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Ce très beau roman, plein de sensibilité et d'intelligence, bien construit et ponctué de scènes magnifiques, nous emmène sur les traces d'Oghyanouss, durant les décennies qui précèdent la révolution iranienne.

Oghyanouss est le personnage principal du livre et le roman est le récit de sa vie. C'est le récit sombre d'une vie volée et solitaire, celui d'une gamine, puis d'une femme, qui se heurte à l'ignorance, aux préjugés et à la violence d'une société traditionnelle dans laquelle sortir du chemin tracé est un crime. C'est, inséparablement, le récit lumineux d'une révolte, d'une volonté farouche de liberté.

Avec une adresse incroyable, Afsaneh Reza-Miller nous fait plonger dans le coeur et l'esprit d'Oghyanouss et au coeur d'un Iran pré-révolutionnaire en équilibre instable entre traditions et modernité. En même temps, elle ouvre une fenêtre sur notre propre existence, ici et maintenant, en mettant en perspective la fragilité et l'incomplétude des libertés conquises. Un livre à la force critique d'autant plus puissante qu'il ne se place pas sur le registre de la dénonciation.
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« Sur les traces d'Oghyanouss »
Je n'ai jamais été à ce point bouleversée par un roman. et j'ai pourtant l'habitude de lire de livres de littérature. « Sur les traces d'Oghyanouss », je n'hésite pas à dire que l'oeuvre est un chef d'oeuvre.
Il est colossal par ses thèmes, magnifique par sa façon de les analyser. C'est un roman et une oeuvre d'art, avec la puissante voix d'une héroïne peinte dans toute sa splendeur humaine, et elle va inévitablement croiser l'histoire collective de son pays. C'est plein d'âme et de caractère, qui a suscité mon admiration. Ça résonne comme un chant lyrique jusqu'au triomphe quasi épique mais ô combien authentique et sans redondance de l'héroïne. Ce n'est pas une histoire de famille, c'est bien plus, ll s'agit d'une victoire humaine au sens le plus noble du terme et ça donne à ce livre une puissance incroyable. C'est sans conteste pour moi l'un des plus beaux livres de littérature qui existent. Un Joyau digne de prendre place parmi les trésors du patrimoine littéraire du monde.
Pour moi ce moment de lecture reste inoubliable, puisqu'il a sonné comme un grand moment de vie.
J'ai lu pas mal d'ouvrages sur un pays qui me fascine par son cinéma, son histoire, sa littérature, son peuple et sa langue que je ne parle pas. « Sur les traces d'Oghyanouss » me donne la plus belle des preuves qui soit, que sous la dictature religieuse, est née une plume subtile et une romancière hors du commun qui n'écrit pas dans sa langue maternelle mais dans la mienne. Ce livre est exceptionnel.
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" Sur les traces d'Oghyanouss" de Afsaneh Reza-Miller est un sublime roman inclassable pour moi.
Il n'y a aucun doute qu'il nous emmène loin de nos habitudes. Mais aussi de ce que l'on peut imaginer sur une impression préétablie. Je reconnais que sa force réside tout d'abord dans son exigence à ne pas être un témoignage autobiographique, bourré de clichés..
J'imagine mal un lecteur résister à ce roman que je considère comme un intemporel chef d'oeuvre de la littérature universelle. Et ce n'est pas un mot que je distribue facilement. Dans ma grande expérience de lecteur, il m'arrive d'être marqué par quelques perles rares littéraires qui sortent de l'ordinaire et brillent par leur beauté, leur originalité, leur thématique et leur incomparable force. Celui-ci est indéniablement de cette gamme-là. Il n'est pas nombriliste, bien au contraire, un élan empathique envers autrui souligne constamment son ambition romanesque, par ailleurs admirablement atteinte. le roman se bâtît sur de grands thèmes universels. L'auteure prend la main du lecteur et le fait entrer dans un univers complètement inattendu. Elle fait en sorte que l'on reste près du personnage central et très vite, dès les premiers paragraphes, on se sent inséparable de l'héroïne. Ses joies, ses cris, ses jeux, ses peurs, ses pensées, ses émotions font d'elle quasiment une âme soeur. On se reconnaît en elle, bien qu'elle appartienne à un monde onirique. On en ressort, habité par l'histoire et ses détails, par son organisation et son personnage. C'est bien vrai « elle prend possession de quiconque pose les yeux sur elle », c'est par ces mots que l'héroïne nous est présentée dans le résumé. Elle nous entraîne dans cette histoire haletante qui évolue dans des espaces clos, le roman en tire sa grande particularité. Les décors sont volontairement minimalistes (dans une bonne majorité du livre), le suspens se développe, un drame se noue sous nos yeux, l'auteure plante des bouts de mystère à chaque chapitre, le voyage sur ces pistes jalonnées de secrets et d'intuitions devient addictif. On ne peut pas détourner les yeux du personnage pendant que l'intrigue avance à grand pas, on n'en néglige rien et cependant on ne soupçonne pas un instant ce qui se prépare. le rythme narratif est très prenant, ses engrenages se mettent vigoureusement en place, ça nous tient en haleine jusque dans les dernières lignes du roman. « Sur les traces d'Oghyanouss » est une oeuvre romanesque à couper le souffle. Et je pèse mes mots en disant que le dénouement est à lui seul un coup de maître ! Tout est cohérent, le livre est extrêmement solide. Une vie complète se raconte. Non, ce n'est pas une autobiographie, ce n'est pas un récit témoignage déguisé en roman, c'est un roman magnifique plein de créativité et de surprises. Avec une parfaite maîtrise de son sujet, l'auteure décrit une expérience humaine, nous montre que nous avons en nous toutes les forces et toutes les faiblesses. Ce roman bouleverse son lecteur par sa grande sensibilité, sa justesse, sa vérité, son authenticité. Il parle en tout homme. Il est, de surcroît, non dénué de réflexions, de poésie, de joie, et d'humour. Il n'est pas gonflé d'exposés aléatoires, pas d'emphase et rien de redondant en marges de l'action, ici tout se dissout dans la fiction. Un livre extralucide qui, sous ses allures romanesques, ironise intelligemment les valeurs dont il est interdit de douter : famille, religion, patrie, identité, émancipation, amour/passion, modernisme, solidarité féminine. Cette dernière, notamment, est présentée comme une grosse arnaque, une grande utopie.
Ce qui compte, c'est la souffrance de l'être, sa force, sa dignité, devant d'innombrables obstacles qu'au cours d'une vie il peut rencontrer. J'ai aimé ce livre, non, je l'ai adoré et je l'ai dévoré ! Un texte extraordinaire, profondément humain et émouvant, gai, lumineux, et c'est écrit d'une main de maître.
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Magnifique Roman ! Magnifique !

« Sur les traces d'Oghyanouss » d'Afsaneh Reza-Miller est un sublime roman inclassable pour moi.
Il n'y a aucun doute qu'il nous emmène loin de nos habitudes. Mais aussi de ce que l'on peut imaginer sur une impression préétablie. Je reconnais que sa force réside tout d'abord dans son exigence à ne pas être un témoignage autobiographique, bourré de clichés..
J'imagine mal un lecteur résister à ce roman que je considère comme un intemporel chef d'oeuvre de la littérature universelle. Et ce n'est pas un mot que je distribue facilement. Dans ma grande expérience de lecteur, il m'arrive d'être marqué par quelques perles rares littéraires qui sortent de l'ordinaire et brillent par leur beauté, leur originalité, leur thématique et leur incomparable force. Celui-ci est indéniablement de cette gamme-là. Il n'est pas nombriliste, bien au contraire, un élan empathique envers autrui souligne constamment son ambition romanesque, par ailleurs admirablement atteinte. le roman se bâtît sur de grands thèmes universels. L'auteure prend la main du lecteur et le fait entrer dans un univers complètement inattendu. Elle fait en sorte que l'on reste près du personnage central et très vite, dès les premiers paragraphes, on se sent inséparable de l'héroïne. Ses joies, ses cris, ses jeux, ses peurs, ses pensées, ses émotions font d'elle quasiment une âme soeur. On se reconnaît en elle, bien qu'elle appartienne à un monde onirique. On en ressort, habité par l'histoire et ses détails, par son organisation et son personnage. C'est bien vrai « elle prend possession de quiconque pose les yeux sur elle », c'est par ces mots que l'héroïne nous est présentée dans le résumé. Elle nous entraîne dans cette histoire haletante qui évolue dans des espaces clos, le roman en tire sa grande particularité. Les décors sont volontairement minimalistes (dans une bonne majorité du livre), le suspens se développe, un drame se noue sous nos yeux, l'auteure plante des bouts de mystère à chaque chapitre, le voyage sur ces pistes jalonnées de secrets et d'intuitions devient addictif. On ne peut pas détourner les yeux du personnage pendant que l'intrigue avance à grand pas, on n'en néglige rien et cependant on ne soupçonne pas un instant ce qui se prépare. le rythme narratif est très prenant, ses engrenages se mettent vigoureusement en place, ça nous tient en haleine jusque dans les dernières lignes du roman. « Sur les traces d'Oghyanouss » est une oeuvre romanesque à couper le souffle. Et je pèse mes mots en disant que le dénouement est à lui seul un coup de maître ! Tout est cohérent, le livre est extrêmement solide. Une vie complète se raconte. Non, ce n'est pas une autobiographie, ce n'est pas un récit témoignage déguisé en roman, c'est un roman magnifique plein de créativité et de surprises. Avec une parfaite maîtrise de son sujet, l'auteure décrit une expérience humaine, nous montre que nous avons en nous toutes les forces et toutes les faiblesses. Ce roman bouleverse son lecteur par sa grande sensibilité, sa justesse, sa vérité, son authenticité. Il parle en tout homme. Il est, de surcroît, non dénué de réflexions, de poésie, de joie, et d'humour. Il n'est pas gonflé d'exposés aléatoires, pas d'emphase et rien de redondant en marges de l'action, ici tout se dissout dans la fiction. Un livre extralucide qui, sous ses allures romanesques, ironise intelligemment les valeurs dont il est interdit de douter : famille, religion, patrie, identité, émancipation, amour/passion, modernisme, solidarité féminine. Cette dernière, notamment, est présentée comme une grosse arnaque, une grande utopie.
Ce qui compte, c'est la souffrance de l'être, sa force, sa dignité, devant d'innombrables obstacles qu'au cours d'une vie il peut rencontrer. J'ai aimé ce livre, non, je l'ai adoré et je l'ai dévoré ! Un texte extraordinaire, profondément humain et émouvant, gai, lumineux, et c'est écrit d'une main de maître.
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Une brillante oeuvre littéraire, puissante, rare, d'une force émotionnelle inouïe !!!

Attention, chef d'oeuvre à lire d'urgence, vous n'en ressortirez pas indemne, un roman indépendant qui place d'emblée son auteure parmi les plus grands !!!
Voilà c'est dit et je vais vous expliquer pourquoi ...

Le roman se situe en Iran, 60 ans avant la Révolution de 1979, dans un petit village de province, village fictif de Marguéstânn, et relate l'histoire d'une petite fille unique à la destinée tracée. Mais la petite, une fille pas comme les autres, ne l'entend pas de cette oreille, elle se révèle d'une nature rebelle et "sauvage", elle a soif de liberté, elle va tout faire pour s'opposer à une "carrière" programmée, à commencer par rejeter l'éducation religieuse imposée selon les lois traditionnelles, le port obligatoire du tchador, le mariage forcé…

Jamais un roman aussi intelligent et d'une portée universelle si pénétrante ne m'aura autant convaincu de la force des mots. L'histoire m'a laissé des traces, encore au moment j'écris cette chronique plusieurs heures après, une émotion constante et indicible continue de m'habiter, de me hanter dans les plus profonds tréfonds de mon âme et de ma conscience, je n'ai pas l'habitude de verser des larmes mais après les derniers mots de « Sur les traces d'Oghyanouss », c'est fait, oui, je plaide coupable.

C'est d'abord une voix, une présence, une narration littéraire qui porte sur ses solides épaules toute la vie de cette petite fille qui est arrachée à sa famille. le lien père-fille, émouvant, indéfectible, qui se forge au fil de ses premières années d'existence, sera interrompu par celles qu'elle nommera "les deux femmes de sa vie", quand bien même, elles seront à l'origine de ce déchirement et de cette rupture, et de son double deuil. le destin est en marche. Pour la petite héroïne, sa deuxième vie ne fait que commencer, je ne vous en dis pas plus pour ne pas déflorer l'intrigue ... Tout est à découvrir, absolument tout !

Je suis elle.

Quel style, quelle plume, j'ai pris mon temps de lire ce roman, chaque mot a une consonnance et une résonnance particulière, les phrases vous feront goûter à la joie de (re)découvrir combien les lettres peuvent vous submerger de sentiments contradictoires, vous engloutir dans un florilège d'émotions, de vous faire sentir "vivant", coller au plus près du personnage principal, de frémir à travers ses paroles, de rejaillir lors d'instants fulgurants propres à désarçonner même les esprits les moins malléables, la force de caractère de l'enfant, ses pensées, ses actes et ses conséquences, vous subirez tous les affronts et les terribles choix, vous vivrez de l'intérieur cette existence dénuée de la moindre compassion, ce qui fera décupler notre empathie à son égard, je me suis immergé dans sa peau à suivre chacun de ses pas, l'un après l'autre, à ne faire qu'un avec elle, à sentir jusqu'à son plus petit souffle comme une légère caresse dans mes cheveux, à me délecter de chacun de ses cris comme une douce mélodie, à vibrer à l'unisson avec elle, à lui faire des appels invisibles quant à la prochaine étape de sa vie, je ne faisais plus qu'un avec elle ...
Son cri de détresse et de désespoir, une caisse de résonnance. Ce microcosme, cet habitat réduit, cette fenêtre vers un espace infini, les frontières de la réalité et de l'imagination vont se fusionner en une entité indivisible et unique, un toit pour un champ de possible infini, l'âme du personnage principal n'a pas fini de nous tourmenter, de donner des pistes de réflexion sur la profonde nature de l'être humain, la folie des uns finit par contaminer et se propager comme un feu de brousse, un condensé de vie réunit en un lieu inique et unique.
La peinture est un reflet de son âme, un miroir de son existence, elle est l'ombre d'elle-même, la beauté cachée et la souffrance intérieure, une douleur insoutenable, la voix du silence.

Quand la révolte sonne, les trompettes se tairont, quand le manque le plus total laisse l'héroïne face à sa vie, son destin, elle devient témoin d'une époque et de toutes les époques, son corps est un réceptacle et un temple de son esprit libre, l'âme du « supposé » diable, de la supposée « folle » se mue alors en une âme pure, absolue, créatrice, inspiratrice, elle est l'incarnation de tous les êtres démunis, l'amie de la solitude, l'épaule sur qui poser sa tête, il ne suffit de pas grand chose, l'écho d'un son, la réverbération d'un phare de voiture sur sa petite fenêtre, le personnage principal est tout et ... rien, elle vit en vase clos, le temps passe et n'a plus d'emprise sur elle, les évènements du quotidien glisse sur elle comme l'eau coule de sa source, elle vit dans un songe et un monde onirique fait d'éclats de lumière, un horizon lointain et inaccessible, les saisons défilent comme des perles sur un collier, rien ne la perturbe, elle fait le vide autour d'elle, son lieu de vie est un champ infini de possible tout en étant délimité dans la plus grande restriction, un aire restreint mais c'est son royaume à elle, c'est le royaume d'Oghyanouss, personne n'y pénètre sans son autorisation, c'est un lieu sacré et qu'on ne la surprenne pas ...

Comme je l'ai évoqué avant, c'est un roman littéraire sur lequel souffle un grand vent de liberté et de souffrance Afin de préserver au maximum toutes les surprises qui s'égrènent et jaillissent en ressorts dramatiques, je me limite à dire que « Sur les traces d'Oghyanouss » est le roman d'une tragédie à l'échelle humaine. le roman de l'indicible, de l'ignoniminie et de la monstruosité humaines qui gangrènent les esprits les plus vifs et les plus fragiles, le roman qui interroge la libre-pensée et l'émancipation. C'est l'abandon de soi dans sa plus infime et profonde expression, une destinée au milieu du chaos et de la folie, l'illusion se liquéfie de manière latente, le désespoir ou l'inespoir amène une certaine paix intérieure. La plume est magnifique, chacun des mots donne un sens particulier suivant la situation abordée, j'ai senti que l'auteur se jouait des mots comme un musicien joue ses notes d'une partition, la progression de l'histoire est d'une fluidité remarquable, rien ne résiste à l'attraction du pouvoir littéraire, le magnétisme dégagé par le personnage principal fait qu'on s'oublie soi-même pour elle, si omnisciente. Hors champ, hors et des sentiers battus, à travers les âges et les terribles incidents qui vont émailler l'histoire du pays, l'héroïne avance telle une funambule sur un fil ténu et sur lequel, tout son équilibre est en jeu.
Je suis Oghyanouss.

Le roman se scinde en deux parties, avant et après la révolution de 1979, ce qui se traduit par une rupture dans le ton, à l'image du pays mais là, encore, l'auteure va nous surprendre, dans la deuxième partie du roman, par des révélations qui vont mettre à mal toutes les convictions qu'on a pu se forger au fur et à mesure de la lecture. Une opposition et une fracture dans la représentation de l'évolution du monde entre les traditions ancestrales et le modernisme, les conventions mises à mal, l'économie de marché, la politique, les complaisances et les artifices sont de rigueur, l'auteure ne cherche pas à porter un jugement, le lecteur a toute latitude de se poser des questions, d'émettre sa propre voix, ses réserves.

Le dénouement est un modèle sans précédent, unique, qui vient encore nous surprendre, retour à la case départ avec un lot d'inattendus, une richesse et une originalité folle achèvent de donner à ce roman toute son ampleur thématique et nous fait voir toute sa dimension métaphorique, c'est sans équivalent, la voix d'une héroïne des temps modernes, la musique du coeur et de l'âme, la défenseuse des insoumises, les caprices du destin.
Où quand la petite histoire rejoint la grande histoire d'un pays avec un grand H, l'Iran.

Plusieurs thématiques sont abordées, développées à travers toute l'histoire de ce personnage féminin, la littérature est un champ d'expérience et d'expérimentation, de réflexion, j'espère pouvoir continuer ensuite, ici ou là, débattre avec celles et ceux qui le liront, partager l'immense plaisir que j'ai eu à lire « Sur les traces d'Oghyanouss », échanger des idées dans la compréhension du livre, développer des pistes afin de compléter, d'apporter de nouvelles lumières.

Comme l'a dit récemment un auteur connu "C'est très rare un écrivain qui écrit en dehors de sa langue maternelle ...", Afsaneh Reza-Miller l'a fait et avec quel talent littéraire, à aucun moment j'ai eu le sentiment de lire l'écriture d'une lettrée iranienne, c'est une artiste, un écrivain littéraire rare et précieux, « Sur les trace d'Oghyanouss » est un roman exigeant, moderne, d'une audacité et d'une intelligence hors du commun, d'une très grande force approuvée, d'une puissance émotionnelle prodigieuse, c'est une fiction littéraire à la première personne du singulier d'une femme révoltée, soumise sans l'être. le roman d'une prise de position humaine face à la bêtise des Hommes.

C'est un livre qui m'a littéralement transpercé le coeur, donné des frissons parfois, d'angoisse en ce sens que les mots vous bouleversent, vous secouent, vous atteignent au plus profond de vous-même, transcendent tous vos acquis et font trembler toutes vos certitudes, un roman vertigineux dans la mise en abîme du personnage principal, m'a fait passer par une multitude d'émotions et de sentiments ambivalents, je n'en suis pas sorti indemne, le réalisme de certaines scènes m'a glacé le sang, la sincérité du propos et l'authenticité qui en résulte m'a achevé pour le qualifier de roman littéraire de l'année !!!

Je vous invite sans concession à lire « Sur les traces d'Oghyanouss » de l'auteure Afsaneh Reza-Miller, c'est un roman rare, une pièce maîtresse lumineuse, une brillante oeuvre littéraire, sans équivalent, j'espère que vous serez autant ému et bouleversé que je l'ai été.
Une force impressionnante, le pouvoir des mots et des images qui les inspirent.
16 ans après sa conception, l'auteure s'est finalement persuadée de commercialiser son roman (premier roman) en 2015, elle l'a réalisé de A à Z, y compris l'illustration de couverture qui symbolise à elle-seule, ce qui vous attend dans cet unique et sublime roman littéraire.

Un bijou de littérature. Mon coup de coeur de l'année 2017 !!!
❤️❤️❤️💖💖💖
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L'auteur est d'origine iranienne, et le français n'est donc pas sa langue maternelle. C'est peut-être pour ça que j'ai été autant déstabilisé par son écriture que je qualifierai d'amphigourique. Elle a la manière de faire des phrases compliquées pour parler de choses simples.

"Sétareh obtint de la vie des libertés secrètes, et moi une raison d'être. le temps déposa ses lourdes valises sur les épaules des humains qui s'en inquiétaient et s'éloigna de moi."

Ouch, ça pique... Ou encore : "Elle était si laide, affirmait-on, qu'aucune mère n'acceptait d'en tomber amoureuse par procuration pour son fils."

C'est mal dit, je trouve. A ce stade, tu penses sans doute que je vais descendre le bouquin en flèche, mais ce serait sans compter sur le fond et l'atmosphère qui tapissent ces 260 pages. Il s'agit d'une ode vibrante à la liberté, qui permet à l'auteure d'écrire quelques passages magnifiques sur la condition de femme en Iran pré-révolution et la religion (bien que la charge contre l'Islamisme ne soit jamais vraiment violente) :

"En quoi avait consisté le plaisir de maman ? Était-ce du chagrin de nous avoir perdus, papa et moi, qu'elle est morte si jeune ? A quel moment de sa vie avait-elle été heureuse ? Pourquoi lire le seul livre de la vie et de la mort, quand on peut lire Khayyâm et Saadi ? Pourquoi céder aux cris d'un Mohsen-Ali, quand on peut écouter le Printemps de Vivaldi ?"

Ou encore, dans un dialogue :

"- Mais diable, qu'est-ce que tu racontes ?
-Vous n'êtes pas libres.
-Libres ?! Comment a-t-elle appris ce mot ?! demanda maman à sa tante chérie. Ce n'est pas écrit dans ses leçons que je sache !"

Il serait peut-être temps de te dire de quoi ça parle. Nous suivons une fillette, bijou de son père, doux fumeur de Narguilé soumis à sa femme et à la tante de celle-ci. Les deux "femmes de la vie" de la gamine tentent de lui inculquer un strict enseignement religieux, tandis que le père tente mollement de les en empêcher. Mais la fillette se révélera indomptable, préférant la nudité au tchador. Comme dans le tambour, le cri sera manière de signifier son désaccord avec le monde qui l'étouffe. Hélas, tout le monde s'évertuera à modeler son destin.
Jusqu'au dernier quart du livre, où Darya commence enfin à vivre, on a du mal à situer l'action dans une temporalité. Les personnages semblent toujours en train de se crier dessus et à agir de manière absurde, comme dans un bouquin de Dostoïevski (enfin moi, ça m'a toujours fait cet effet-là). Il y a aussi un parfum de Mille et une nuit très agréable. Sur les traces d'Oghyanouss est en effet une sorte de conte moderne.

Pour résumer, j'ai totalement adhéré à l'histoire, même si j'aurais préféré que l'auteure nous en dise un peu plus sur la culture iranienne, qu'on survole un peu trop, mais le style m'est apparu assez pénible par moments. Je recommande tout de même pour sa forte originalité.
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C'est une histoire que j'ai trouvée très originale, l'histoire d'une petite fille qui se rebelle contre le destin que cherchent à lui imposer sa mère et sa tante. Elles ont décidé d'en faire une sainte malgré elle et, elle leur oppose le peu d'armes dont elle dispose, à savoir la fuite dans un espace restreint qui s'y prête peu, grimpant aux arbres de la cour et refusant d'en descendre ; le rejet physique de ce qu'elles cherchent à lui inculquer (elle le vomit au propre comme au figuré) ; la nudité alors qu'elles veulent à tout prix voiler son corps, nudité qui n'est jamais sexualisée et presque asexuée. Ce livre parle de désespoir et de liberté, liberté de l'esprit, liberté du corps, une liberté qui a un prix : l'enfermement, car l' héroïne passe la majeure partie de sa vie « prisonnière ». Pourtant, elle réussit à demeurer forte et paradoxalement, dominante. Ses geôliers ne parviennent jamais à faire d'elle ce qu'ils veulent et même lorsqu'ils l'exploitent, elle n'est pas vaincue, elle conserve une maîtrise, certes, relative, mais une maîtrise de sa vie.
Si vous avez aimé ce livre, je vous invite à découvrir l'interview que m'a accordé son auteur.
Lien : http://sandra-ganneval.blog4..
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Sur les traces d'OGHYANOUSS de AFSANEH REZA-MILLER

Fiction totale ou autobiographie ? le doute semble permis à la lecture des premières pages de cet incroyable voyage initiatique au coeur de l'Iran .
La suite et la fin semblent accréditer la piste d'une oeuvre de fiction hautement inspirée d'observations et de témoignages sur une thématique chère à l'auteure, qui signe là un premier roman d'une force peu commune.
Ce récit est celui de la destinée d'une enfant dans l'Iran pré-révolutionnaire, une fillette dont la vocation à été décidée et programmée pour elle par sa mère et sa tante, toutes deux bouffies de dévotion. le père vénéré et idéalisé ne lui est d'aucun secours et ne représente en aucun cas un contre-pouvoir crédible tant sa faiblesse est patente.
A celles qui rêvent pour elle d'un destin de sainte-martyre, l'enfant va opposer sa force de caractère et les seules armes puériles et dérisoires dont elle dispose.
Ce roman est à la fois une remarquable satyre sociétale en ce qu'il dénonce des pratiques obscurantistes et révoltantes légitimées par des traditions millénaires, mais aussi un émouvant conte poétique sur la détermination d'un être humain à conquérir son émancipation contre vents et marées, porté par sa seule obstination et sa persévérance sans failles.
Au fil des pages et des chapitres de cette véritable ode à la liberté, le lecteur est submergé par un patchwork d'émotions, entre dégoût, révolte, rire, étonnement, admiration, avec pour fil conducteur une empathie sans cesse grandissante à l'égard d'OGHYANOUSS dont l'histoire épouse celle de l'Iran monarchique du Shah jusqu' à la chute du régime et l'avènement de Khomeiny.
Le tout porté par le style remarquable , brillant et acerbe d'Afsaneh REZA-MILLER dont le talent criant appelle bien évidemment d'autres opus.

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Sur les traces d'Oghyanouss est un roman unique et puissant, un livre qui m'a laissé avec une impression étrange et indescriptible une fois la lecture achevée. Une des premières choses à m'avoir frappée a été l'absence de traduction. L'auteure n'est pas française, le français n'est donc pas sa langue maternelle et cela ne se ressent absolument pas lors de la lecture, les mots sont d'une rare fluidité ; un immense bravo à l'auteure pour son travail car je ne doute pas qu'il fut colossal.

Ce livre nous raconte une histoire qui sort des sentiers battus, l'histoire d'une jeune fille, à la fois énigmatique et originale que nous prenons plaisir à suivre, à laquelle nous sommes presque forcés de nous attacher, voire de nous identifier. Oghyanouss, en voila un superbe prénom – clé du récit qui nous ouvre les portes d'un monde jusqu'alors insoupçonné. Nous suivons les trace d'une fille qui apprend à devenir une femme dans un monde qui ne semble pas la comprendre, une jeune fleur sur le point d'éclore, qui peine à communiquer avec son environnement – lumière dans les ténèbres de la vie.

À travers le regard naïf, mais aussi empreint d'une certaine maturité d'Oghyanouss, c'est toute une prise de conscience qui nous assaille. Nous apprenons à regarder le monde qui nous entoure autrement, à nous en méfier mais aussi et surtout à l'aimer. le calme et la chaos se mêlent habilement dans nos esprits, créant un désordre sans précédent, d'une douceur inégalable. Oghyanouss c'est ce mélange étrange de pureté et de péché, ni totalement blanche ni totalement noir, une sorte d'entre-deux qui fascine tant elle semble complexe et insaisissable. Insaisissable, c'est le mot, nul n'est à même d'enfermer cette jeune fille, la liberté, sa liberté n'a pas de prix mais son acquisition va être longue et semée d'embûches. Comment s'évader quand les murs qui nous entourent nous retiennent prisonniers ? Est-ce un défi physique ou psychique que celui de s'extraire de la réalité, là repose toute la question. Quitter la torpeur de la banalité quotidienne n'est pas simple, c'est tout un art, et bien plus …

Quand la vie commence-t-elle vraiment ? Quel est le véritable pouvoir ? Avec la jeune Oghyanouss à nos côtés, nous allons tenter de répondre à ces questions, d'en saisir toute la portée. Rien n'est simple, tout est ancré dans un contexte plus ou moins marqué, celui de l'Iran d'avant, bien avant, et d'après la révolution. Dans ce livre, on peut dire que les contextes religieux et politiques sont très présents, voire pesants, on ressent véritablement le poids d'une époque, de la famille mais aussi de nombreuses autres choses. L'atmosphère est lourde, chargée de sous-entendus et d'incompréhensions. Afin d'alléger tout cela sans en ôter la saveur, l'art, et plus particulièrement la peinture, va jouer un rôle primordial dans l'histoire. Peindre comme certains peuvent écrire, peindre pour s'exprimer autrement que par l'acte de parler…

Qui du père, de la mère, de la tante ou encore de la religion détient le dernier mot ? Vous découvrirez la place du père, il joue un rôle très particulier et parfois ambiguë, c'est un homme effacé, complètement dans sa bulle qui ne semble pas être à même de saisir le sens de ce qui l'entoure. La mère et la tante d'Oghyanouss nous apparaissent de suite comme deux tyrans, des femmes que rien ne semblent pouvoir arrêter, prêtes à tout pour obtenir ce qu'elles veulent. J'ai trouvé quelque chose de presque ridicule dans leur obstination, une certaine naïveté dans leur entêtement. Aveuglées par la religion et leurs pseudos concepts, elles peinent à ouvrir les yeux sur les choses les plus concrètes qui soient, perdues dans les abîmes d'une doxa qu'elles suivent sans en comprendre la vraie portée… le contraste homme/femme, au sein du couple que constitue les parents, est saisissant et presque improbable pour l'époque. La famille de la jeune fille n'a rien d'ordinaire, nul doute que le destin d'Oghyanouss se devait d'être hors-norme.

Oghyanouss éclipse les autres, elle rayonne de milles feux, resplendit tel le plus brillant des diamants. Jeune fille presque iconique, elle s'inscrit merveilleusement bien dans cette histoire forte et prenante. Les chapitres sont rythmés, dynamiques, tout au long de la lecture, nous sommes amenés à relever de nombreuses ellipses et sous-entendus, des phrases que nous tentons de saisir au vol, dont nous ne comprenons le sens qu'au fur et à mesure. Un seul point m'a chagriné dans ce livre, cela concerne la ponctuation et son usage parfois excessif à mes yeux ; l'utilisation abusive des points d'exclamation et d'interrogation dénaturait le propos au lieu de le rendre plus impactant, c'est le seul point noir que je peux soulever pour ce livre.

En définitive, j'ai bu les mots de l'auteure comme un délicieux nectar, je les ai savouré et dégusté jusqu'au dernier car ils sont plein d'une détresse et d'un espoir sans nom, regorgeant de vitalité et de mystère. En plein Iran monarchique, ce livre dresse un portrait des femmes à travers une époque contrastée et difficile, il met en avant le combat d'une femme contre son époque mais surtout celui d'une fille contre d'autres femmes – lutte perpétuelle pour la vie mais aussi la survie et la liberté.

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Excellent Roman, l'auteur sait dessiner avec precision les personnages , leur caractère et l'ambiance de l'Iran. On voit grandir l'héroïne, ses batailles, sa résistance face aux dogmes. Sa "construction"malgré les épreuves, son évasion grâce à l'art. On ressent l'évolution du pays, le rôle de la religion. On est interpellé par cette histoire.
À lire.
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