AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Blasphèmes (33)

LA MORT DES DIEUX

Comme je cheminais au pas de mon cheval,
Je me trouvai soudain dans un étrange val,
Sans bien me rappeler comment, par quelle route,
Et pourquoi j'étais là. J'avais un vague doute
D'avoir marché longtemps, en philosophant, seul,
Absorbé. Lentement, ainsi qu'en un linceul
La nuit m'enveloppant dans l'ombre, était venue.
Pas d'étoile! Aucun trou de lumière à la nue!
Et mon regard, par les ténèbres habité,
Se heurtait à des murs d'opaque obscurité.
Je voulus tourner bride, et, crainte d'aventure,
Suivre pour revenir le flair de ma monture.
Mais à peine j'eus fait volte-face, une main
Empoigna mon cheval aux naseaux. Le chemin
Était barré par un grand fantôme effroyable.
Sur son arrière-train faisant un saut du diable,
Effaré, renâclant, cabré droit, mon cheval
M'emporta ventre à terre au plus profond du val,
Et parmi les coups drus, martelés et sans nombre
Que son galop roulant précipitait dans l'ombre,
J'entendis le fantôme inconnu me crier :
« Va, va, lâche la bride et tiens bon l'étrier !
Le cheval qui t'emmène a pour nom la Révolte.
Tu vas voir la moisson que le bon Dieu récolte. »
Commenter  J’apprécie          00
LA CHANSON DU SANG


LA MIGNOTE

Fille de bohème aux yeux d'alouette,
Aux cheveux en vrille, aux petits pieds courts,
J'achetais jadis d'une pirouette
Les sous qui pour moi pleuvaient dans les cours.

Maintenant je suis la belle des belles,
J'ai des amoureux dans le monde entier.
Et sans qu'on me paie impôts et gabelles,
Ainsi que le roi, j'ai mon argentier.

Dans les carrefours mon nom se pavane
Sur des plaques d'or montrant le chemin
Par où l'étranger vient en caravane
De lointains pays pour baiser ma main.


p.207-208
Commenter  J’apprécie          00
LA CHANSON DU SANG


LE FLORENTIN

je suis poète, peintre et sculpteur, et sans trève
Je cherche la Beauté qui fuit devant mes yeux.
Dans la couleur, le marbre et les mots précieux
J'emprisonne, pour la fixer, sa splendeur brève.

Le monde est une ébauche et c'est moi qui l'achève.
n'est-ce pas moi qui fais, ou forts ou gracieux,
Visibles sur la terre et presque dans les cieux,
Ces Dieux qui ne sont pas, sinon quand je les rêve ?

Moi qui chante leur gloire et montre leur portrait
Je n'aurais qu'à cesser, le monde apparaîtrait
Comme un chaos informe, obscur, sans harmonie.

Mais j'aime mieux ne pas causer un tel émoi.
Il me plait de créer ces Êtres que je nie ;
Car, en les adorant, on n'adore que moi.

p.207
Commenter  J’apprécie          00
Amours impurs.

Ma foi ! je ne sais plus sur quel air ça commence ;
Mais le refrain bissé m'a fait pleurer un jour.
On ne meurt pas d'amour, on ne meurt pas d'amour,
Dit cette lamentable et stupide romance.

L'était dans un bocart. Les filles en démence,
Soûles, tristes, chantaient un couplet tour à tour ;
Et, mouillés de leurs pleurs, ces vers de troubadour
Voguaient à l'idéal d'une envergure immense.

On ne meurt pas d'amour! Tant pis, mon pauvre cœur !
O douceur, de noyer là dedans sa rancœur !
Un plongeon ! L'Océan vous couvre, et tout s'efface.

Mais ce vaste Océan que mon cœur demandait,
N'a pas môme assez d'eau pour m'y laver la face.
On ne peut se noyer, pourtant, dans un bidet !
Commenter  J’apprécie          41
Amours purs.

Ainsi que sur un trône un empereur s'installe,
Quand arrive l'Amour dans le cœur des amants.
Il s'assied, cuirassé d'or et de diamants.
Et tout ensoleillé de pourpre orientale.

Mais cette Majesté bientôt devient brutale.
Il gueule, il bâfre, il boit de grands pots écumants,
Tant qu'il se soûle, et jette enfin ses vêtements,
Et dans ce cœur, ainsi que dans un lit, s'étale.

Puis ce monarque altier, cet ivrogne lougueux,
S'en va le lendemain, sale et nu comme un gueux.
Crever hideusement au coin de quelque borne.

Et le cœur qui fut lit, et trône, et presque autel,
Reste à jamais souillé, délabré, flasque et morne,
Semblable au canapé d'une chambre d'hôtel.
Commenter  J’apprécie          11
La succube.

Pourquoi m'appelez-vous Vampire ?
Il est cruel ; mais je suis pire.
Et pourtant je n'ai pas ses ongles griffants.
Je suis douce, tendre et câline.
Ma bouche en fleur sent la praline.
Laissez venir à moi les petits enfants.

Riches vieillards, gardez vos sommes.
Il me faut de tout jeunes hommes
Dont je boive le sang et suce les os.
Il me faut des amoureux vierges
Que je fonde ainsi que des cierges.
Laissez venir à moi les beaux jouvenceaux.

Je suis l'amante criminelle
Portant l'enfer dans sa prunelle
Et dont les spasmes sont des nœuds étouffants.
Je suis la maîtresse tigresse,
Aux bras de poulpe, aux dents d'ogresse.
Laissez venir à moi les petits enfants.

Quand à la torture on m'a mise,
Les juges, levant ma chemise,
Se sont pris à grogner comme des pourceaux,
Et la rage leur est venue
A me contempler toute nue.
Laissez venir à moi les beaux jouvenceaux.

C'est le grand diable de Luxure
Qui dans mes reins bat la mesure
De la chanson que font mes jupons bouffants.
On voit passer, quand je les trousse,
Sous mon ventre sa barbe rousse.
Laissez venir à moi les petits enfants.
Commenter  J’apprécie          12
Le sorcier.

Souffle, souffle, sorcier du Grand-OEuvre !
Souffle les alambics grondants !
Souffle dessous, regarde dedans.
Le Temps est une vieille couleuvre
Qui tient sa queue entre ses dents.

Vieux crapaud roi dans ta crapaudière,
Mets ton masque aux verres cornés,
Et tourne avec des clous bigornés
Dans le ventre noir de la chaudière
Des anus verts d'enfants morts-nés.

Souffle ! Au carrefour de la clairière
La lune baise les pendus.
Qu"importe ! Cours aux fruits défendus.
Trois pas en avant, deux en arrière !
Tel va le Maître aux pieds fendus.

Souffle, souffle ! La loi de ce monde,
C'est in bello, non in pace.
Qui veut le futur, monte au passé.
Le laid est beau, le pur est immonde.
Morceaux perdus ! Miroir cassé !

Souffle, souffle encore ! Souffle et souffre !
Beaucoup se trouve en cherchant peu.
C'est d'un caillou gris que naît le feu.
Et dans la chrysalide du soufre
Dort l'aile d'un papillon bleu.
Commenter  J’apprécie          10
Les ivresses.

S'intoxiquer ?... Sans doute. Oui, c'est la seule joie.
On oublie. On voit rose. A moi, noir bataillon
Des bouteilles, au chef casqué de vermillon !
Roulez dans vos flots d'or ma douleur qui se noie.

A moi, l'absinthe, où dans un ciel vert je tournoie
Avec dos ailes, plus léger qu'un papillon ;
Le haschisch qui parmi des bruits de carillon
Papillote mon cœur comme un papier de soie ;

L'opium ténébreux qui sous ses baisers lourds
Me berce dans des lits de brumes en velours ;
Venez à moi, vous tous qui consolez de vivre !

Oh ! demeurer ainsi toujours ! Je bois, je bois.
Encor ! Oui, mais demain, je ne serai plus ivre ;
Demain, mal aux cheveux, et la gueule de bois !
Commenter  J’apprécie          10
Le haleur.

Oui, la mort est une arche au sein de ce déluge.
Comme dit la chanson, une fois là dedans
C'est pour longtemps, on est exempt du mal de dents,
De ta potence et du carcan. C'est un refuge.

Pourtant, ne plus avoir mon cri dans le grabuge,
Se plus lutter avec les mystères grondants
Du monde, dont les luis, les faits, les accidents,
Tremblent, obscurs, devant mon œil clair qui les juge ;

Avouer ma défaite et coucher au cercueil
Ce mor si fier, armé d'un indomptable orgueil;
Non, je ne puis ! Fuyons cette porte d'auberge !

Haleur de l'infini, je hale jusqu'au bout,
Et, quand viendra mon tour de tomber sur la berge,
Je veux mourir dans un dernier effort, debout.
Commenter  J’apprécie          10
Banco.

Et si Pascal avait raison ? Si le problème
Se résumait dans un pari toujours ouvert ?
Allons, asseyons-nous, pour voir, au tapis vert.
Diable î Je sens mes doigts tremblants et mon front blême.

'Test qu'il ne s'agit pas de rire! Le dilemme
Est grave. Car le gain dont l'espoir m'est offert,
C'est l'éternité ; mais je joue à découvert
Mon ici-bas. Ce n'est qu'un sou. Soit ! Mais je l'aime.

Un tas de milliards, monstre, au chiffre inconnu,
Voilà ce qu'on promet. Mais nul n'est revenu
Me dire si l'on gagne et si le banquier paye.

A-t-on vu quelque part un gagnant ? Pas d'écho.
Tout le monde s'en va dégarni de monnaie.
N'importe ! Asseyons-nous au tapis vert... Banco !
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (11) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Compléter les titres

    Orgueil et ..., de Jane Austen ?

    Modestie
    Vantardise
    Innocence
    Préjugé

    10 questions
    20368 lecteurs ont répondu
    Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

    {* *}