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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On n'a finalement pas tout dit, ni tout écrit sur la lutte des classes, la France d'en bas, les invisibles qui traversent notre société, au mieux dans l'indifférence, au pire dans le mépris.

Dans Désintégration, Emmanuelle Richard met des mots qui cognent dur et touchent juste sur ce déclassement permanent vécu par cette narratrice sans nom ni prénom. Un signe déjà…

Du décalage vécu dès sa prise de conscience adolescente et qui ne cesse de se poursuivre lors des années de galères étudiantes ; de ces études qui ne mènent à rien sinon à de nouvelles déceptions ; de ces petits boulots enchaînés comme autant de bouées de survies qui se dégonflent à peine enfilées ; de ces fins de mois qui démarrent trois jours après la paye ; de ces regards condescendants ou méprisants qui marquent le quotidien et forgent chaque fois un peu plus le creuset de la honte, avant celui de la haine ! Et de l'écriture comme échappatoire ultime vers une tartuffienne reconnaissance.

Un roman-récit coup de poing, écrit à l'encre de la colère.
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Elle est issue de la classe moyenne, celle qui trime dans son pavillon de la banlieue de la Grande Ville, celle où les fins de mois heurtent malgré le travail et les heures qui s'empilent, où l'envie reste vaine, peu ou pas de vacances, des courses aux Discount et des vêtements made in « chaines asiatiques ».

Elle est issue de cette classe qui voit que la vie peut-être autre chose, que certains ont des privilèges, des facilités, du flouze, du blé, du piston. Elle voit qu'elle peut travailler davantage et changer de trottoir ou traverser la rue, les difficultés restent les mêmes, le comptes aussi, la galère.

Elle a la rage et les hait, elle qui les regarde. Les subit.

L'écrit est virulent. Une gerbe qu'elle vomit et qui frappe. Des mots qui s'enchaînent dans une logorrhée de violence. La description d'une survie.

La plume est magnifique.

C'est un roman – une autobiographie ? – sur la haine qui porte et soutient, une haine qui détruit aussi jusqu'à la perte de soi.

Un écrit fort, une chute en abîmes.


Lien : http://aufildeslivresblogetc..
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C'est l'histoire d'une femme, l'auteure certainement, qui appartient à un milieu de classe moyenne et qui ne" peut pas" ou ne "veut pas" intégrer la classe supérieure.
Nous la suivons tout le long de ses études supérieures dans la recherche de petits boulots pour survivre, de ses rencontres avec ceux de la classe supérieure et qui lui font bien comprendre, de l'acquisition des codes : code de langage, d'habillement, de consommation même alimentaire.
De son besoin d'intégration passe la nécessité de désintégration. On pense à Bourdieu, Bégaudeau et à Michel Jounin et son "voyage de classe"
Un livre souvent poignant et révoltant qui fait appel aussi à des souvenirs vécus d'un côté ou de l'autre de cette barrière sociale.
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Pour payer ses études de cinéma, une jeune femme enchaîne les petits boulots ingrats. Elle cherche sa place, entre les étudiants en cinéma des beaux quartiers qu'elle côtoie à la fac et les personnes qu'elle rencontre au travail. Elle est confrontée au mépris ou du moins à la condescendance des jeunes issus de bonne famille, elle se rend compte qu'elle n'a pas les codes, qu'elle est inadaptée, hors de ce milieu malgré un bagage culturel important et des études supérieures. C'est le roman de la colère. Un gros coup de poing. L'héroïne voit la haine percer en elle, la haine des bourgeois, de ceux qui ont tout, qui ne galère pas et qui la méprise. Elle fera du sexe sans lendemain son exutoire et de l'écriture sa délivrance !
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Bombe humaine

Désintégration : nom féminin signifiant destruction complète, dissolution venue de l'intérieur ... et effectivement, ce livre fait l'effet d'une bombe tant il explose de haine et de colère. Roman ou autobiographie ? Un peu des deux sans doute pour raconter le parcours désenchanté d'une jeune étudiante.

La narratrice, fille d'une famille modeste a grandi en banlieue et elle enchaine aujourd'hui les petits boulots alimentaires pour financer ses études dans « la grande ville ».  D'elle on ne connaitra jamais le nom. Elle vit en colocation et peine à s'intégrer parmi ses camarades issus de milieux plus favorisés. Mépris de classe et humiliations sociales sont le terreau fertile à des sentiments de rancoeur et de honte, deux sentiments qui vont grandir en elle jusqu'à la perte de soi, le cheminement entre ce que la jeune fille rêvait de devenir et ce qu'elle se voit devenir.

De l'appétit de vivre au désenchantement

Bon, autant vous le dire de suite, Désintégration n'est pas un livre gai mais une histoire puissante et virulente sur la jeunesse précarisée, une actualité réelle qui fait froid dans le dos. C'est Un livre désenchanteur qui secoue, un livre d'une rare intensité dramatique, avec une tension permanente servi par un style particulièrement acéré, comme si chaque mot était choisi avec une précision chirurgicale, une écriture au scalpel.

Désintégration c'est une histoire de pauvreté et d'épuisement, une histoire dans laquelle « Nous n'étions pas vivants. Nous n'étions pas morts. On était juste crevés, vidés, lessivés, épuisés, physiquement et psychologiquement … » et cette phrase, ce style minimaliste, ces mots rageurs qui visent justes, ce ton âpre sont le reflet de ce livre terriblement corrosif !

Un roman-récit coup de poing à lire absolument !
Lien : http://www.instantanesfutile..
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Emmanuelle Richard crie fort dans ce livre. Et elle vise juste. Il se trouve que je le lisais alors que le premier tour des élections présidentielles se jouait en France, quelle ne fut pas ma surprise en lisant "élections pestilentielles" au moment même, curieuse coïncidence. L'océan de privilèges qu'ont ceux qui sont "nés du bon côté" donne une envie de vomir absolument terrassante. J'ai reconnu dans ce livre des dizaines de personnes que j'ai rencontré en arrivant sur les bancs de la fac à Paris, après avoir quitté mon Nord natal. Emmanuelle Richard a mis des mots sur ces intuitions, ces ressentis, ces décalages, ces phrases dédaigneuses, ces tensions sous-jacentes, qui insidieusement creusaient sous la terre de conversations apparemment sans histoire. Alors oui, les "élections pestilentielles " ne feront qu'accroître ce fossé donc on admet bien qu'il est délétère, qu'il est puant, qu'il est impropre à l'image de la France telle qu'elle est censée être.

Voir la protagoniste couler, sous les emplois, elle qui dit si bien que plus s'ajoutent les lignes sur le CV plus elle s'éloigne d'un avenir heureux. le capitalisme dans ce qu'il fait de mieux, épuiser jusqu'à la moelle. Extorquer toute once de vie. Faire miroiter une myriade de possessions toutes plus désirables les unes que les autres. Et laisser au bout d'une semaine en partant du début du mois, la pression inextinguible du "aurais-je assez ?". Comment, alors qu'elle se tue au travail, ne peut-elle s'accorder aucun plaisir ? Comment, alors que ses camarades n'ont aucun emploi, passent-ils des journées dans une oisiveté proche de l'inconscience ? On vibre d'injustice au gré des pages.

Je pense à tous ceux qui se sont reconnus du côté des plus riches, des plus méprisants, des plus indifférents. Quel comble ce serait de placer ce livre entre leur mains, quelle liquéfaction cela occasionnerait chez eux... Merci, d'avoir conté ainsi la France qui souffre, et des trois tares que constituent la couleur de peau, l'origine socioéconomique et le sexe, la protagoniste qui en compte deux, a la tête dans les graviers. Blanche aux yeux bleus, exploitée. le passage où elle parle de son identification au personnage du film de Philippe Faucon, un arabe qui refuse de serrer la main à une blanche, est transperçant. Elle a au creux du ventre la même haine, ne pas faire ami-ami avec le riche qui se présente à elle quand chez lui c'est le privilège lié à l'origine ethnique qui repousse.

On respire mieux, et on hait plus, après ce livre.
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Monter à Paris pour faire ses études et entrer dans le monde : un rêve digne d'un roman De Balzac que la narratrice de Désintégration se réjouit de réaliser enfin… Avant de déchanter bien vite face à la précarité de sa situation et la difficulté à s'intégrer parmi des camarades issus de milieux plus favorisés. Enchaînant les petits boulots, elle voit ainsi son espace mental se rabougrir, systématiquement colonisé par la même obsession : tenir jusqu'à la fin du mois.
Mettant en scène avec un recul acide sa propre expérience, Emmanuelle Richard signe avec Désintégration un troisième roman explosif sur la violence de classe. Prenant tous les visages, de la bienveillance condescendante au mépris le plus manifeste, celle-ci inspire à son héroïne des stratégies d'affrontement tout aussi variées, des tentatives forcenées de s'intégrer au milieu rêvé à la haine pure et dure. D'une dextérité ravageuse, Désintégration enregistre toutes ces nuances dans sa langue même, passant à tout instant d'une séduisante onctuosité à une brutalité abrasive, et rend à la problématique de la précarité toute sa dramatique intensité.
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C'est le destin d'une révolte intérieure, d'un rejet de toute la société, d'une galère quotidienne, pour aboutir enfin au premier ouvrage accepté par un éditeur. Ce succès va entrainer une résurrection, des rêves, et de l'espoir pour la "vie".
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