[...] Marilyn rapporte. Et plus encore morte que vivante.
Je n'avais pas été séduit par l'icône Kennedy. L'homme, comme le président, avait des qualités remarquables. Mais aussi des défauts à la hauteur de celles-ci. Je connaissais, menées par Joseph, le père tyrannique, les différentes étapes de la marche vers le pouvoir. Et je savais que, pour le clan, l'obligation de réussir pardonnait tous les excès.
Some Like It Hot … Presque un slogan publicitaire évoquant l'Amérique des années 1950. Celle qui n'avait pas encore perdu son innocence, qui n'avait pas été violentée par l'assassinat de John F. Kennedy, puis par la débâcle vietnamienne. Une Amérique qui sentait bon la vanille de ses milk-shakes, qui se reflétait dans les chromes d'une Cadillac, et qui ne confondait pas encore enthousiasme avec despotisme.
Se plonger dans l'univers Monroe, c'était croiser J. Edgar Hoover, l'infâme patron du FBI. C'était aussi apercevoir Sam Giancana, le parrain de Chicago. Et, derrière lui, entendre les accents familiers et sentir l'odeur de poudre accompagnant les porte-flingues de Cosa Nostra. Là-dessus, tout en finesse, Franck Sinatra chantonnait la bande originale.
Marilyn a construit sa carrière sur une illusion. Celle de la blonde à forte poitrine et faible cervelle. Une gentille fille, sûrement facile et pas bien futée. Une image dans l'air du temps, cultivée à l'écran et renforcée à chaque intervention médiatique. La blonde était sexy mais, forcément, un peu conne.
Un miroir déformant dont Marilyn a tout au long de sa vie tenté d'éviter le reflet.
[...] loin, très loin des mélopées sirupeuses de Sugar Kane, Norma Jean Baker dépense ses premiers cachets pour s'offrir de la lecture.
Marilyn avait 36 ans. Et elle venait de passer la dernière journée de sa vie sur un plateau de cinéma.
Marilyn avait 36 ans. Et Pat Newcomb venait de réaliser que l'essentiel résidait dans ce qui manquait. Parce qu'une absence en dit souvent bien plus que n'importe quel discours.