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Citations sur La chanson des gueux (42)

LA FLÛTE

Je n'étais qu'une plante inutile, un roseau.
Aussi je végétais, si frêle, qu'un oiseau
En se posant sur moi pouvait briser ma vie.
Maintenant je suis flûte et l'on me porte envie.
Car un vieux vagabond, voyant que je pleurais,
Un matin en passant m'arracha du marais,
De mon coeur, qu'il vida, fit un tuyau sonore,
Le mit sécher un an, puis, le perçant encore,
Il y fixa la gamme avec huit trous égaux ;
Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux
Éveille les chansons au creux de mon silence,
Je tressaille, je vibre, et la note s'élance ;
Le chapelet des sons va s'égrenant dans l'air ;
On dirait le babil d'une source au flot clair ;
Et dans ce flot chantant qu'un vague écho répète
Je sais noyer le coeur de l'homme et de la bête.
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Et la vie est un si grand bien,
Que ce vieillard, ce gueux, ce chien,
Regrette tout, lui qui n'eut rien.
p. 76
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À Raoul PONCHON


Tu sens le vin, ô pâte exquise sans levain.
Salut Ponchon ! Salut, trogne, crinière, ventre !
Ta bouche, dans le foin de ta barbe, est un antre
Où gloussent les chansons de la bière et du vin.

Aux roses de ton nez jamais l'hiver ne vint.
Tu bouffes comme un ogre et pintes comme un chantre.
Tous les péchés gourmands ont ton nombril pour centre.
Dans Paris, ce grand bois, tu vis tel qu'un sylvain,

Sachant tous les sentiers, mais fuyant les fontaines,
Flairant les carrefours, les ruelles lointaines,
Où les bons mastroquets versent le bleu pivois.

Et j'aime ton plastron d'habit bardé de taches,
Ton pif rond, tes petits yeux ronds, ta chaude voix,
Et l'odeur de boisson qui fume à tes moustaches.
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La flûte

Je n'étais qu'une plante inutile, un roseau.
Aussi je végétais, si frêle, qu'un oiseau
En se posant sur moi pouvait briser ma vie.
Maintenant je suis flûte et l'on me porte envie.
Car un vieux vagabond, voyant que je pleurais,
Un matin en passant m'arracha du marais,
De mon coeur, qu'il vida, fit un tuyau sonore,
Le mit sécher un an, puis, le perçant encore,
Il y fixa la gamme avec huit trous égaux ;
Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux
Éveille les chansons au creux de mon silence,
Je tressaille, je vibre, et la note s'élance ;
Le chapelet des sons va s'égrenant dans l'air ;
On dirait le babil d'une source au flot clair ;
Et dans ce flot chantant qu'un vague écho répète
Je sais noyer le coeur de l'homme et de la bête.
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La neige est belle

La neige est belle. Ô pâle, ô froide, ô calme vierge,
Salut ! Ton char de glace est traîné par des ours,
Et les cieux assombris tendent sur son parcours
Un dais de satin jaune et gris couleur de cierge.

Salut ! dans ton manteau doublé de blanche serge,
Dans ton jupon flottant de ouate et de velours
Qui s'étale à grands plis immaculés et lourds,
Le monde a disparu. Rien de vivant n'émerge.

Contours enveloppés, tapages assoupis,
Tout s'efface et se tait sous cet épais tapis.
Il neige, c'est la neige endormeuse, la neige

Silencieuse, c'est la neige dans la nuit.
Tombe, couvre la vie atroce et sacrilège,
Ô lis mystérieux qui t'effeuilles sans bruit !
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Les oiseaux de passage

C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.

Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.

Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.

Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.

Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.

Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.

Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.

Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?

*Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
*Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
*Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
*Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

*Ce dindon a toujours béni sa destinée.
*Et quand vient le moment de mourir il faut voir
*Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
*Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir. "

*Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque
*Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
*Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
*L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.

Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.

*Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
*Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
*Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
*Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !

*N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
*Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
*Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
*Un coucou régulier et garanti dix ans !

*Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
*Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
*En forme de triangle arrive, plane et passe.
*Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.

Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.

Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?

*Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
*Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
*Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
*L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.

*Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
*Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
*Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
*Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

*Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
*Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
*Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
*Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
À l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.

La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.

Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.

Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.

*Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
*Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
*Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
*Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.


*Seuls les vers précédés de l'astérisque ont été retenus et mis en musique par Brassens.


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BALLADE VILLON


Roi des poètes en guenilles,
Ô gueux, maître François Villon,
Buveur de vin, coureur de filles,
Sonneur de joyeux carillon,
Grand mélancolique en paillon,
Tes vers sur ta tête honnie
Font flamber le sacré rayon,
Escroc, truand, marlou, génie !

Tu fus le père des bons drilles
Dont tu remplis le corbillon ;
Et pour de telles peccadilles
Tu faillis, quittant le sillon,
Au gibet comme échantillon
Pendre, figure racornie
Dont la pluie eût fait un bouillon,
Escroc, truand, marlou, génie !


Laisse les chercheurs de vétilles
Te piquer de leur aiguillon.
Sur leurs sermons tu dégobilles.
Amant de Margot la souillon,
Tu sus, même à son cotillon,
Allumer l’étoile bénie
Qui fait resplendir ton haillon,
Escroc, truand, marlou, génie !


Envoi

Prince, arbore ton pavillon,
Et tant pis pour qui te renie,
Roi des poètes sans billon,
Escroc, truand, marlou, génie !
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Venez à moi, claquepatins,
Loqueteux, joueurs de musettes,
Clampins, loupeurs, voyous, catins,
Et marmousets, et marmousettes,
Tas de traîne-cul-les-housettes,
Race d'indépendants fougueux !
Je suis du pays dont vous êtes ;
Le poète est le Roi des Gueux.
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Epitaphe pour n’importe qui


On ne sait pourquoi cet homme prit naissance.
Et pourquoi mourut-il ? On ne l’a pas connu.
Il vint nu dans ce monde, et, pour comble de chance,
Partit comme il était venu.

La gaîté, le chagrin, l’espérance, la crainte,
Ensemble ou tour à tour ont fait battre son coeur.
Ses lèvres n’ignoraient le rire ni la plainte.
Son oeil fut sincère et moqueur.

Il mangeait, il buvait, il dormait ; puis, morose,
Recommençait encor dormir, boire et manger ;
Et chaque jour c’était toujours la même chose,
La même chose pour changer.

Il fit le bien, et vit que c’était des chimères.
Il fit le mal ; le mal le laissa sans remords.
Il avait des amis ; amitiés éphémères !
Des ennemis ; mais ils sont morts.

Il aima. Son amour d’une autre fut suivie,
Et de plusieurs. Sur tout le dégoût vint s’asseoir.
Et cet homme a passé comme passe la vie
Entrez, sortez, et puis bonsoir !
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*****************LA FLUTE ***********************

Je n'étais qu'une plante inutile , un roseau
Aussi je végétais , si frêle , qu'un oiseau
En se posant sur moi pouvait briser ma vie .
Maintenant je suis flûte et l'on me porte envie
Car un vieux vagabond , voyant que je pleurais ,
Un matin en passant m'arracha du marais ,
De mon cœur , qu'il vida , fit un tuyau sonore ,
Le mit sécher un an , puis , le perçant encore ,
Il y fixa la gamme avec huit trous égaux ;
Et depuis , quand sa lèvre aux souffles musicaux
Éveille les chansons au creux de mon silence ,
Je tressaille , je vibre , et la note s'élance ;
Le chapelet des sons va s'égrenant dans l'air ;
On dirait le babil d'une source au flot clair ;
Et dans ce flot chantant qu'un vague écho répète
Je sais noyer le cœur de l'homme et de la bête .
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