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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Connaissez-vous Sir Basil Zaharoff ? En ce qui me concerne, je n'en avais jamais entendu parler, alors que c'est un homme qui a été l'objet de nombreuses dénonciations, avant d'être oublié. Né en 1850, il a été de toutes les guerres de son époque et demeure le plus grand marchand de mort. Il commerçait avec tous les pays, vendant ses armes à tous, sans état d'âme. Deux soldats ennemis qui s'affrontaient utilisaient, certainement, tous les deux, un équipement qui avait enrichi Basil Zaharoff. Aussi, il a oeuvré pour que des guerres aient lieu. En 1908, il a obtenu la nationalité française (il était Grec). Pourtant, pendant la Première Guerre mondiale, qu'il appelait de tous ses voeux, il fournissait la France et la trahissait en s'associant à l'industriel allemand Krupp. Véritable caméléon, il prenait la personnalité qui séduisait son interlocuteur, c'est ainsi qu'il a approché les plus grands dirigeants et a su tirer profit de tous les combats. Il était persuadé que si ce n'était pas lui, ce serait un autre.


Il était, également, impliqué dans les conflits sociaux. Lors des grèves, il a conseillé la Société Navale de l'Ouest. Il a préconisé, à la direction, d'inciter les syndicalistes à la violence, de faire régner le chaos pour attirer « les journalistes, avides de scandale ». (p. 205) Il proposait de provoquer des rixes pour diviser les manifestants et l'opinion publique. Cela entraîne, inexorablement, une réflexion sur les mouvements sociaux actuels.


Est-ce parce qu'il a été encensé et honoré qu'il est tombé dans l'oubli ? Il a été fait grand officier de la Légion d'honneur, grand-croix de l'ordre de l'Empire britannique. Il a été décoré par l'Espagne, la Roumanie, l'Italie, etc. Est-ce parce que sa vie écorne le destin d'hommes d'Etat ? Pour exemple, ce roman montre une facette de Georges Clemenceau que je n'imaginais pas.


Dans le diable parle toutes les langues, Basil Zaharoff se raconte. Il a confié des carnets à une de ses filles adoptives, Angèle. Dans ces écrits, il confie ses responsabilités dans les conflits mondiaux, son influence dans la presse (qui lui appartenait en grande partie), ses investissements dans les domaines qui rapportent, tels les armes et le pétrole, ses complicités avec tous les chefs d'Etat, son amour pour Pilar, la mère d'Angèle et de Cristina, etc. Au seuil de la mort, cette démarche n'est pas pour soulager la conscience de celui « qui préfère régner en enfer plutôt que de servir au paradis ». (P. 416) Cela semble être une ultime provocation […]


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Les guerres sont souvent une source d'inspiration pour des romans. J'ai plutôt lu des livres sur des personnages qui la mènent ou la subissent.
Avec le diable parle toutes les langues, on découvre celui qui y trouve son compte et qui la nourrit. Enfin, comme il dit, lui ne tue pas, il vend des armes. Basil Zaharoff vend des armes mais il ne se limite pas à ce commerce, pour étendre son influence il détient la presse aussi, la banque, se lance dans le pétrole, la banque. Bien sûr, pour être au sommet de tout cela, il créait les bonnes relations dans les hautes sphères.
On découvre son histoire à travers son journal qu'il donne à sa fille adoptive. C'est écrit à la 1ere personne essentiellement mais aussi avec la présence d'un narrateur extérieur qui décrit les derniers jours de Basile.
C'est un personnage assez détestable, égoïste, froid, intéressé, manipulateur mais le ton du livre est comme neutre. Pour Basil, tout son succès est une évidence.
L'histoire est captivante, ce personnage qu'on aime détester est impressionnant dans ses convictions, calculateur, décrit comme infaillible un peu à l'image des photos de l'homme que j'ai trouvées le menton haut, le regard sévère. Enfin le style est sobre et entraînant.
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L'histoire officielle est bien souvent écrite par les vainqueurs. Et dans cette histoire, il y a parfois la volonté de faire disparaître des personnalités peu reluisantes, des trajectoires obscures qui ont participé à entretenir un système profondément inégalitaire et criminel, comme peut l'être le capitalisme.

C'est ainsi que l'autrice franco-américaine Jennifer Richard a exhumé du passé Basil Zaharoff (1849-1936) en revenant sur son parcours de marchand d'armes dans une biographie historique et romancée.

Le roman débute en 1936 à l'aube de sa vie, où on le suit dans un de ces nombreux hôtels à Monaco, accompagné de sa fille Angèle. Lui qui a vécu dans le mystère, n'hésitant pas à éliminer les journalistes trop curieux, il décide de transmettre à sa fille ses mémoires dans lequel on découvre l'entièreté de son parcours, son histoire d'amour avec sa femme Pilar, et ses réflexions sur ses affaires.

Grec né dans l'empire Ottoman, marchand d'arme impitoyable, surnommé «Ministre des munitions des Alliés» pendant la Guerre 1914-1918 - conflit durant lequel il aura constitué son immense fortune – Zaharoff a été aussi banquier, propriétaire de nombreux journaux, travaillant avec les plus grandes familles d'industriels (Krupp, Vickers, Schneider), et proche de nombreux chefs d'États de l'époque (de Clemenceau à Hitler), ce qui lui a valu d'être décoré des plus hautes distinctions dans de nombreux pays, dont celle de commandeur de la Légion d'honneur...reçue le jour de l'assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914.

Confronté à sa fille qui ne partage pas sa vision du monde, et qui lui partage ses critiques au fur et à mesure qu'elle découvre les mémoires de son père, on pourrait penser que près de la mort, Basil Zaharoff s'absoudrait de ses crimes... Mais rien n'y fait : cynique jusqu'au bout il garde l'idée que si ce n'était pas lui qui avait agi de la sorte, une autre personne l'aurait fait.

L'autrice aurait pu tomber dans l'écueil de faire de Zaharoff une version personnalisé de la théorie du complot. Sans jugement, elle présente un parcours qui est rendu possible par le capitalisme, et le soutien des États impérialistes et colonialistes. D'ailleurs, à la fin de sa vie, il admet, amèrement, que sa mort ne changera rien à la conduite du monde, qui s'apprête à basculer dans l'horreur de la Seconde Guerre Mondiale. Par là-même, l'autrice – qui dédie ce roman aux Gilets Jaunes – nous rappelle que s'il est important de dénoncer les agissements des puissants, c'est en s'attaquant à l'organisation sociale capitaliste que nous pourrons stopper le carnage en cours.
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Monte Carlo, 1936. le trafiquant d'armes , Basil Zaharoff, va mourir, il le sait. Il confie son journal à sa fille Angèle : le soir, elle le lit ; et au matin, elle en parle avec lui. Ne regrette-t-il rien ? Elle est sa bonne conscience et l'oblige à revenir sur son passé, sa morale, ses compromissions au nom de son seul profit…

Je ne connaissais pas du tout Basile Zaharoff et après avoir lu ce livre, j'ai eu la curiosité de faire quelques recherches sur cet homme , pour essayer de démêler ce qui relevait de la fiction et de ce qui était ancré dans le réel. Si le point de départ est fictif (le journal n'a pas été retrouvé), les éléments biographiques sont véridiques et permettent de nous replonger dans l'Histoire : les problèmes de succession à Monaco, les guerres de colonisation, les grèves, la 1ère guerre mondiale, l'ascension d'Hitler, les jeux Olympiques, la deuxième guerre mondiale qui se prépare…Passionnant ! D'autant que sont exposés les tractations et les enjeux politiques qui se cachent derrière ces évènements connus (Pourquoi Clémenceau veut-il faire pression sur la famille princière monégasque ? Comment intervenir pour casser les grands mouvements populaires ? …). La structure du récit est donc très originale, puisque ces éléments véridiques sont présentés sous forme d'un journal où l'auteure adopte le point de vue d'un homme cynique, persuadé d'aller en Enfer , mais qui l'assume crânement. L'auteure ajoute aussi des personnages fictifs (comme cette Irlandaise qui écrit à Zaharoff après la mort de son fils), ce qui permet de mettre en situation toute la noirceur du personnage, qui vend des armes… aux deux camps qui se battent et qui a l'audace en plus de se faire passer pour un bienfaiteur car il donne de l'argent aux victimes …
Coup de coeur donc pour ce livre très bien écrit qui ne se lâche pas facilement !


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