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EAN : 9782823612776
225 pages
Editions de l'Olivier (30/08/2018)
3.62/5   99 notes
Résumé :
Ça parle de rêve et de réalité, de ce que l'on voudrait et de ce que l'on se voit devenir.
Ça parle de honte et de place, de petits boulots et de cohabitation impossible, parce qu'à force d'humiliations il n'y a plus de neutralité possible.
Ça parle du sentiment d'être l'Autre et de mépris qui finit par s'inverser. Alors la colère, jusque-là carburant, finit par éclore en fleur de haine carnivore, et la haine des pauvres se retourner en haine des ric... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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" Quand je pense que ce sont ces gens, tous propriétaires, qui ne connaissent pas le prix du pain, n'ont aucune idée de ce que c'est que la fatigue économique et l'usure, de ce que c'est que travailler tout le temps pour parvenir à être seulement précaire, qui dirigent le pays.
Ces gens qui ne se sont jamais sali les mains à la boue de la moindre nécessité subie....
Ces gens qui se permettent de se montrer didactiques et condescendants .
Ces gens qui nous regardent de haut avec leur insupportable arrogance de classe.... ]
[ Comme ils nous parlent ] .....

Voila un extrait significatif de cet ouvrage ....

Une jeune fille issue de la classe moyenne banlieusarde enchaîne études et petits boulots, tout en rêvant de se faire une place au soleil ...

Elle fréquente des milieux où elle n'est pas la bienvenue : les privilégiés de la capitale qui la prennent de haut.

Elle décrit une classe de jeunes bourgeois argentés n'ayant absolument pas conscience de ses priviléges exorbitants, qui ne parle pas le même langage qu'elle , et qui exclut ceux qui ne font pas partie du bon groupe .

La narratrice dépeint la vie morne des travailleurs précaires au travail inintéressant , la paupérisation dans l'indifférence absolue.

Elle mutiplie les expériences de travail , les parcours diversifiés, les lieux à visiter pour se protéger de la mélancolie universelle....

La honte se transforme petit à petit en haine de classe , une haine inflammable ,( le roman aurait pu s'appeler : la haine) elle disséque avec talent le mécanisme de l'intériorisation de cette desespérance sociale autour de toutes les questions d'argent et de statut .
Son seul objectif est d'écrire malgré ses origines sociales modestes .
Ce récit d'une jeune adulte d'aujourd'hui est le cri rageur d'une narratrice qui ne recule jamais . Elle reste dans l'action sans jamais céder ...
La plume est rageuse , celle d'une combattante habitée par la honte qui transforme le mépris et l'humiliation en armes de guerre . La narratrice n'a pas peur de montrer le côté grotesque et la crudité dans les relations .
C'est aussi un roman sur le sexe , le pouvoir, le succés , l'argent , de la violence qui devient dignité et de la fierté comme moyen de survie !

La féminité et la recherche d'épanouissement y trouvent un écho certain , à travers une fiction tendue et percutante , virulente , chronique vraie de la précarité et de l'écrasement social en adéquation avec l'actualité ,je trouve .....
Un ouvrage abouti pas du tout facile à lire .... La narratrice , double de l'auteur ? se nourrit de rap, une musique virile parfois violente , il y a une liste en fin d'ouvrage : Orelsan, PNL , BOOBA et Damso ...
Ce n'est que mon avis bien sûr !
Je ne connais pas l'auteur dont c'est le troisième ouvrage .

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Ma chère,

Je t'aime comme je m'aime moi celle d'autrefois, dans les rares photos gardées d'un passé qui m'est devenu progressivement étranger.

Tu es celle que j'étais.

Et moi, aujourd'hui, je suis celle que – je l'observe, je le crois, je l'espère – tu as la chance de ne pas devenir.
Je suis très heureuse pour toi.

J'ai lu « Désintégration » comme un « brouillon » brillant, ciselé par la haine et la colère, emportant son lecteur par vagues, par rafales, par jets véhéments – ces beaux véhicules de poésie et de drame qui tromperont certains lecteurs et les feront s'arrêter à la surface des choses. (Le seul souci que je me fais pour ton avenir, c'est l'arrivée des chroniques, tellement prévisibles, sur « le portrait d'une génération de précaires », ou bien sur la « fibre socio » de ton auteure etc...)

Je suis la copie qu'un tel brouillon pourrait produire. La copie finie, rendue. Où les dernières virgules sont en train de s'ajouter sagement, en attendant le point final.

Ton récit, que j'ai achevé en étouffant un sanglot, dans le tram qui m'amenait au boulot, à Porte de Bagnolet, une zone bonne à servir de décor dans un film sur la fin du monde, me hante depuis des jours et des jours.

Difficile d'écrire quoi que ce soit là-dessus, tellement ce qu'il exprime m'est familier, connu, voire viscéralement intime : la précarisation, l'énergie de folie pour rester à la surface, la rage, le désespoir, l'invisibilisation, l'infériorisation, la honte induite, la désensibilisation, l'usure, l'écrasement, la fatigue, la résignation. Cette dernière étape, tu sembles la tenir à distance. L'écriture y est pour quelque chose. Je te souhaite de tout mon coeur d'arriver à conserver cet équilibre fragile.

J'ai appris que tu pourrais exister pendant une nuit d'insomnie, en écoutant à la radio un entretien avec ton auteure : une émission où Emmanuelle Richard, en se gardant de tout grand mot, disait avoir écrit « Pour la peau » pour ne pas mourir (faisons court). Elle ne se disait pas sûre qu'un tel écrit serait vu comme un livre. Oui, je me suis dit, elle est forte, elle écrit pour ne pas mourir de chagrin. Et je suis tombée amoureuse de sa voix hésitante, épargnant à ses interlocuteurs toute coquetterie, tout artifice, aussi dépouillée que ses textes, engagée dans une quête d'authenticité qui – elle a dû le comprendre depuis – n'appartient pas qu'à elle. (Elle est ma soeur, celle qui peut écrire avec une telle force, écrire pour ne pas crever, je me suis dit pendant cette nuit-là.)

J'ai couru de suite chercher et lire ses livres. Ils existaient déjà en moi avant de les ouvrir. J'ai l'impression que ce sont les surprises de ce genre qui me tiennent parfois en vie.

Dans sa « Désintégration », j'ai entendu « Engel » de Rammestein, les Sex Pistols, un peu d'Édouard Louis et d'Eribon, pas mal d'Annie Ernaux, un brin de Duras (mais moins que dans « La légèreté »), du Morrisson, du Nick Cage, du Godard, du Chabrol, du rap, plein de morceaux qui trottent dans notre mémoire commune et anonyme. Et comme toi, je m'étais offert moi aussi une place au théâtre du Châtelet pour voir Duris jouant du Koltès. Mon billet étant le moins cher, j'ai failli faire un torticolis en suivant l'acteur derrière le pilier qui obstruait ma vue. C'était là « ma place ». « Sa place », quel vaste sujet, dans nos vies !

Tu es née dans la banlieue parisienne, je suis née dans la banlieue de l'Europe. Et quoi que l'on fasse, il sera toujours question de notre « origine », d'un « accent » , des « codes » et des décalages.

A toi l'écriture, à moi la lecture (cette dernière s'accommode bien du peu d'énergie qui m'habite aujourd'hui).

Tu écris : « je ne sais plus quand l'été a cessé d'être immense ».
Moi, je ne sais plus quand la vie a perdu son éclat. Il me reste, pour tromper cette obscurité comme « un deuil nouveau, celui que l'on peut faire d'une idée de soi-même », quelques miettes que tu connais bien : une étreinte, les rencontres avec des sensibilités qui se laissent lire à travers les pages, des images bougeant sur un écran...

Prends soin de toi !

Sincèrement,
L.

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On n'a finalement pas tout dit, ni tout écrit sur la lutte des classes, la France d'en bas, les invisibles qui traversent notre société, au mieux dans l'indifférence, au pire dans le mépris.

Dans Désintégration, Emmanuelle Richard met des mots qui cognent dur et touchent juste sur ce déclassement permanent vécu par cette narratrice sans nom ni prénom. Un signe déjà…

Du décalage vécu dès sa prise de conscience adolescente et qui ne cesse de se poursuivre lors des années de galères étudiantes ; de ces études qui ne mènent à rien sinon à de nouvelles déceptions ; de ces petits boulots enchaînés comme autant de bouées de survies qui se dégonflent à peine enfilées ; de ces fins de mois qui démarrent trois jours après la paye ; de ces regards condescendants ou méprisants qui marquent le quotidien et forgent chaque fois un peu plus le creuset de la honte, avant celui de la haine ! Et de l'écriture comme échappatoire ultime vers une tartuffienne reconnaissance.

Un roman-récit coup de poing, écrit à l'encre de la colère.
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Coup de coeur. Ou peut être coup-de-poing ? Les deux. Désintégration. Déflagration.
Intégration. Possible ? Impossible ? Et pourquoi ces Rejets...ce refus ? Colère surtout . Colère qui rejaillit en haine. C'est au revers des pans entiers de notre société qu'Emmanuelle Richard aiguise sa plume. Faire partie, trouver sa place, prendre place…. Faille, crevasse, abyme.
La crise sociale entraîne la désintégration sociétale. Faire société c'est faire sort commun et non devenir gardien d'un entre soi. C'est profond, direct. L'auteure ne s'aligne pas, elle balance son roman comme une grenade. Ce troisième roman d'Emmanuelle Richard me donne une furieuse envie de découvrir tous ses autres ouvrages.

Astrid Shriqui Garain
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Quand une fille de famille modeste rejoint Paris pour poursuivre ses études et ses rêves d'écrivaines tout en se heurtant aux codes d'une bourgeoisie parisienne cela donne un roman empreint de haine et de mésestime de soi.
Il est pourtant une fenêtre sur notre monde et mode de vie actuel, cassant les codes de la bien-pensance où nous explorons ici le point de vue de l'auteure. Cette même femme qui a dû se battre de longues années durant pour se faire une place, entre études et petits boulots, devenant chaque fois une ligne de plus sur son CV, sans savoir où cela la mènerait.
Écris d'une façon poétique parfois chaotique, on suit sur un faux rythme le parcours précaire de cette jeunesse se sentant hors des clous, jusqu'à l'implosion. L'instant où tout devient haine, l'instant où ce n'est plus la peur de la honte qui nous fait avancer mais bien une rage primaire, une rage viscérale.
Cette partie ressemble beaucoup au titre "suicide social" d'Orelsan, où plus rien ne trouve grâce aux yeux de cette jeune femme.
Sans une concentration continue ce livre peut être difficile à suivre, mais le phrasé atypique d'Emmanuelle Richard nous transporte, nous interroge et nous berce lentement vers la chute finale.
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critiques presse (5)
LaPresse
12 octobre 2018
Sa plume est rageuse pour décrire une classe de jeunes argentés qui n'est pas consciente de ses privilèges et qui exclut tous ceux qui ne font pas partie du «bon» groupe. Il y a un souffle incroyable dans ce texte. L'auteure, qui a finalement «traversé le miroir» grâce à ses livres, n'oublie jamais d'où elle vient.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeFigaro
28 septembre 2018
Un troisième roman magistral qui nous plonge dans une France paupérisée, à travers le destin d'une jeune femme.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
25 septembre 2018
"Désintégration" d’Emmanuelle Richard est comme un cri percutant. L’écrivaine raconte dans ce roman furieux, à la très belle écriture, le mépris de classe et l’humiliation sociale.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
06 septembre 2018
Bien qu'un peu redondant dans sa deuxième partie, le livre d'Emmanuelle Richard est un puissant cri du cœur. Il sent bon l'urgence, la fougue, la lucidité politique. Certains s'agaceront de tant de virulence. Il y a le sel de l'insoumission et la ténacité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
29 août 2018
Troisième livre d'Emmanuelle Richard, "Désintégration" est le roman électrique d'une jeunesse précarisée. Une fiction tendue, à l'écriture jubilatoire.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Le sexe incarnait à mes yeux un territoire pur et simple, évident et intact, le lieu entre tous d'une possibilité d'abandon sans calcul. C'était le lieu où les participants offrent la vulnérabilité de leur nudité à un autre, inconnu, potentiellement dangereux, l'endroit à la fois de la confiance et de la merci. Mais j'avais beau y percevoir les rapports de domination qui pouvaient s'y jouer, j'étais quand même persuadée qu'il fallait être idiot ou tellement premier degré, ou bien totalement dépourvu d'humour, pour les prendre au sérieux et se laisser enfermer par la norme, les codes, les schémas et la partition de ce qui peut et ne peut pas se faire et au bout de combien de temps, selon que l'on se situe dans la case « fille » ou la case « garçon ». Le sexe était pour moi cette chose naturelle et banale, même si elle était encore rarement satisfaisante lors de sa réalisation, une terre nouvelle et incroyable à arpenter, et le désir, ce fixatif que j'avais toujours recherché, un état panique, une sensation extraordinaire qui consumait, brûlait, rendait intensément vivant, joyeux en même temps que présent au monde, même si le désir était souvent plus grand que le plaisir. Il s'agissait, avec les livres, du dernier endroit à l'intérieur duquel je me sentais entièrement bonne et non entravée. Le seul fait d'être désirée par un autre me comblait. J'étais reconnaissante d'être regardée de cette façon.

[…] Je ne faisais donc pas galérer six mois les garçons avec qui je couchais, je n'en voyais pas l'intérêt (s'ils me trouvaient facile, c'était leur problème, pas le mien). Quand il s'agissait de conclure, quand ce qui m'apparaissait comme un miracle, à savoir que cette envie et cette chose circulait de manière réciproque entre deux personnes, je ne me considérais pas comme un trophée et je ne voyais pas non plus le fait de partager cela avec quelqu'un comme un enjeu grave ni ultime, mais au contraire comme un imprévu très heureux (pp. 98-99, 100).
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" J'étais hantée par la question professionnelle depuis mes neuf ans.
Elle m'était une angoisse sans nom.....
J'étais obsédée par les rapports de force.
Je ne voulais pas exercer d'autorité ni en subir et je ne voulais pas de pouvoir, j'étais obnubilée par l'idée de trouver une profession qui me positionnerait à la fois ni au - dessus ni au- dessous .
Je croyais que la question de la reconnaissance ne m'était rien, mais quand j'ai vendu le journal dans la rue, les gens s'étaient adressés à moi comme si je faisais la manche et je n'avais pas aimé ça ....."
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(....) j'ai toujours eu l'aversion la plus profonde pour la soumission et la mendicité dans mon système qui est peut-être inapte ou inefficace et contre-productif mais demeure néanmoins le mien, car c'est ainsi que je me suis construite, ai appris à me protéger des injures et des coups et du reste et de tout, en général, avec l'idée qu'il y a toujours les seigneurs et les maîtres, les dominants et les dominés, quel que soit le champ des possibles ou d'études qui nous préoccupe, et que parmi les réflexes de survie les plus élémentaires il y a celui de ne jamais être en demande, de ne jamais rien laisser poindre de ses besoins et manques et inassouvissements les plus intimes, les plus à vif, sauf lorsqu'il s'agit de déclarer sa flamme avec superbe et courage, de se battre pour l'être aimé. L'amour est le seul lieu où les questions de dignité ne devraient plus avoir cours (...) (p. 12)
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Des gens passaient à l'appartement. Leur langage m'était autant étranger qu'abscons. (...) Ils disaient des phrases dans lesquelles ils conjuguaient " je ne pourrais" à tous les temps et à tous les modes, affirmaient que l'on a toujours le choix; tout ce qui n'était pas la grande ville leur était la province profonde ; à propos de n'importe quel sujet ils avaient les mots pour le dire ; le RER était pour les gens moches. Ils riaient fort, s'accompagnaient de gestes amples. Ils semblaient n'avoir jamais peur d'occuper l'espace ou le temps. Ils ne paraissaient pas non plus connaître la honte, l'indignité, l'inquiétude ou pour le moins le doute. (p. 72)
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Je vivais avec les moyens du bord. Je ne baissais pas les bras (...) Je courais toujours après une vocation professionnelle ou quelque chose à moi et je multipliais les expériences, j'étais chez moi partout sans jamais être à ma vraie place et j'avais l'air instable. En réalité, je continuais de chercher cette chose qui serait rien qu'à moi et me rendrait le monde habitable, cabane portative. (p. 152)
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Vidéo de Emmanuelle Richard
Un texte collectif dirigé par Charlotte Pudlowski avec Emma Becker, Marina Rollman, Joy Majdalani, Wendy Delorme, Laurine Thizy, Emmanuelle Richard
Éditions de l'Iconoclaste | septembre 2023
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