Citations sur Le garçon qui voulait devenir un être humain - Intégrale (12)
- Chez nous on ne réveille jamais quelqu’un qui dort, répondit-il
- Pourquoi pas?
Apuluk se leva et avança la main pour prendre sa fourrure en duvet d’oiseaux qui était suspendue au séchoir sous le plafond.
- Parce que, dit-il en enfilant l’anorak par-dessus sa tête, quand nous dormons, nous mourrons un petit peu. Quand tu dors, ton âme part en voyage, et si on réveille ton corps au mauvais moment, il n’est pas sûr que ton âme puisse retrouver son chemin.
Solvi hocha la tête. C’était là une explication qui lui semblait raisonnable.
Le soleil était de plus en plus haut dans le ciel. Dans le fjord, la glace commençait à se dégrader et il était dangereux de s'y aventurer. La neige avait fondu, laissant la terre à nu, et le court été arctique avait démarré.
Les prairies autour de la ferme se couvraient de verdure, et dans les murs en tourbe, de petites touffes d'herbe poussaient, de l'herbe rêche, ainsi que diverses petites plantes que collectait Rollo pour les sécher et les garder pour l' hiver.
Sur les flancs de montagnes derrière la ferme, une couverture de bruyère en camaïeu s'étalait, montant lécher les sommets encore couverts de neige.Une multitude de fleurs jaillissaient du sol, des saxifrages, de l'orpin rose, des renoncules et des coquelicots.
Dans les fjords, la neige était épaisse et solide, et les traîneaux glissaient rapidement et avec aisance sur la croûte que les nombreuses tempêtes d'hiver avaient lissée et durcie.
Les enfants n'avaient aucune notion du temps. Ils dormaient quand ils étaient fatigués, jouaient souvent dehors en pleine nuit, mangeaient quand ils avaient faim, et travaillaient quand ils en avaient envie. C'est peut être pour cette raison que les enfants inuit grandissaient et devenaient des Etres Humains joyeux et heureux de vivre.
Ni Narua ni Apuluk ne savaient qu'ils habitaient la plus grande île du monde. Comme tous les eskimos ils se nommaient eux-mêmes "Inuit", ce qui veut dire Êtres Humains, Hommes, et c'est pourquoi leur pays s'appelait Inuit Nunat, le Pays des Hommes.
Les enfants n'avaient aucune notion du temps. Ils dormaient quand ils étaient fatigués, jouaient souvent dehors en pleine nuit, mangeaient quand ils avaient faim, et travaillaient quand ils en avaient envie. C'est peut-être pour cette raison que les enfants inuit grandissaient et devenaient des Etres humains joyeux et heureux de vivre.
Il repensa à sa première année auprès des inuit. Ils lui avaient appris à vivre comme un Etre Humain, à se débrouiller, à partager avec les autres et à vivre en communauté. Il aimait cette communauté qui ici, unissait les gens plus qu'elle ne les opposait. Si en Islande quelqu'un avait eu des prétentions sur le bien d'un autre, cela menait invariablement à des actes de violence. En Islande, et d'ailleurs au Groenland également, dans les colonies des Narrois, on se battait pour s'approprier le bien des autres. Chez les Inuit, on donnait et on prenait sans distinction. Peut-être parce que personne ne possédait quoi que se soit de superflu. Ici, on ne connaissait que les besoins de base : manger, boire, travailler et dormir. Tout était si simple. C'était ça. S'il aimait vivre parmi les Inuit, c'était parce que leur vie était simple et digne.
-Je ne comprends pas ce que tu veux dire, répondit Apuluk. Il répéta le mot que Leiv avait prononcé en islandais. ça veut dire quoi guerre ?
Leiv réféchit longuement. Enfin il dit :
-La guerre, c'est l'absence de paix entre les gens. Certains veulent quelque chose qui appartient aux autres, et alors c'est la guerre. Et les gens continuent à se tuer jusqu'au moment où les plus forts gagnent.
" La fête a commencé ", dit-il.
" Alors, pourquoi ne nous ont-ils pas réveillés ? " demanda Sølvi.
" Chez nous, on ne réveille jamais quelqu'un qui dort ", répondit-il.
" Pourquoi pas ? "
Apuluk se leva et avança la main pour prendre sa fourrure en duvet d'oiseaux qui était suspendue au séchoir sous le plafond.
" Parce que, dit-il en enfilant l'anorak par-dessus sa tête, quand nous dormons, nous mourons un petit peu. Quand tu dors, ton âme part en voyage, et si on réveille ton corps au mauvais moment, il n'est pas sûr que ton âme puisse retrouver son chemin. "
On donnait et on prenait sans distinction. Peut-être parce que personne ne possédait quelque chose de superflu. Ici, on ne connaissait que les besoins de base : manger, boire, travailler et dormir. Tout était si simple. C'était ça. S'il aimait vivre parmi les Inuit, c'était parce que leur vie était simple et digne.