversant. Un parcours qui la transforme, lui montre le chemin et lui permet de trouver les clés pour construire sa vie.

Des rebondissements savamment dosés m'ont tenu en haleine et j'ai lu ce livre d'une traite.
J'ai trouvé la psychologie de Camille extrêmement bien fouillée et le chemin qu'elle parcourt très cohérent.
Sandra Reinflet fait preuve d'une maîtrise incroyable pour un premier roman très riche, très bien rythmé et servi par une bien jolie écriture. Les amateurs de jolies citations vont se régaler avec ce roman.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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COUP DE COeUR
« Ne parle pas aux inconnus », c'est ce que Camille entend depuis l'enfance. Au bord du vide, elle décide de faire le grand saut et de prendre la route, pouce en l'air, et ose aller vers cet inconnu interdit. » Ce livre est un mélange d'espoir, de joie, de peine, de suspense et de douceur. Les personnages sont criants de vérité et tous touchants. Sandra Reinflet fait preuve d'une maîtrise incroyable pour un premier roman. Ex soixantehuitarde j'ai retrouvé dans son parcours le bonheur de prendre la route le pouce en l'air avec la certitude que le mal ne sommeille pas dans chaque personne et l'assurance de faire de très belles rencontres.
Citation : « le voyage devrait être une discipline obligatoire ».
A LIRE ABSOLUMENT
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"Ne parle pas aux inconnus", "Rentre directement après l'école", "Ne traîne pas dans la rue", "Ne fais pas confiance aussi facilement"... Il est des familles qui sont comme des portes de prison, qui érigent des murs de silence comme seul moyen de cohabiter et qui instaurent des lois tyranniques censées empêcher l'entrée du monde et la venue au monde. Pour Camille, la narratrice qui fête sa réussite au bac, sa famille est de celles-là, asphyxiante, médiocre, sans hardiesse et sans fantaisie. Forcément c'est toute sa personnalité qui est cadenassée, ce sont ses relations aux autres qui sont contaminées par une peur diffuse mais constante, ce sont ses rêves et ses projets qui sont étranglés. Et face à Eva, son amoureuse, elle ne peut qu'être en position d'infériorité, cantonnée dans la crainte de l'abandon, elle qui ne s'accorde aucun attrait, aucun avantage. Alors lorsqu'Eva part sans plus donner de nouvelles, la souffrance est si cruelle qu'elle lui donne assez d'audace pour se faufiler entre les grilles familiales et pour partir à sa recherche jusqu'en Pologne. Un périple qui va la contraindre à enfin parler aux inconnus...
Qu'il est douloureux mais qu'il est beau le voyage de cette Camille dont on voit la jeunesse et l'humanité peu à peu éclore ! Au cours de son parcours initiatique, c'est la bienveillance lucide et l'indulgence qu'elle apprend au fil des rencontres. L'éloignement lui permet de renouer les fils de son histoire, de s'en faire le récit et d'y trouver matière à (s')estimer et à (s')aimer. Son récit, d'abord uniquement adressé à Eva, comme si celle-ci et leur amour occupaient toute la scène du monde, occultant le reste et les autres, change progressivement de point d'ancrage, comme si la vision s'élargissait et passait d'un point de vue étriqué à un autre plus intégrant. L'écriture suscite et accompagne cette évolution spiralaire qui va du moi vers les autres pour revenir à un moi différent. D'une nervosité écorchée, elle donne un rythme d'urgence au récit avant de prendre le temps de la découverte des "inconnus familiers". Une écriture qui "est" Camille, entièrement, profondément, dans le moindre de ses frémissements et de ses apprentissages.
D'où me vient le paradoxal mélange de joie, de mélancolie et de réconfort ressenti à la lecture du roman de Sandra Reinflet ? Joie d'une histoire si parfaitement construite et racontée, sans aucun doute. Mélancolie de placer la fiction au regard de la réalité : pour une Camille qui ose prendre les chemins buissonniers pour entrer dans sa propre vie, combien de Catherine qui restent sur le seuil, comme emmurées dans leur histoire et leur éducation ? Combien de mères empêchées et de filles obligées (et vice-versa) ? Réconfort d'une odyssée où l'étranger, l'inconnu, l'Autre est celui qui éveille, celui qui élève et qui fait grandir, simplement en étant ce qu'il est : celui qui n'a pas la même histoire que moi.
Après ce (trop ?) long discours qui est pourtant bien loin d'épuiser toutes les images et toutes les émotions que fait naître "Ne parle pas au inconnus", est-il encore nécessaire d'écrire à quel point j'ai aimé ce roman et à quel point il m'a touchée ?
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Ou quand une quête de l'autre devient une quête de soi...

Un roman initiatique aux allures de road movie en Europe de l'Est, pour revenir finalement à l'essentiel, au lieu de toutes les névroses, de tous le secrets, des manques mais aussi des points d'ancrage : la cellule familiale.

Il faut parfois partir pour mieux comprendre.
Couper le cordon pour mieux retrouver la mère.
Se libérer du poids des autres et des leurs angoisses.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de ce roman, j'aurais pu noter une multitude de phrases, tant on se retrouve ou on retrouve ses parents dans les injonctions données ou le ressenti.

Il y a des sourires, des émotions, et l'envie folle de repousser les limites.
Prendre la porte de sortie plutôt que la porte d'entrée et partir à la découverte de l'autre, qu'il soit à des milliers de kilomètres... ou juste à côté!


C'était ma première rencontre avec cette auteure qui rejoint ma liste "à suivre"!
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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Sandra REINFLET, je connaissais ce nom pour avoir lu une interview et quelques articles sur un site internet. Son parcours m'avait beaucoup intéressée. Je l'ai rencontrée ″pour de vrai″ le 9 décembre dernier, lors d'un dîner entre des lecteurs et quelques auteurs, dans un petit bar à vins parisien. Elle était assise presque en face de moi. Je l'ai tout de suite reconnue, belle jeune femme aux longs cheveux sombres, yeux francs et rieurs, sourire éclatant, énergie débordante. Etonnamment, c'est elle qui s'est adressée à moi, moi la lectrice anonyme, moi qui ai l'âge d'être sa mère, moi, si insignifiante… nous avons parlé de rien, de tout, et c'est ainsi que j'ai appris la sortie imminente de son premier roman : le 11 janvier 2017.

Je l'ai attendu avec une impatience folle, acheté le jour de sa sortie mais… ne l'ai pas lu tout de suite. Bon, j'avoue, j'ai quand même regardé un peu… Il fallait pourtant que je termine celui que j'avais en cours. Et puis l'attente fait aussi partie du plaisir. Enfin, je m'y suis plongée et je le dis sans ambages, Camille, son héroïne, m'a prise par la main et je ne l'ai plus lâchée. Camille est une jeune fille de 17 ans, brillante. Camille rêve de quitter sa vie étriquée, elle veut Vivre, avec un grand ″V″, écrire, dessiner, Aimer avec un grand ″A″. Elle vient d'avoir son bac avec la mention bien et elle est amoureuse justement, amoureuse d'Eva, Eva chanteuse, Eva musicienne, Eva qui est libre, elle. Alors, le bac, ça se fête, mais la fête tourne mal, Camille boit, fait n'importe quoi… et le lendemain, plus d'Eva, plus de réponses au téléphone, plus de nouvelles, plus de SMS, plus rien… Non, je n'irai pas plus loin, non je ne veux pas vous priver du plaisir de découvrir le road movie dans lequel nous sommes entraînés, la recherche, non je ne veux pas vous empêcher d'accompagner Camille dans sa quête de liberté, non je ne veux pas vous voler le bonheur de la suivre aveuglément.

L'écriture terriblement maîtrisée de Sandra lui ressemble : sautillante, pétillante, légère, drôle et si profonde en même temps. Les phrases sont courtes, les mots sonnent juste et mon coeur bat. Mon coeur bat au rythme endiablé des émotions de Camille, de ses espoirs, de son appétit de vivre. Mon coeur bat lorsqu'au détour d'une phrase la robe – car l'écriture c'est bien le vêtement qui cache le sentiment, non ? – s'entrouvre pour laisser déborder la peine, la douleur, l'attente d'un monde meilleur. Et puis tout à coup, mon coeur bat encore plus vite car Camille, c'est ma soeur, c'est moi… ″J'ai toujours essayé de ne pas me faire remarquer, de rester à ma place, ma petite place de petite fille de petite vie. Parce qu'on m'a appris à dire merci, à dire pardon, à refuser les compliments et les invitations… à rester discrète, à me fondre dans la foule…″. Et je n'ai pas réussi, moi, à casser ces chaînes, à partir vers l'inconnu, à désobéir, à diverger.

Vous l'aurez compris, ″Ne parle pas aux inconnus″ m'a bouleversée, bouleversée car il interroge, il m'a interrogée sur ma vie, sur mon rôle de mère, sur ma façon d'aimer. Aimer c'est laisser libre, oui mais la peur… la peur d'exposer l'autre, la peur qu'il se fasse mal, la peur qu'il se perde... Une mère ça fait comment avec toutes ces peurs ? Pourtant Camille n'apprendra rien tant que des inconnus qu'elle rencontrera lors de son périple. Finalement l'inconnu n'est pas toujours celui qu'on croit.

Magnifique premier roman, poignante leçon d'amour, réflexion d'une étonnante maturité : COUP DE COeUR !
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La fin du lycée devait être une fête, une libération, un nouveau départ même, mais pour Camille depuis qu'Eva ne répond plus à ses sms ou appels, elle est face à un terrible silence. Son été sans sa fidèle amie, et même plus, risque d'être terne et ennuyeux surtout que malgré son âge sa mère ne cesse de ponctuer son quotidien de "ne pas" comme "ne parle pas aux inconnus", "ne sors pas le soir", "ne pas", "ne pas"... Sur un coup de tête, Camille décide de partir, de partir retrouver sa chère Eva et de fuir le cocon familial qui l'étouffe. Un voyage à travers l'Europe avec son sac à dos seulement sur les épaules qui va la mener à rencontrer bon nombre d'inconnus et à leur faire confiance, ces inconnus l'aideront dans sa quête, mais surtout l'aideront à se trouvait elle-même, car Camille ne se doute pas que cette fuite va surtout lui permettre de se découvrir elle-même...

Une jeune fille qui s'émancipe un peu de sa vie quotidienne et décide de partir à l'aventure, il n'en fallait pas plus pour que je sois tentée par Ne parle pas aux inconnus de Sandra Reinflet.

On rencontre Camille lors d'un "rite de passage" qu'est le bac, la fête qui suit, cette liberté qu'on éprouve presque à ce que ce soit derrière nous. Ce sentiment d'euphorie la quitte rapidement lorsque son amie Eva ne répond plus à aucun de ses messages. Elle se retrouve face à l'absence, au silence, se sent délaissée même par celle-ci. Et on découvre alors Camille comme une jeune fille qui semble fragile et perdue sans son Eva. Lorsqu'elle décide de partir sur ce coup de tête, on sent que c'est pour fuir sa famille, sa mère surtout et retrouver Eva n'est qu'un prétexte. Camille part à l'aventure, une aventure qui va la marquer plus qu'elle n'imagine et qui va finalement la rapprocher de sa famille...

Quel livre ! Je l'ai dévoré d'une seule traite en une soirée tellement Camille a su me toucher. Cette jeune fille a qui on s'attache rapidement est le reflet de la jeunesse de notre société actuelle, mais également le reflet d'une envie de liberté.

On la suit donc dans la fuite de son quotidien, la fuite de la routine et surtout la fuite de cette relation avec sa mère. Rapidement, avant elle surement, on se rend compte que finalement ce voyage qui la mène à travers l'Europe est une véritable quête de soi. Elle se cherche, se découvre tout en faisant des rencontres, découvre d'autres valeurs et la fin démontre quelle évolution cela lui a permis d'avoir en seulement quelques semaines.

Sandra Reinflet a une écriture douce, sensible, mais addictive et particulièrement juste. En utilisant la deuxième personne du singulier à de multiples reprises tout au long de son roman, Camille interpellant Eva, c'est le lecteur surtout qu'elle interpelle plus d'une fois. Elle le met face aux réalités, face aux choix, aux doutes et hésitations de Camille et face à son histoire. L'auteure propose avec Ne parle pas aux inconnus un livre riche, dense en émotions également. L'émotion persiste même en refermant ce roman.

Ne parle pas aux inconnus, c'est l'abandon de l'enfance, c'est le passage parfois difficile qui se fait vers l'âge adulte. C'est aussi une prise de conscience sur soi-même et sur les autres. En fait, c'est un véritable voyage initiatique que nous propose l'auteure, qui marque et que vous devez découvrir rapidement !

Ne parle pas aux inconnus de Sandra Reinflet est disponible aux Éditions JC Lattès.
Lien : http://ladoryquilit.blogspot..
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Comment trouver les bons mots pour parler de ce roman vibrant de jeunesse ? Vibrant de liberté et d'amour ? Je crains qu'aucun ne soit à la hauteur. Mais il faut en parler, il faut faire découvrir ce roman dévoré, croqué à pleine bouche, comme Camille embrassant Eva. Comme Eva embrassant Camille.

Ne parle pas aux inconnus c'est se laisser fondre dans l'histoire de Camille, dans celle d'Eva, dans celle d'une famille où les parents brident leurs rêves et ceux de leurs enfants. C'est se prendre en plein figure une écriture tourbillonnante. Une écriture qui claque, qui happe. Concise, précise, parfois trash faite de passages prenants, vibrants où les mots sont ciselés. Où ils ondulent, dansent. En transes. Une écriture qui secoue et vous fait tourner les pages les unes après les autres, oubliant l'heure (et la crème solaire aussi aïe mon nez et mon front !).
Une écriture qui n'est pas sans me rappeler celle de Sacha Sperling dans Mes illusions donnent sur la cour. Aussi vive, aussi intense et poétique.

On sent dans ce roman la connaissance du voyage, la débrouillardise qui habite l'héroïne, insufflée par l'expérience de l'auteure. On sent la peur, présente face à cet inconnu. Cette inconnue qu'elle est, cette inconnue qu'est sa mère. Ces inconnus. Oui bien sûr cette jeune fille est inconsciente de partir ainsi, quitter le nid familial. Les parents en frissonneront en lisant ce roman. Mais ce roman c'est la liberté de choisir sa destinée, choisir qui l'on est. Car bien au-delà du voyage, l'auteure donne à lire au lecteur une découverte de soi à travers des choix de vie : l'ambition professionnelle, les désirs, la sexualité. On s'immisce dans les émotions tenaces qui se sont logées dans les veines de Camille, les mots acerbes dont elle a été victime, cette différence – si tant est que l'homosexualité soit une différence – qui lui vaut moqueries, mépris et incompréhension.
Sandra Reinflet ne laisse rien au hasard, elle aborde des sujets d'actualité, de controverse, des maux que taisent adolescents, parents, société avec un réalisme frais et moderne. Et puis moi je n'y peux rien, j'aime ces romans qui parlent de l'homosexualité de manière si ouverte, si libérée et avec tant de beauté. Il devrait en être ainsi au quotidien. Et plus globalement, j'aime ces romans qui cassent les barrières, qui enfreignent les codes, qui osent. En définitif, dans ce premier roman tout sonne avec justesse.
Lien : http://livresselitteraire.bl..
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Camille, jeune bachelière, en rogne contre ses parents qui ne la comprennent pas, sa petite amie partie de jour au lendemain sans laisser de mots est en colère, perdue car son seul point de raccroche (sa petite amie) a disparu. Comment survivre ? Elle va se lancer dans un voyage qui l'emmene de Thionville en Pologne à la recherche de sa bien aimée... Mais au final, elle va trouver tout autre chose: elle même et son histoire familiale...

Le 1er quart de cet ouvrage m'a quelque peu découragé et j'ai été à 2 doigts de le laisser tomber, mais je me suis dit " allez Marie, continue".. Et j'ai écouté cette petite voix et finalement je ne le regrette pas.
JE me suis laissée emporter par ce road movie européen et intérieur où l'on accompagne Camille dans une espèce de quête identitaire faite de rencontres aléatoires, de discussions au détour d'un café. Mais on effleure aussi ses sentiments, son mal être, on se fait bousculer par ses propos... Et le dernier quart est plein de rebondissements et de révélations qui l'obligent à voir les siens sous un autre angle et à s'interroger sur son enfance. Des clés de compréhension s'offrent alors à elle pour mieux comprendre ses origines, les pourquoi des interdictions de son enfance et à découvrir ceux qu'elle croyait connaitre par coeur...

*Un beau roman initiatique, plein de rage de vivre et de sentiments. A découvrir car il nous pousse à nous interroger sur nos origines, sur le fait que l'on croit connaitre les siens, son entourage mais est ce vraiment le cas.? Et à penser par nous même, à refuser de suivre le mouvement juste pour suivre le mouvement...Une histoire un peu à contre courant....
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Ne parle pas aux inconnus, sois prudente, ne t'éloigne pas…
Camille a entendu ces paroles depuis toujours. Sa mère est si inquiète…
Jusqu'à l'année de sa Terminale, jusqu'à Eva, jusqu'à la fête du lycée.
Et elle osera…
… partir pour la Pologne, en ne se présentant pas à son job d'été, par amour.
… faire confiance à ceux qu'elle va rencontrer en stop ou ailleurs
… agir pour elle-même, sans se préoccuper de l'opinion des autres.
Bref, elle saura grandir, s'émanciper, pour mieux retrouver ceux qu'elle aime, même si elle ne savait pas les aimer.
Un roman flamboyant sur une jeune femme qui émerge de l'enfance.
Un roman haletant, où l'inattendu guette à chaque nouveau chapitre.
Un roman émouvant sur la difficulté de créer des liens effectifs puissants et respectueux. Un roman bien écrit, au rythme vif qui s'accorde si bien aux pensées de Camille, au vocabulaire étincelant.
Un roman bouleversant, où la dernière partie nous tient en haleine dans une course désespérée entre l'amour et la mort.
Un roman à l'empathie généreuse où les personnages ne sont jamais condamnés, toujours respectés.
Un roman qui m'a embarquée et que je n'ai lâché qu'au mot Fin.
Un hymne à l'amour, aux amours qui traversent une vie.
Bref, un livre coup de coeur.
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