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Citations sur Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars (10)

Il y a certaines choses qui vont nous manquer.(…) Cette précieuse vie quotidienne en Arctique. L’air pur, le calme. C’est comme si en jouant à 1, 2, 3, soleil, on été restés figés dans une expression de béatitude, si tu vois ce que je veux dire." Doc comprenait. « Mais le vent a tourné maintenant," dit-il.
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A la saison que l’on appelle « juste avant l’automne », il y a des jours dans le sud du Groenland où on a l’impression que tout se fige. Comme si la nature retenait son souffle. Les fjords se font silencieux, l’eau est étale, immobile, comme une large route argentée. Les glaciers suspendent leur grondement, et la montagne se reflète dans les fjords, dédoublant ses fantastiques couleurs d’automne […]

A ce moment-là, le simple fait de bouger serait un sacrilège. Les êtres humains dans les hameaux s’assoient sur les flancs des montagnes donnant sur la mer ou, ici, sur la colline de la boutique. Ils décapsulent tranquillement une bière et la boivent en silence. Les moutons s’allongent sur les adrets brunis et fixent la mer de leurs yeux jaunes. Les chiens se couchent au milieu d’eux, tête en l’air, les oreilles dressées. C’est comme si tout le petit monde sud-groenlandais était en attente de quelque chose, ce que les anciens appelaient qarrtsiluni « en attendant que quelque chose se brise ».
Cette beauté, ce calme, devant forcément, tôt ou tard, éclater comme une bulle qui remonte des profondeurs aquatiques. Ce silence est différent, ce n’est pas le silence de l’œil du cyclone. C’est la vie même qui, un temps, retient son souffle pour nous donner l’occasion d’absorber toute la beauté dont notre Terre rayonne, l’accumuler de manière à nous donner la force de continuer à vivre.
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Le goût était singulier, mais s'adoucit un peu quand Doc, magnanime, saupoudra les portions de cannelle.

« J'en ai mangé des choses dans ma vie de marin, dit Mortensen, mais jamais rien qui s'approchait de ça. » Il mâcha longuement et assidûment un morceau de phoque. « Cette chose porte un nom ? »

« Soupe au lait et à la viande, répondit Doc. De la soupe épaissie avec des feuilles d'angélique hachées, de l'oseille et un peu de levure sèche, pour la vitamine B. »

Mortensen posa l'assiette sur le traîneau et rota discrètement. Il se laissa aller contre le montant du traîneau et porta sa pipe à la bouche, puis il plissa les yeux et regarda au loin. Doc rinça assiettes et casserole avec de la neige et rangea le nécessaire à tambouille dans une des sacoches latérales du vélo. Son regard glissa langoureusement sur les instruments de musique, solidement attachés au cadre, mais il résista à la tentation. Ce soir-là se devait d'être silencieux, dédié à la réflexion. Avec un léger soupir, il étala une peau de renne sur le sol et s'assit en tailleur près de Mortensen.

« Quand j'étais gosse, dit Mortensen doucement, j'étais fou de bonbons. J'avais jamais ma dose de ces cochonneries, je piquais des ronds dans le porte-monnaie de mon père ou dans la commode, pour satisfaire ce besoin. J'étais évidemment le gros de la classe, mais personne ne se moquait vraiment, vu que je pouvais tabasser même les plus grands. J'étais insatiable, Doc, j'avalais tout ce que je pouvais trouver de sucré. » Il tendit la main devant lui. « Mais ça, Doc, c'est une sucrerie pour l'âme. On s'en lasse jamais, on peut y goûter encore et encore. »

Doc regarda alors ce que Mortensen contemplait : cette longue sucrerie de neige bleu acier qui descendait le long de la montagne, les crevasses noires et leurs petits ponts de neige. En dessous, le magnifique paysage montagneux avec ses parois brunes tachetées de neige, et ses pieds enfoncés dans le fjord vert bronze, presque noir. Tout en bas, au loin, Doc apercevait le toit de la toute petite station de Cap Rumpel, et son antenne radio scalpée, qui ne semblait pas plus grande qu'une déjection de renard dressée et gelée.

« C'est si beau, murmura-t-il, qu'on pourrait presque en faire un petit poème. »
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Le Fjord des glaces se trouve dans l’inextricable entrelacs de fjords et de baies qui se frayent un chemin depuis la mer jusque profondément à l’intérieur du pays. Les montagnes vers le nord sont hautes et sombres, les plaines vers le sud ouvertes et alanguies au soleil et à la lumière, et dans l’est les collines ont la rondeur rêvée pour que le soleil puisse s’y ébattre une heure ou deux avant de s’éteindre pour la nuit.
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On doit être devenus comme ces petites airelles des marais, pas vrai ? Nos racines ont du s’accrocher dans la roche en dessous. Tu crois que je vais faner quand on va m’arracher ?
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Le goût était singulier, mais s'adoucit un peu quand Doc, magnanime, saupoudra les portions de cannelle.



« J'en ai mangé des choses dans ma vie de marin, dit Mortensen, mais jamais rien qui s'approchait de ça. » Il mâcha longuement et assidûment un morceau de phoque. « Cette chose porte un nom ? »



« Soupe au lait et à la viande, répondit Doc. De la soupe épaissie avec des feuilles d'angélique hachées, de l'oseille et un peu de levure sèche, pour la vitamine B. »

Mortensen posa l'assiette sur le traîneau et rota discrètement. Il se laissa aller contre le montant du traîneau et porta sa pipe à la bouche, puis il plissa les yeux et regarda au loin. Doc rinça assiettes et casserole avec de la neige et rangea le nécessaire à tambouille dans une des sacoches latérales du vélo. Son regard glissa langoureusement sur les instruments de musique, solidement attachés au cadre, mais il résista à la tentation. Ce soir-là se devait d'être silencieux, dédié à la réflexion. Avec un léger soupir, il étala une peau de renne sur le sol et s'assit en tailleur près de Mortensen.



« Quand j'étais gosse, dit Mortensen doucement, j'étais fou de bonbons. J'avais jamais ma dose de ces cochonneries, je piquais des ronds dans le porte-monnaie de mon père ou dans la commode, pour satisfaire ce besoin. J'étais évidemment le gros de la classe, mais personne ne se moquait vraiment, vu que je pouvais tabasser même les plus grands. J'étais insatiable, Doc, j'avalais tout ce que je pouvais trouver de sucré. » Il tendit la main devant lui. « Mais ça, Doc, c'est une sucrerie pour l'âme. On s'en lasse jamais, on peut y goûter encore et encore. »



Doc regarda alors ce que Mortensen contemplait : cette longue sucrerie de neige bleu acier qui descendait le long de la montagne, les crevasses noires et leurs petits ponts de neige. En dessous, le magnifique paysage montagneux avec ses parois brunes tachetées de neige, et ses pieds enfoncés dans le fjord vert bronze, presque noir. Tout en bas, au loin, Doc apercevait le toit de la toute petite station de Cap Rumpel, et son antenne radio scalpée, qui ne semblait pas plus grande qu'une déjection de renard dressée et gelée.



« C'est si beau, murmura-t-il, qu'on pourrait presque en faire un petit poème. »
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Valfred voyageait léger. Quatre bidons d’eau-de-vie de myrtilles, dix neuf boites de sardine à l’huile, son 89 et un sac de voyage avec quelques vêtements de rechange.
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Nous devons accueillir nos invités propres et fringants … Bien entendu, en tant que chef de station, je commence et me réserve cette marmite d’eau chaude. Puis Museau se lavera avec la même eau, et en dernier Lasselille, qui, étant le plus jeune, n’a matériellement pas eu le temps ni le loisir de devenir aussi sale que nous autres.
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Il retirait une certaine fierté du fait qu’il pouvait encore la faire roucouler comme une tourterelle en pleine parade quand il rugissait et commandait aux esprits dévoués du domaine.

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Lasseline retint sa respiration. Puis il demanda, la voix pâteuse: "Est-ce que t'es vieille, genre plus de cent ans ?"
Elle leva les yeux vers lui. Il y avait un sourire dans ses yeux sombres en amande quand elle répondit en chuchotant : "J'ai que dix-huit ans."
"Pas plus !" Sa voix tremblait quand il demanda : "Tu viens pas de l'île de Clavering, par hasard ?"
Karoline le regarda sans comprendre, et secoua la tête.
"Dis donc !" Lasseline s'allongea avec un sourire de soulagement et adressa un sourire, comme une invite, à la jeune fille.
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