Le rêve européen ou comment l'Europe se substitue peu à peu à l'Amérique dans notre imaginaire

La nature, dans l'optique des Lumières, est éminemment exploitable. Chaque "chose" peut-être prise et utilisée sans conséquence pour le reste. Il n'y a que des possibilités, jamais de responsabilités, parce que toutes les "choses" existent par elles-mêmes et n'entretiennent donc aucune relation réciproque.
La nouvelle vision de la science qui émerge dans le sillage de la mondialisation est bien différente. Nous prenons de plus en plus conscience que tout est lié. La nature apparaît comme une multitude de relations symbiotiques. p428

La volonté des Européens de préserver un semblant d'équilibre entre une approche utilitaire et une approche intrinsèque de la nature les incite à se sentir plus responsable du développement durable et de la gestion globale de l'environnement. Le principe de précaution apparaît en quelque sorte comme une manière d'assurer l'équilibre entre la mise en valeur économique et la protection de la nature. p427

Le prix que l'Europe attache à la vie rurale et à la nature explique le soutien dont jouissent, à travers tout le continent, les parties des Verts, qui ont obtenu une représentation non négligeable dans les parlements nationaux aussi bien qu'au Parlement Européen. En revanche, il n'y a pas aux Etats-Unis un seul membre d'un parti écologique dans les instances législatives fédérales. p427

L'union européenne a déjà institué un test décisif qui met parfaitement le doigt sur les différences entre la nouvelle approche européenne fondée sur le partage des risques et des vulnérabilités et l'ancienne vision américaine centrée sur les capacités illimitées et la réalisation individuelle. Je veux parler du "principe de précaution", qui est désormais au cœur de la politique européenne de l'UE en matière de science et de technologie dans une monde globalisé. La plupart des élites politiques européennes, et l'opinion publique en général, y sont favorables. Il est à parier que les hommes politiques et les citoyens américains l'accueilleraient avec beaucoup moins d'enthousiasme. p420