AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 100 notes
5
10 avis
4
10 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
D'habitude, les bandes dessinées de reportage s'organisent autour du regard que porte le journaliste sur un pays, une situation ou une culture. En général, ce journaliste découvre et par là, illustre et accompagne de légendes ce qui pourrait sembler objectif... mais qui naît de ce regard, et de ce que le journaliste est venu, de prime abord, chercher dans ce lieu.
La Voiture d'Intisar se compose différemment, et ça fait du bien. L'un des auteurs, Pedro Riera n'est pas allé au Yémen par envie d'y mener un reportage mais parce que sa femme a été invitée à y travailler pendant un an. Suite aux multiples rencontres qu'ils y ont faites, il a décidé de faire une BD, mais pour ne pas mettre en danger des femmes qui auraient pu être identifiables dans un format normal de BD reportage, il a regroupé les témoignages pour créer le personnage d'Intisar, une somme de toutes ces femmes rencontrées, finalement.
Intisar est une jeune femme dynamique, volontaire et indépendante autant qu'une femme peut l'être au Yémen. Malheureusement, les contraintes qui l'obligent à toujours être sous la coupe d'un Wali (l'homme dont elles dépendent) sont comme une épée de Damoclès, elle peut à tout moment être licenciée sur simple demande du père, se voir retirer sa voiture, interdire de sortir, etc...
Ces petits épisodes de la vie d'Intisar n'abordent, en soi, pas d'événements tragiques, seulement le quotidien et la vie classique d'une jeune femme de classe moyenne et nous montre cette vie de l'intérieur. Les illustrations sont simples et claires, agréables à lire.
A la fin, un complément nous informe sur la ségrégation sexuelle, le port du Niqab, son origine - coutumière et non religieuse comme la plupart des occidentaux, musulmans y compris, croient - son inconfort mais également le moyen pour une femme de faire des choses en douce puisque même un proche ne les reconnaît pas forcément - , la consommation du Qat - véritable fléau économique et écologique du pays.
Ce livre incite à vouloir en savoir plus sur ces pays en général si méconnus. J'ai particulièrement apprécié ces propos tenus par une femme à propos des caricatures de Mahomet qui avaient provoquées un tel scandale il y a quelques années.
Merci au site Babélio et aux Babéliotes qui m'ont donné envie de lire ce livre!
Commenter  J’apprécie          180
Le Yémen fait partie de ces pays où les mondes des hommes et des femmes ne se croisent pas souvent.

Dans ce pays, les femmes n'ont que très peu de liberté et Intisar, jeune yéménite, ne fait pas exception.
Cependant, elle a une telle soif de liberté que, dès qu'elle peut, elle brave les interdits.
Elle réussit même à avoir une voiture.
Alors, incognito sous son niqab, elle roule pied au plancher dans son auto pourrie et, ce qu'elle aime plus que tout, elle défie un homme au feu rouge.

On apprend ici que le niqab n'est pas qu'un carcan ; c'est aussi pour les femmes le moyen de profiter d'un certain anonymat et faire des choses interdites.

Intisar nous raconte donc sa vie, ses envies, ses peurs, son père, ce pays qui ne propose aucun avenir aux femmes, et finalement très peu aux hommes. Mais Intisar nous dit ça avec un humour bien à elle et on rêve tout compte fait, pour elle, qu'elle puisse s'asseoir tête nue à une terrasse de café pour fumer sa cigarette.

Mon avis :
BD drôle et intelligente, j'ai aimé cette lecture. Je m'attendais à quelque chose de plus lourd, de plus sombre mais c'était sans compter sur l'humour sans limite du personnage principal.

Pedro RIERA, le scénariste, a vécu quelques temps au Yémen avec sa femme et à travers le personnage d'Intisar, ils font parler toutes les femmes qu'ils ont rencontrées là-bas. ll a choisi celle qui avait le plus fort caractère pour inspirer Intisar mais les récits, les anecdotes, sont ceux de plusieurs yéménites.

Un peu comme les enfants, j'apprécie d'apprendre des choses en m'amusant et avec cette BD, c'est exactement ça. Je ne m'étais jamais penchée sur le Yémen, je ne suis même pas sûr de bien le placer sur une planisphère mais là quelque chose s'est ouvert. Je crois que désormais quand j'entendrais parler de ce pays, mon oreille sera attentive. Ca ne sera plus jamais un pays inodore et incolore pour moi, et tout ça grâce à une BD. C'est fort non ?

J'enchaîne avec le document d'Annick COJEAN sur le harem de Khadafi, alors question non-liberté de la femme, je suis servie ce mois-ci !!!
Lien : http://www.livr-esse.com/art..
Commenter  J’apprécie          90
Intisar est un personnage imaginaire inspiré de la vie des femmes au Yémen. A 27 ans, elle est célibataire et semble craindre la perte de liberté que représenterait un mariage. Mais son père autoritaire régit encore sa vie. Elle rêve d'indépendance mais est obligée de se cacher pour accomplir de nombreux gestes quotidiens, gestes plutôt réservés aux hommes et qui, dans son milieu, seraient mal perçus pour une femme (fumer, conduire une voiture, fréquenter des bars...). "Heureusement" le niqab (voile couvrant le visage, n'en laissant voir que les yeux) lui permet de ne pas être reconnue dans certains endroits, et le frère chargé de la surveiller est plus ouvert et tolérant que son père. La haine d'Intisar pour ce père nous semble d'ailleurs tout à fait naturelle.

A travers la vie d'Intisar, c'est la ségrégation que vivent les femmes au Yémen que l'auteur dénonce. La puissance des hommes y est corrélée à leur hypocrisie et à leur orgueil.

L'histoire m'a intéressée, même si selon moi, son système politico-religieux n'est pas suffisamment analysé et critiqué. J'ai trouvé le graphisme très agréable, notamment grâce à la finesse des traits qui allège les pages. J'ai enfin beaucoup apprécié les annexes consacrées à "la ségrégation sexuelle", au "niqab", au "hijab", et surtout celle relative au "qat".

Une lecture agréable et instructive que je conseille vivement.
Commenter  J’apprécie          80
Cet ouvrage nous raconte le quotidien d'une femme yéménite, Intisar, médecin et célibataire mais soumise à l'autorité de son père et de son frère. Toute sa frustration et sa rancoeur sont bien décrites et la société présentée est glaçante : entre le frère passé à tabac par le père parce que sa fille conduit, le père qui appelle l'hôpital pour faire virer sa fille parce que ça lui fait une mauvais réputation ou le règne du qu'en dira-t-on, on ne s'est plus comment s'indigner ni quelle solution pourrait être adoptée par ces femmes.

L'ouvrage est organisé en très courts chapitres, qui racontent des anecdotes très disparates, dans leur ton ou dans l'intrigue. Ça permet de découvrir Intisar comme au tour d'une conversation mais c'est parfois un peu fouillis : on assiste au quotidien, on partage les pensées mais j'aurais aimé une conclusion ou une fin.

Le titre vient du grand acte de résistance d'Intisar, de son espace de liberté : conduire alors que son père ne le permettrait jamais. le niqab devient alors un allié et permet de regagner une liberté sans être reconnue par les passants.

Les dessins en noirs et blancs et parfois quelques tons sépia sont assez doux malgré les propos souvent difficiles et servent très bien le propos car ils mettent en relief les abayas et les niqabs de l'espace public opposés aux vêtements occidentaux de l'espace privé.

Je retiendrai la préface, très inspirante et qui pose deux idées qui m'ont marquée: « j'ai haï le corps dans lequel j'étais née car il paraissait me limiter et me définir sans qu'importent le moins du monde mes actes ou mes idées. Alors que si j'étais née homme, j'aurais pu réaliser mes ambitions »; l'islam n'est pas responsable de la place de la femme dans la société yéménite mais une « religion » de coutumes et de traditions qui a gagné en influence dans les dernières décennies.

J'ai beaucoup aimé cet ouvrage qui présente la vie quotidienne yéménite et permet d'interroger notre imaginaire sur ce pays en prenant le contrepied de beaucoup de clichés (mais en en confirmant d'autres). Il présente très bien la condition de la femme, jamais libre de choisir pour elle-même, à part si comme Intisar, elle dépend d'un homme qui accepte qu'elle se prenne en main. C'est ce côté “loterie” qui est révoltant, en plus de la condition de la femme car elles ne sont jamais maîtres de leur destin, même si celui-ci n'est pas noir.
Commenter  J’apprécie          70
Une pile de BD qui monte … qui monte.
Il faut de temps en temps piocher dedans pour qu'elle reste en équilibre.
« La voiture d'Intisar » est mon choix pour aujourd'hui.
Une habile construction d'un personnage fictif Intisar, inspirée par de multiples femmes rencontrées par le scénariste grâce à la complicité de sa femme.
Une plongée sidérante dans un pays dont on entend si peu parler … pays musulman … pays où l'Arabie Saoudite a compliqué les interprétations du Coran … pays où les traditions sont un frein à l'évolution de la condition féminine .. pays où le qu'en dira t on est toujours un obstacle à toutes évolutions.
Des anecdotes de la vie de tous les jours d'une moitié de la population,
Comment la voiture (il n'est pas interdit aux femmes de conduire au Yémen) devient un instrument de liberté,
Comment la ségrégation sexuelle construit les usages d'une société,
Comment le niqab, voile qui couvre le visage et ne laisse voir que les yeux, et le hijab, voile qui couvre les cheveux et ne laisse voir que l'ovale du visage devient une protection pour les femmes qui peuvent se permettre d'enfreindre des règles familiales … et c'est bien un comble.
Les dessins demandent un effort d'adaptation … un croquis, des épures pour les personnages, des traits hachurés complètent l'ensemble, un léger travail avec les ombres, les bulles se collent les unes aux autres avec plus ou moins de réussite … Pour ma part je n'ai pas trop compris les cases de poursuite de courses automobiles !
Par contre les croquis accompagnant les chapitres sont à chaque fois remarquables de simplicité !
La préface est une très belle déclaration d'une femme yéménite qui espère encore que son pays évolue et qu'un jour être femme au Yémen ne sera pas être une victime.
La postface nous apporte des précisions très claires sur l'usage du niqab et du hijab, ainsi que l'étude de l'utilisation du Qat, cette drôle d'herbe qui est une institution dans la journée et qui donne un regard sur la désorganisation du pays lié à cet usage !
Un ouvrage qui nous ouvre les portes d'un lieu que l'on a même parfois du mal à situer sur la carte … alors la condition des femmes au Yémen c'est une grande inconnue !
Merci pour cette sensibilisation bien loin de nos petites préoccupations féministes européennes !
Commenter  J’apprécie          50
C'est bien la première fois que je lis une bd qui traite de la condition féminine au Yémen. Il est vrai que les occidentaux n'ont pas une bonne vision objective des choses lorsqu'il s'agit d'évoquer le monde arabe. Il y a tout de suite plein de préjugés et de stéréotypes qui alimentent un peu plus la haine liée au fameux choc des civilisations.

Il est vrai que les auteurs occidentaux, Pedro Riera et son épouse Nacho Casanova, n'ont passé que huit mois dans ce pays. Etait-ce suffisant pour se faire une idée précise ? Ils mettent en scène une héroïne imaginaire mais se basant sur les différents témoignages recueillis et qui sont autant d'expériences vécues. Je dois bien avouer qu'ils ont réussi à faire la part des choses sans tomber dans le manichéisme ou la facilité.

Le statut de la femme au Yémen serait à comparer avec celui d'un animal domestique en France où l'on doit obéir aveuglément aux maîtres ? Il ne faut pas oublier que le droit de voter en France pour les femmes n'a été acquis qu'en 1946. Je vois encore de vieux couples où l'homme domine sur la femme reléguée aux tâches ménagères. Par ailleurs, le salaire des femmes est inférieur à 30% à celui des hommes pour le même poste dans la plupart de nos entreprises. Bref, on ne va pas faire la morale aux autres. Sans doute, ce pays pauvre a encore besoin d'évoluer pour surpasser cette ségrégation entre les hommes et les femmes.

C'est visiblement l'Arabie Saoudite qui a influencé les yéménites sous l'influence populaire d'une drogue à mâcher en ce qui concerne le port de la burqa et du niqab il y a une vingtaine d'années. Ceci n'est même pas lié à la religion du coran mais à une coutume qui s'est progressivement transformée en norme. le fait de ne pas en porter entraîne le qu'en dira-t-on. Or l'image semble être la valeur primordiale dans cette société. Cela entache la liberté des femmes. Bref, il y a toute une logique qui est décortiquée et que je ne soupçonnais même pas. La discrimination et la violence envers les femmes est le lot quotidien sans compter le mariage forcé des fillettes et de leur consommation.

Pour autant, le fait de se dissimiler peut également procurer certains avantages qui seront également exploités dans cette bd. Bref, ce n'est pas une vision manichéenne mais qui tient compte du particularisme. Mon sentiment personnel est celui de l'espoir que les femmes (souvent plus intelligentes que les hommes abêtis par leur qat dont ils mâchent les feuilles) puissent se délivrer et acquérir à terme les mêmes droits. le personnage d'Intisar montre une forme de résistance qui préfigure un mouvement de révolte sociale dans le futur. En yéménite, Intinsar veut dire victoire.
Commenter  J’apprécie          50
Excellent album pour découvrir des femmes du monde arabe.
J'avais été emballé par Intisar en exil, plus renommé, qui m'a fait découvrir ce tome.
Des femmes tellement asservies qu'un très habile montage est nécessaire au travers de ce personnage fictif pour leur permettre de s'exprimer dans le livre sans qu'elle puissent être reconnues.
Le dessin est très léger et vraiment agréable.
Excellente lecture.
Commenter  J’apprécie          10
Je conseille vivement cette BD car elle est vraiment réussi tant sur l'écriture que sur le graphisme. Les couleurs et les traits sont légers, la narration est fluide et instructive.
Je trouve que les BD sont d'ailleurs parfois plus intéressantes en ce qui concerne l'histoire (des femmes, des pays, etc...) que certains romans. On comprend mieux et on s'imagine mieux l'histoire en elle-même.
Commenter  J’apprécie          10
Intisar est une jeune femme de 27 ans qui vit au Yémen. Elle travaille comme infirmière à l'hôpital, aime conduire et fait régulièrement la course avec d'autres conducteurs mais elle sait que la vie des femmes dans son pays n'est pas une vie de rêve. Elle voudrait être libre comme les hommes mais sait que ce n'est pas possible : elle doit porter le niqab et doit demander à son jeune frère de l'accompagner pour les moindres demandes administratives car les femmes doivent avoir l'accord d'un homme de leur famille. Mais même les hommes ont parfois une liberté limitée, comme par exemple, quand son frère prend en photo un tank tombé d'un camion et se retrouve arrêté à cause de cette photo …
Si je favorise les lectures plus légères en été, cela ne m'empêche pas de lire des albums plus sérieux, comme celui-ci, qui permet de découvrir la vie des femmes au Yémen mais aussi, plus généralement, la vie des Yéménites, quel que soit leur sexe. A travers des petites scènes plus ou moins longues (certaines ne font que deux pages par exemple), les auteurs abordent plusieurs sujets de la vie quotidienne. le scénariste a vécu en famille au Yémen et a donc eu l'occasion de côtoyer la population et c'est à partir des témoignages de femmes qu'il a conçu cet album. Les dessins noir et blanc aux touches ocres sont très sobres, avec un aspect presque filaire (je ne sais comment décrire cela : on remarque surtout les contours des personnages et des décors). Mais j'ai trouvé que cette sobriété, tout en favorisant un graphisme réaliste, permettait bien de se concentrer sur le propos sans être distrait par des détails. Intisar est une femme attachante et malgré toutes les barrières qu'elle voit se dresser sur son parcours, reste positive et décidée. J'ai aimé la bouffée d'espoir qu'elle donne, espérant un jour voir les femmes yéménites libérées de l'oppression de quelques-uns. Mais l'état actuel de leur condition reste néanmoins effrayant. Probablement que j'y suis plus sensible, étant moi-même une femme, et n'imaginant pas vivre dans un tel pays. Ce genre d'album est là pour nous rappeler qu'il y a encore beaucoup à faire et qu'il ne faut pas oublier que la condition des femmes est toujours un problème mondial qui ne devrait pourtant pas exister.
Commenter  J’apprécie          10
Cette Bd se propose de dessiner le portrait d'une femme Yéménite moderne.  Intisar est en fait un personnage, créée à partir de nombreux entretiens réalisés par l'auteur et sa femme lors de l'année qu'ils ont passé dans ce pays. Grace à cette BD on découvre à la fois le pays et la condition des femmes. En effet, elles sont considérées comme d'éternelles mineurs et ne peuvent rien faire sans l'autorisation de leur wali, l'homme dont elles dépendent. Malgré cela on découvre une jeune fille qui profite des interstices de liberté dont elle bénéficie et qui joue avec les codes pour gagner en autonomie.

Les dessins sont en noir et blanc et même si je ne suis pas 100% fan du style graphique j'ai apprécié ma lecture pour la découverte de ce pays. Découverte complétée par quelques pages explicatives sur la société yéménite et ses us et coutumes.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (164) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5241 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}