Tant de questions se fracassaient dans ma tête : comment rentrer à Saint-Crépin ? Pourquoi les Vivaces haïssent-ils les Diapasons ? Est-on vraiment à l'intérieur d'une boite à musique ? Vais-je revoir Dièse avant de partir ? Comment apprivoise-t-on un renard ?
- […] C’est très bon, la peur. Ça donne de l’énergie, de la précision. Du courage, surtout.
J’aurais donné n’importe quoi pour qu’éclate un orage. Les gens s’agitent en vue d’échapper à la pluie; ils cavalent, déstabilisés. Ça ramène un peu d’égalité : moi, je me sens déstabilisée à longueur de temps. Au moins, quand les orages lacèrent le ciel, le tonnerre me rugit que je ne suis pas la seule à souffrir.
- Viens, a lancé Arpège en nageant vers la cascade.
- Quoi, là-bas ?
- Ca te fait peur ?
- Au cas où tu n'aurais pas remarqué, y a une cascade vénère qui n'attend qu'une chose : nous assassiner si on l'embête.
- Elle ne te fera pas de mal, justement parce que tu as peur. C'est très bon, la peur. Ça donne de l'énergie, de la précision. Du courage, surtout. En manquerais-tu ?
Le corps de la femme est le temple de la vie. Qui serait assez fou pour oser le profaner ?
J'ai levé le menton vers la lune...
... et étranglé un cri.
- Quoi ?
- La lune ! Elle est turquoise. Je ne comprends pas... elle était rose hier.
Arpège a jeté un œil au ciel puis s'est reconcentré sur ma jambe ; l’échauffement se calmait.
- Et alors ? Tu es toujours de la même humour, toi, d'un soir à l'autre ?
- Comment on va faire pour ta moto ?
Dièse a pris une grande inspiration.
- Elle va guérir. Mais on doit la laisser se reposer.
On aurait pu écrire une symphonie, rien qu'avec les soupirs des filles alentour.
Tomber amoureuse, c'est aussi simple que ça : une succession de gestes et de mimiques qui s'empilent dans le cœur.
Autour de nous, des centaines d'arbres éclataient en bouquets de griffes. Le sol - de la terre froide, verglacée à de nombreux endroits - était recouvert de neige ; elle s'envolait et nous pailletait le visage à chaque rafale. Parfois, des buissons de roses blanches fleurissaient au bord du chemin. Leur épines luisaient des flocons venus s'y déposer et mourir.