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Citations sur Les Blasphèmes (33)

Diagnostic.

Le front est balafré de plis. Les yeux ardents
Flambent de fièvre et sont noyés de pleurs. La bouche
Fait un trou noir, béant, plein de bave et farouche
Où la langue ballotte, où se collent les dents.
Le ventre convulsé s’enfle, rentre en dedans,
Puis ressort, bossué de nœuds, comme une souche,
Et les poumons, crachant le spasme qui les bouche,
S’essoufflent par la gorge en cris durs et stridents.
Mais quel est donc ce mal, ce coup d’épilepsie,
où l’on râle écumant, la cervelle épaissie,
Les sens perdus, les nerfs détraqués, où la chair
Semble un poisson vivant dans une poêle à frire ?
Hélas, ce mal, c’est notre ami, c’est le plus cher,
C’est le consolateur des hommes, c’est le Rire.
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Amours impurs.

Ma foi ! je ne sais plus sur quel air ça commence ;
Mais le refrain bissé m'a fait pleurer un jour.
On ne meurt pas d'amour, on ne meurt pas d'amour,
Dit cette lamentable et stupide romance.

L'était dans un bocart. Les filles en démence,
Soûles, tristes, chantaient un couplet tour à tour ;
Et, mouillés de leurs pleurs, ces vers de troubadour
Voguaient à l'idéal d'une envergure immense.

On ne meurt pas d'amour! Tant pis, mon pauvre cœur !
O douceur, de noyer là dedans sa rancœur !
Un plongeon ! L'Océan vous couvre, et tout s'efface.

Mais ce vaste Océan que mon cœur demandait,
N'a pas môme assez d'eau pour m'y laver la face.
On ne peut se noyer, pourtant, dans un bidet !
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Le Florentin.

Je suis poète, peintre et sculpteur, et sans trêve
Je cherche la Beauté qui fuit devant mes yeux.
Dans la couleur, le marbre et les mots précieux
J’emprisonne, pour la fixer, sa splendeur brève.

Le monde est une ébauche et c’est moi qui l’achève.
N’est-ce pas moi qui fais, ou forts ou gracieux,
Visibles sur la terre et presque dans les cieux,
Ces Dieux qui ne sont pas, sinon quand je les rêve ?

Moi qui chante leur gloire et montre leur portrait,
Je n’aurais qu’à cesser, le monde apparaîtrait
Comme un chaos informe, obscur, sans harmonie,

Mais j’aime mieux ne pas causer un tel émoi.
Il me plaît de créer ces Êtres que je nie;
Car, en les adorant, on n’adore que moi.
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Désir d’infini.

Tous, l’amant qui dans un baiser verse son âme,
Le grand lis qui jaillit vers le soleil levant,
L’oiseau de mer qui plane et se soûle de vent,
Le martyr qui se jette en chantant dans la flamme,

Le cerf qui, fou de rut, vers les étoiles brame,
Le lion accroupi dans sa cage et rêvant,
Le poète assoiffé de rythme, le savant
Qui dans l’obscur coït d’un problème se pâme,

Tous, un pareil désir, souvent à leur insu,
Les travaille, et, toujours pareillement déçu,
Il demeure quand même à jamais implacable.

Ô désir d’infini, malgré tout persistant!
Hélas ! il nous soutient autant qu’il nous accable.
On en meurt, et la vie en est faite pourtant.
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Amours fous.

Amants, enlacez-vous d’une étreinte farouche !
Serrez, à les broyer, vos seins contre vos seins !
Gomme un couple noué de serpents abyssins,
Collez-vous peau à peau, mordez-vous bouche à bouche !

Cherchez à vous manger le cœur ! Touche qui touche !
Que vos hoquets d’amour soient des glas de tocsins !
Que vos yeux, flamboyants de désirs assassins,
Fassent un chaud creuset du creux de votre couche !

Amants, abîmez-vous l’un dans l’autre ! Mêlez
Vos regards éperdus, vos crins échevelés,
Vos salives, vos pleurs, vos sueurs ! Impossible !

Vous voulez, avec deux êtres, faire un seul moi ?
Vous vous traverserez sans rencontrer la cible.
Vous vous consumerez sans vous fondre… Alors, quoi ?
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Amours purs.

Ainsi que sur un trône un empereur s'installe,
Quand arrive l'Amour dans le cœur des amants.
Il s'assied, cuirassé d'or et de diamants.
Et tout ensoleillé de pourpre orientale.

Mais cette Majesté bientôt devient brutale.
Il gueule, il bâfre, il boit de grands pots écumants,
Tant qu'il se soûle, et jette enfin ses vêtements,
Et dans ce cœur, ainsi que dans un lit, s'étale.

Puis ce monarque altier, cet ivrogne lougueux,
S'en va le lendemain, sale et nu comme un gueux.
Crever hideusement au coin de quelque borne.

Et le cœur qui fut lit, et trône, et presque autel,
Reste à jamais souillé, délabré, flasque et morne,
Semblable au canapé d'une chambre d'hôtel.
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La succube.

Pourquoi m'appelez-vous Vampire ?
Il est cruel ; mais je suis pire.
Et pourtant je n'ai pas ses ongles griffants.
Je suis douce, tendre et câline.
Ma bouche en fleur sent la praline.
Laissez venir à moi les petits enfants.

Riches vieillards, gardez vos sommes.
Il me faut de tout jeunes hommes
Dont je boive le sang et suce les os.
Il me faut des amoureux vierges
Que je fonde ainsi que des cierges.
Laissez venir à moi les beaux jouvenceaux.

Je suis l'amante criminelle
Portant l'enfer dans sa prunelle
Et dont les spasmes sont des nœuds étouffants.
Je suis la maîtresse tigresse,
Aux bras de poulpe, aux dents d'ogresse.
Laissez venir à moi les petits enfants.

Quand à la torture on m'a mise,
Les juges, levant ma chemise,
Se sont pris à grogner comme des pourceaux,
Et la rage leur est venue
A me contempler toute nue.
Laissez venir à moi les beaux jouvenceaux.

C'est le grand diable de Luxure
Qui dans mes reins bat la mesure
De la chanson que font mes jupons bouffants.
On voit passer, quand je les trousse,
Sous mon ventre sa barbe rousse.
Laissez venir à moi les petits enfants.
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Le sorcier.

Souffle, souffle, sorcier du Grand-OEuvre !
Souffle les alambics grondants !
Souffle dessous, regarde dedans.
Le Temps est une vieille couleuvre
Qui tient sa queue entre ses dents.

Vieux crapaud roi dans ta crapaudière,
Mets ton masque aux verres cornés,
Et tourne avec des clous bigornés
Dans le ventre noir de la chaudière
Des anus verts d'enfants morts-nés.

Souffle ! Au carrefour de la clairière
La lune baise les pendus.
Qu"importe ! Cours aux fruits défendus.
Trois pas en avant, deux en arrière !
Tel va le Maître aux pieds fendus.

Souffle, souffle ! La loi de ce monde,
C'est in bello, non in pace.
Qui veut le futur, monte au passé.
Le laid est beau, le pur est immonde.
Morceaux perdus ! Miroir cassé !

Souffle, souffle encore ! Souffle et souffre !
Beaucoup se trouve en cherchant peu.
C'est d'un caillou gris que naît le feu.
Et dans la chrysalide du soufre
Dort l'aile d'un papillon bleu.
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Les ivresses.

S'intoxiquer ?... Sans doute. Oui, c'est la seule joie.
On oublie. On voit rose. A moi, noir bataillon
Des bouteilles, au chef casqué de vermillon !
Roulez dans vos flots d'or ma douleur qui se noie.

A moi, l'absinthe, où dans un ciel vert je tournoie
Avec dos ailes, plus léger qu'un papillon ;
Le haschisch qui parmi des bruits de carillon
Papillote mon cœur comme un papier de soie ;

L'opium ténébreux qui sous ses baisers lourds
Me berce dans des lits de brumes en velours ;
Venez à moi, vous tous qui consolez de vivre !

Oh ! demeurer ainsi toujours ! Je bois, je bois.
Encor ! Oui, mais demain, je ne serai plus ivre ;
Demain, mal aux cheveux, et la gueule de bois !
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Le haleur.

Oui, la mort est une arche au sein de ce déluge.
Comme dit la chanson, une fois là dedans
C'est pour longtemps, on est exempt du mal de dents,
De ta potence et du carcan. C'est un refuge.

Pourtant, ne plus avoir mon cri dans le grabuge,
Se plus lutter avec les mystères grondants
Du monde, dont les luis, les faits, les accidents,
Tremblent, obscurs, devant mon œil clair qui les juge ;

Avouer ma défaite et coucher au cercueil
Ce mor si fier, armé d'un indomptable orgueil;
Non, je ne puis ! Fuyons cette porte d'auberge !

Haleur de l'infini, je hale jusqu'au bout,
Et, quand viendra mon tour de tomber sur la berge,
Je veux mourir dans un dernier effort, debout.
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