AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 66 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le 4 octobre 1970, aux environs d'1 heure et demie du matin, Janis Joplin décédait dans sa chambre de l'hôtel Landmark, à Hollywood, victime d'une overdose d'héroïne. Comme pour Jim Morrison, qui mourra un an plus tard dans son appartement parisien, on ne retrouva aucune seringue ou matériel de drogué sur les lieux : des "amis" bien intentionnés étaient passés par là.

On pense aujourd'hui que Joplin, qui avait replongé dans l'héroïne le mois précédent, sous la houlette de son amie et maîtresse, Peggy Caserta, s'était procuré de la drogue par son fournisseur habituel. Mais que, par un malheureux hasard, l'héroïne ainsi dispensée était exceptionnellement pure. L'organisme de la chanteuse, affaibli par l'alcool, les drogues et le stress, n'aurait pas supporté le choc.

Ainsi s'éteignait, à l'âge de 27 ans, celle que l'on surnomma de son vivant "la plus grande chanteuse blanche du blues."

Dans cette biographie qui se double d'un hymne vibrant à la gloire des sixties et d'une certaine culture, toute pétrie d'utopie et d'humanisme, Jean-Yves Reuzeau fait revivre avec un rare talent cette anti-conformiste par excellence qui eut le malheur de naître à Port-Arthur, au Texas. Passionnée par le dessin et la littérature, l'adolescente comprend très vite que son physique, lui aussi, n'est pas non plus dans les normes tolérées par la petite communauté où elle vit. Dès le secondaire, on lui fait comprendre qu'elle est laide, on la surnomme même - cruauté qu'elle n'oubliera jamais : "le mec le plus moche du campus."

Pour se donner de l'assurance - pour oublier ? pour rêver ? - Joplin se lie d'amitié avec celui qui l'accompagnera jusqu'à sa mort : le Southern Comfort, liqueur de whisky dont elle traînera des bouteilles et des thermos sur toutes les scènes qu'elle visitera. Dans les bars où elle effectue des descentes avec une bande de garçons eux aussi marginaux pour l'époque, il y a de l'alcool, des cigarettes, de la musique et même, dans certains, des lectures de poètes beatniks. Peu à peu, la musique, celle des notes et celle des vers, prend racine en elle et elle s'entraîne à imiter les grandes chanteuses de blues noires : Bessie Smith (qui restera sa référence suprême) et Odetta.

A partir de là, le destin de Joplin est tracé. Il serpente à travers mille petits bars et salles de concert jusqu'à la chambre de l'hôtel Landmark. Mais le succès ne vint pas tout de suite. Joplin l'atteignit en fait lorsqu'elle devint la chanteuse d'un groupe résolument hippie qui s'en cherchait désespérément une : "Big Brother and the Holding Company." Quand elle quitta "Big Brother ...", elle traversa à nouveau une période critique dont elle sortait manifestement - en partie grâce à Paul Rothchild qui fut également l'imprésario des "Doors" et avait l'habitude des personnalités "incontrôlables" - quand la Mort survint pour l'emmener.

Selon sa volonté, les cendres de Janis Joplin furent dispersées dans l'océan Pacifique le 13 octobre 1970. le 26 du même mois, toujours pour respecter son testament, une fête était organisée à sa mémoire et, en février 1971, sortait son dernier album, "Pearl", considéré comme son chef-d'oeuvre.

Si, par un hasard extraordinaire, vous n'avez jamais entendu chanter Joplin, courez d'urgence vous procurer l'un de ses disques. Vous comprendrez alors pourquoi Jean-Yves Reuzeau l'évoque ici avec autant de tendresse, de pudeur et d'admiration.
Commenter  J’apprécie          180
Biographie sobrement intitulée "Janis Joplin" ; le propos du biographe, ancien acteur de l'industrie du disque par ailleurs, est de mieux cerner la trajectoire d'une étoile filante de la scène musicale américaine de la deuxième moitié des 60's.
Cette biographie s'attelle à comprendre cette jeune personnalité, disparue à 27 ans des suites d'une surdose d'héroïne.
Le biographe rapproche le prénom "Janis" de celui du dieu romain "janus", au double visage. de fait, Janis Joplin oscillera entre plusieurs pôles contradictoires : elle assumera plus ou moins sa bisexualité, dissimulera son manque d'assurance derrière une autorité parfois blessante pour son entourage professionnel et artistique et un exhibitionnisme qui lui permettra d'exceller sur scène. Elle se plaint d'une profonde solitude tout en étant accompagnée en permanence d'amant(e)s plus ou moins bien intentionnés. Elle cherchera inlassablement l'amour, tout en se révélant incapable d'entretenir une relation amoureuse plus de quelques semaines.
De fait, Janis Joplin n'aura pas le temps de mûrir ; sa vie affective est une catastrophe, tandis que la moindre frustration, la moindre angoisse, la rapprochent de la bouteille ou du prochain fix d'héroïne.
Le biographe insiste sur le traumatisme subi par Janis Joplin, alors qu'elle est étudiante au Texas : elle est élue "le mec le plus moche de son université". Il s'agit pour elle de fuir ce conformisme sudiste pour un univers où la différence est non seulement tolérée, mais encouragée : la scène hippie de San Francisco l'adoptera très vite.

Janis Joplin est une fille de son temps, et le biographe dépeint le monde musical us des 60's, dans ses dimensions géographiques et économiques ; San Francisco est la ville créative, expérimentale , où éclosent la vie communautaire, les expérimentations psychédéliques, sexuelles, ... La musique se pratique au sein de groupes, lors de concerts, souvent gratuits, où tous les arts s'entremêlent. New York cultive une image de sérieux, presque européen, et une appétence certaine pour les affaires. Los Angeles cultive son image "cool", tout en flairant le potentiel économique de la nouvelle scène musicale californienne, à graver sur des microsillons.
Ainsi, Janis Joplin se trouve aspirée dans une dynamique qui la dépasse : la construction de sa notoriété nationale, et internationale l'oblige à quitter les concerts festifs et conviviaux de San Francisco pour s'enfermer dans des studios avec des musiciens courrant le cachet, ou pour chanter dans des salles presque vides (comme à l'olympia de Paris ...). Assumant son admiration pour Bessie Smith et Otis Redding, Janis Joplin chante à Memphis devant un public afro-américain, qui l'accueille froidement : pas facile de chanter le blues quand on est blanche....
Au final, le biographe décrit très bien la formidable énergie développée par Janis Joplin :il lui a fallu bien du courage pour exercer un métier d'homme dans un univers machiste, défendre le blues auprès des blancs, quitter le Texas ; chapeau, l'artiste !
Commenter  J’apprécie          150
Janis Joplin naît le 19 janvier 1943 à Port Arthur, au Texas. Passionnée de musique et de dessin, la jeune femme ne se sent pas à sa place dans cette petite ville aux mentalités étriquées. Souvent rejetée, elle est élue « garçon le plus moche du campus », mauvaise blague qu'elle n'oubliera jamais et qui influencera sûrement son caractère et ses attitudes. Sa famille aimante et surtout très tolérante la laisse tenter sa chance dans la musique du côté de San Francisco. Même si le succès peine à arriver, Janis trouve sa place dans cet eldorado devenu le repère de toute une génération de jeunes idéalistes, révoltés contre la société de consommation, opposés à la guerre et à la recherche d'une liberté totale, du corps et de l'esprit.


Janis aime séduire. Il s'agit même d'un besoin . Les hommes, en particulier les plus beaux d'entre eux, et les femmes, dont la compagnie semble la rassurer. Ses rapports aux hommes sont plus compliqués, Janis ayant développé un complexe la conduisant à vouloir dominer et à séduire en permanence.

Au-delà de ce besoin de séduire, il y a surtout cette nécessité d'être aimé. Janis Joplin doute d'elle-même, de son physique, de son talent, qu'elle travaille, qu'elle affine pourtant.

La chanteuse, après avoir failli renoncer à son rêve, notamment car elle a conscience de son penchant pour l'alcool et les drogues dures et du danger que représente par conséquent une ville comme San Francisco, finit par être intégrée dans un groupe déjà formé, le Big Brother and the Holding Company. Viennent alors les premiers concerts et les premiers contrats. Janis Joplin prend très vite le dessus sur le groupe et attire tous les regards. Son producteur souhaitant de plus en plus en faire une artiste solo, le groupe éclatera, cédant la place à une nouvelle formation, le Kozmic Blues Band. Ces débuts en solo seront complexes, l'alchimie du groupe n'étant pas des plus évidentes.

Janis Joplin marque par son talent de chanteuse, grâce à sa voix influencée par la musique noire qu'elle adore et qui lui permet d'exceller dans des registres rock, folk et blues. Au début très réservée sur scène, elle se révèle très vite complétement dans son élément. Elle vit ses chansons, tape des mains, saute, danse,… Elle frappe aussi le public par son caractère, ses réparties cinglantes, et ce rire si fort et provocant.

Mais Janis Joplin vit avec ses démons. Elle semble émotionnellement immature. L'alcool et les drogues dures lui servent d'échappatoire. Craignant les drogues dures, comme l'héroïne, Janis fait des promesses à ses proches, consciente du danger, mais finit toujours par ressombrer. Jusqu'à ce jour d'octobre 1970 où elle est retrouvée morte suite à une overdose dans sa chambre d'hôtel.

C'est une biographie passionnante que nous livre Jean-Yves Reuzeau. Il ne se limite pas à son sujet principal mais situe la vie de Janis Joplin dans un large contexte sociologique, politique et culturel. L'époque est aux hippies et aux beatniks. Janis Joplin se situe plutôt du côté des beatniks, malgré ce qu'on pourrait croire...

À travers les rencontres et les relations plus ou moins poussées de Janis, on croise Jimi Hendrix, Leonard Cohen, Jim Morison, Otis Redding, etc., et c'est toute la bande son d'une époque qui se fait entendre.

Cependant, on se perd un peu parfois, car la narration thématique croise par moments la narration chronologique entraînant quelques répétions inutiles. le livre demeure un documentaire riche et passionnant sur une femme captivante, et au-delà un documentaire précis d'une époque que l'on voit naître sur la côte ouest américaine, auprès de jeunes idéalistes, aux cheveux longs et fleuris, et disparaître sous les nombreuses overdoses et un retour cruel à la réalité…
Lien : https://cafeantidote.wordpre..
Commenter  J’apprécie          80
4 octobre 1970
Dans une chambre d'hôtel, à Hollywood. Seule. Janis Joplin meurt d'une overdose.

De son enfance, dans un Texas ségrégationniste, Janis se rappellera toujours des moqueries à l'école. On lui dit qu'elle est laide, on l'appelle le garçon. Sa scolarité sera marquée par le harcèlement.

Quand elle revient, des années plus tard, à Port Arthur, boa autour du cou, ses cheveux comme une crinière, et ses vêtements colorés, elle pense prendre sa revanche. Et repart blessée.
Là encore, elle n'aura reçu qu'indifference et railleries.

De Janis, on sait les amoures folles. Hommes et femmes. Son coup de foudre pour Jimi Hendrix.
Sa voix fabuleuse, sa voix comme un cadeau, éraillée, blessée, qui balance tous ses excès, cry baby, et vous pleurez avec elle, parce que c'est impossible de faire autrement.
On sait la drogue.
L'alcool.

Je voudrais qu'on se souvienne de l'énergie de cette femme sur une scène. Sa fougue. Sa trempe. Même pas peur, Janis. Elle est une des rares femmes, et blanche de surcroît, à oser envoyer du rock, du blues, à grimper sur une estrade comme on va au combat.
Mais sans armure.

Voilà, je voulais lui rendre hommage aujourd'hui.
4 octobre 2022.
Sa voix fait partie de ma vie depuis toujours.
Elle m'a inspirée.
Bouleversée.
Comme elle, j'ai dû, certains soirs, non pas chanter à pleine gorge, mais fredonner des sanglots dans la gorge, Work me Lord, un verre de trop à la main.
Commenter  J’apprécie          60
Dans ce livre, point de préjugés sur le Flower Power mais une vraie plongée dans ce que cela a pu signifier pour une génération. Point de racontars sur l'amour de Janis pour la bouteille mais une explication quasi psychologique de son rapport à l'alcool. Sans compter la drogue... Qui aura raison de sa voix unique et de son énergie inoubliable.

Remarquable document consacré à la plus grande chanteuse de blues blanche de tous les temps !
Commenter  J’apprécie          60
Lu cette biographie en écoutant et regardant certaines vidéos sur elle, ce qui m'a permis de découvrir une personnalité que je ne connaissais que de nom. J'aime beaucoup ce qu'elle a fait en tant qu'artiste. L'aurais-je aimé si je l'avais vu éclore?
C'est une oeuvre qui se lit bien bien que la vie de Janis Joplin n'ait pas été simple. Une vie américaine dans les années 60's où naissent des expériences psychédéliques, libertines, alcoolisées... Une femme blanche qui chante du blues dans un univers d'hommes. Une femme fan de Bessie Smith et Otis Redding. Une femme seule mais toujours entourée. Une belle Femme alors qu'elle a été élue "garçon le plus moche du campus" durant ses études, profond traumatisme qui l'ammènera à porter outrageusement de la couleur et une ribambelle de bracelets sur un même poignet.
Pour conclure, c'est un magnifique livre qui fait le récit de sa vie, qui témoigne de son histoire, qui rapporte des faits historiques. Une biographie complète, quoi ! Et de surcroît bien écrit !
Commenter  J’apprécie          10
Une biographie sobre et intelligente
Commenter  J’apprécie          00
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (165) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}