Le temps n'a pas d'être, puisque le futur n'est pas encore, que le passé n'est plus et que le présent ne demeure pas.
Le vécu passé nous serait-il accessible, il ne serait pas objet de connaissance : car, quand il était présent, le passé était comme notre présent, confus, multiforme, inintelligible.
Le passé réellement vécu par l'humanité ne peut être que postulé.
Le temps devient humain dans la mesure où il est articulé de manière narrative ; le récit est significatif dans la mesure où il dessine les traits de l'expérience temporelle.
Le moment est venu de relier les deux études indépendantes qui précédent et de mettre à l'épreuve mon hypothèse de base, à savoir qu'il existe entre l'activité de raconter une histoire et le caractère temporel de l'expérience humaine une corrélation qui n'est pas purement accidentelle, mais présente une forme de nécessité transculturelle. Ou, pour le dire autrement : que le temps devient temps humain dans la mesure où il est articulé sur un mode narratif, et que le récit atteint sa signification plénière quand il devient une condition de l'existence temporelle.