Citations sur 20 ans ferme (14)
Si vous voulez une totale sécurité aller en prison. Vous êtes nourris, vêtus, pris en charge médicalement et ainsi de suite. La seule chose qui manque ... c'est la liberté.
Je... Je ne sais plus comment faire pour tenir. Je me cogne aux murs, et quoi que je dise, quoi que je fasse, tout me revient en pleine gueule. Je suis enfermé dans cette prison, je sais pourquoi. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ils veulent que je sois enfermé à l'intérieur aussi, comme si j'étais condamné à une double peine. On le sait bien qu'on a fait des conneries. On ne les a pas faites par hasard, ils le savent bien. Et au lieu de nous aider à nous en sortir, ils nous enfoncent la tête dans la merde, toujours plus profond. Y a rien à espérer de ces années passées à croupir. On ressortira pires qu'avant.
On nous fout en taule pour nous réinsérer, mais faudrait déjà penser à nous sociabiliser! Un prisonnier sur deux en dépression, un sur trois drogué ou alcoolique, un quart bon pour la camisole.
De quelle prison parle-t-on? Des murs inutiles qui nous entourent ou de l’enfermement de notre esprit duquel vous ne souhaitez pas que l’on sorte? (…) Vous savez bien que derrière chaque personne qui entre ici il y a une douleur, il y a un besoin, il y a un manque. Rien de tout cela n’est trivial. Nous y arrivons inachevés, en souffrance. Nous en ressortons détruits, déshumanisés.
Comment expliquer qu'il faille en arriver à de telles extrémités pour obtenir ce que chaque homme est en droit d'exiger, même en prison.
Le droit à la propreté, le droit à une sexualité même médiocre, le droit à la dignité des familles, qui elles, n'ont pas été condamnées.
Face à ces revendications, la réponse est toujours la même. La violence, la vengeance, la hargne, l'humiliation... La déshumanisation. Nous sommes bien moins traités que les chiens à qui on demande de nous mordre.
Tu dis que je devrais filer doux, la mettre en veilleuse, mais je pense que c'est le combat qui permet de garder un semblant de dignité, de ne pas perdre le contact avec la vie. Je refuse de démissionner, je ne veux pas mourir à petit feu, moi.
L'autre jour, il y a le fils d'un prisonnier qui s'est suicidé parce qu'on le laissait pas voir son père. Ce gamin est mort, et pourtant il n'avait pas été condamné, lui. Un gamin ! (p. 61)
- C'est [le maton] le plus con de tous, tout le monde le sait. Y en a toujours quelques uns en prison, comme il y en a d'autres qui sont sympas. Pareil que chez nous, finalement.
(p. 20)
- Regardez-moi ça. Entassés comme des bêtes. Pire que dans un abattoir. On est traités comme des chiens. On peut pas laisser faire, faut qu'on le fasse savoir !
- Qu'est-ce que tu veux... On n'y peut rien, c'est comme ça.
- C'est pas comme ça ! Si on se conduit comme des femmelettes, on sera traités comme des femmelettes. Faut les obliger à bouger.
- Ecoute, Milan, je suis là depuis presque deux ans, j'en ai vu des gars comme toi qui voulaient tout péter.
- Et ?
- Et rien du tout. Il s'est rien passé, à part du mitard pour ceux qui avaient gueulé. On peut rien faire ! C'est eux les patrons, c'est eux qui décident. Faut être patient, prendre ce qu'il y a à prendre. Tu vas t'y faire.
- Je vois.
(p. 10)
La plupart entrent ici pour un simple vol ou une escroquerie et ressortent avec un diplôme de grand banditisme . La prison ne peut pas les aider .