Citations sur Nuits blanches, tome 1 : L'homme de minuit (59)
Il avait envie de la mordre, de l'embrasser, de la lécher, de la pénétrer. Il voulait tout, tout ce qu'elle pourrait lui donner, et plus encore. Mais s'il commettait un autre faux pas, il risquait de se priver à tout jamais de ces délices. Au stade où il en était, il avait plus de chances de devenir danseuse étoile que de mettre Suzanne Barron dans son lit. Elle le fuyait comme s'il était l'Antéchrist.
Il vivait sous le même toit que la femme la plus belle et désirable qu'il ait jamais vue. Une femme qu'il avait déjà possédée debout contre un mur, et qu'il ne tarderait pas à posséder de nouveau, que ce soit dans un lit ou ailleurs, peu lui importait. Et pour couronner le tout, ses affaires tournaient tellement bien qu'il était en passe de devenir riche. La vie ne pouvait être plus belle.
Jusqu'à la fin des temps, cette odeur demeurerait associée à une relation sexuelle d'un érotisme torride. Bien trop torride pour sa tranquillité d'esprit. Son parfum l'enveloppa et un long frisson la traversa.
Tu es bien trop belle pour que l'idée de m'éloigner de toi me passe seulement par la tête, ajouta-t-il en enfouissant le nez dans sa chevelure. Tu sens trop bon et ta peau est trop douce. Bon sang, j'ai follement envie de toi.
Il la serrait contre lui en silence, sans doute conscient qu'elle n'avait pas besoin de mots. C'était de cela qu'elle avait besoin, de contact humain, de chaleur humaine. D'un lien, aussi ténu soit-il, avec sa force et son courage.
Je suis désolée de t'avoir entraîné dans cette histoire, John. Je ne sais même pas de quelle histoire il s'agit. Désolée d'avoir mis ta vie en danger, désolée que tu aies dû tuer deux personnes par ma faute. Désolée des démêlés que tu vas peut-être avoir avec la justice à cause de ce que tu as fait pour moi. Désolée...
Elle avait joui dans une incroyable explosion de chaleur, l'autre soir. Embrasser John, sentir son corps ferme contre elle, en elle... Oh, oui, aucun doute, il avait le pouvoir de lui faire oublier ses problèmes ! D'un autre côté, coucher avec lui alors qu'elle se sentait aussi nerveuse, aussi perdue, se révélerait tout aussi certainement désastreux.
Si l'orgasme explosif de l'autre soir l'avait laissée sans force et sans volonté, que resterait-il d'elle, maintenant que sa vie était réduite à un tas de cendres?
Quelqu'un avait surgi des ténèbres pour la tuer, et elle ne savait ni qui ni pourquoi.
Tant qu'elle ne le saurait pas, tant qu'elle n'aurait pas la certitude que cette menace sans nom et sans visage n'avait pas disparu, il n'y aurait pas de retour possible.
Sa vie avait été anéantie, balayée, soufflée en un instant. Il n'y avait plus ni passé ni futur.
Les aventures sexuelles modernes ne produisent pas cet effet-là. Dans le cadre d'une aventure sexuelle moderne, on flirte gentiment et on garde ses distances. Rien à voir avec un coït si primitif qu'il évoque l'aube de l'humanité, une époque où les hommes assommaient les femmes, les traînaient par les cheveux jusqu'à leur caverne et les protégeaient de toutes sortes de prédateurs à coups de dents et de griffes.
Suzanne comprit subitement qu'en appelant John à son secours, elle avait franchi une barrière d'autant plus dangereuse qu'elle était invisible. Elle s'était placée sous sa protection. Elle s'était donnée à lui.
Suzanne n'avait jamais vu cet homme. Penser qu'un parfait inconnu ait voulu la tuer lui laissait une impression étrange. Il avait voulu la tuer et ressortait de chez elle dans une housse plastifiée tandis qu'elle-même se tenait près de l'homme qui l'avait tué.