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Critique de Laureneb


Si Gavroche avait grandi et croisé Jules Vallès, tout en étant ami avec Rimbaud...
De Gavroche, la gouaille, le grand éclat de rire porté sur le monde, le jeu sur le langage. Rien de vulgaire, non, un peu grivois parfois, un peu potache, un peu argotique - deux poèmes sont écrits complètement en argot ; alors, certes, il y a un glossaire à la fin rédigé par le poète lui-même, mais je me suis laisser portée par le pouvoir d'évocation, de surgissement des images, la force des sons, même si je ne comprenais pas tout. de Gavroche aussi, cette proximité avec le petit peuple de Paris, ses marginaux.
De Jules Vallès, l'esprit de révolte, la volonté de marcher sur le monde, non pour le dominer, mais pour le renverser, pour mettre fin à l'influence des bourgeois. Les bourgeois, ce sont ceux qui ont le ventre plein, qui ont de la lumière chez eux la nuit, qui dorment dans un lit douillet et qui ont chaud l'hiver, tandis que les gueux se couchent dans le noir et le froid, le ventre creux. Quelques poèmes assez durs d'ailleurs sur le travail des enfants ou la misère infantile. Moins militant et "insurgé" que Vallès, mais on sent l'influence de "la sociale" - sans aller jusqu'au socialisme, ce n'est pas un appel à la révolution. de Vallès aussi, l'érudition classique, la maîtrise savante du langage, utilisée cependant parfois par dérision, par retournement - peu de sonnets, peu d'alexandrins même : le poète maîtrise l'écriture classique de la poésie, mais il l'utilise peu.
Et de Rimbaud, l'esprit de bohème, ce portrait du poète comme un "homme aux semelles de vent" - qu'il est question de marche, d'errance, de souliers percés, de pieds fatigués... ! La figure du poète selon Richepin ouvre et clôt ainsi le recueil : c'est lui le roi des gueux, dans sa mansarde sans feu et sans pain, avec ses amis doués mais non reconnus, avec son goût pour l'ivresse qui inspire et réchauffe parfois, mais aussi procure de faux rêves et de fausses gloires. Peu de femmes, peu d'amour, elles ne sont là que pour satisfaire brièvement les désirs. Au contraire, les amitiés humaines sont plus fortes, par-delà la mort même puisque Richepin rend hommage à certains de ses amis, dans des "lettres à un jeune poète" avant l'heure fortes et poignantes. Autres amis fidèles célébrés, les chiens du poète, de façon assez émouvante.
Une très belle découverte, certains poèmes que je relierai avec plaisir, pour leur originalité musicale et la force de leurs thématiques.
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