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Critique de BazaR


Ce bouquin m'a épaté !

Mais si l'on veut en profiter à fond, il vaut mieux effacer sa mémoire après avoir lu la quatrième de couverture. Perso je l'ai vite oublié et pour une fois, je ne m'en plains pas. Contentez-vous de regarder cette superbe et intrigante couverture, et laissez-vous ferrer.
En profiter à fond, ça veut dire être surpris par l'évolution apriori surprenante de ce récit qui nous place quelque part au 18eme siècle, je dirais, à bord d'un navire qui zigzague entre des blocs de glace en scrutant les côtes fractales de Norvège. C'est le détestable Russe (un hasard je suppose) Topolsky qui a organisé l'expédition. Il s'agit de découvrir une fissure étroite qui mènerait vers une sorte de lagon et vers un… artefact.
Silas Coede est médecin de bord et nous le prouve en pratiquant une trépanation devant nos yeux ébahis sur le géant mexicain Ramos. Il est également un peu écrivain de récits de fiction qui plaisent à l'équipage, mais pas à Ada Cossile, autre membre de l'expédition qui ne cesse de moquer ses talents littéraires. Toute l'histoire est vue par les yeux et la plume de Silas.

Je n'en dirais guère plus. Etonnamment, le récit se décline en multiples variations sur le thème principal, toujours avec les mêmes acteurs mais toujours… ailleurs. Ces reboots sont intrigants au possible, mais Alastair Reynolds a pitié de son lecteur et lui donne à manger quelques miettes de compréhension – dont semblent se souvenir certains personnages – avant de fournir le pain complet. La réalité qui se cache derrière les voiles illusoires, toute surprenante qu'elle soit, n'est pas plus palpitante que les voiles en question, qui présentent dans leurs motifs des technologies de siècles variés, de l'horreur lovecraftienne, du space-opera version Edmond Hamilton ou de l'interrogation sur le degré d'humanité à donner à une intelligence artificielle.
Mais la réputation d'auteur hard SF de l'auteur est sauve. On le comprend finalement, quand l'ensemble du puzzle se met en place et que l'on saisit que chaque élément, aussi anodin soit-il, avait été placé là volontairement. C'est surtout le jeu qu'il fait avec la topologie, cette éversion dont je vous laisse trouver la définition vous-mêmes et que subit l'étrange Édifice que l'équipe souhaite explorer, qui en fait preuve. Mais que ceux que les sciences dures se rassurent : le fait de regarder les choses par les yeux d'un médecin implique que les descriptions analogiques n'emploient guère de mots savants, même si elles laissent parfois sceptique quant à la représentation que l'on peut s'en faire.

La qualité de la traduction de Pierre-Paul Durastanti, prêtant un langage plutôt recherché multipliant l'humour au second degré – à l'anglaise – apporte énormément au récit. Je me suis rapidement attaché à tous les acteurs, hormis Topolsky le pénible de service. Je me suis demandé si le capitaine de vaisseau van Vught était un hommage à Van Vogt (et peut-être à son roman Rencontre cosmique). Et le prénom Ada, serait-ce en référence à Ada Lovelace ?
Ces questions me sont personnelles. Alastair Reynolds, lui, n'apporte pas toutes les réponses. Comme dans Rendez-vous avec Rama d'Arthur C. Clarke, il y a des choses concernant l'Étranger dont on ne saura jamais rien. Et j'aime bien cela. Je peux vivre avec ces questions sans réponses.
Après tout, la vraie vie en est remplie.
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